•Chapitre 11•

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Je remue le lait et mes céréales pour la troisième fois. J'ai le regard perdu dans le vide, face à cette boîte de cornflakes. J'ai mal dormi, et pas parce que le lit de ce château date d'un bon moment et qu'il grince dès que je me retourne dans mon sommeil, mais à cause de mes pensées.
Antoine ne m'a pas été d'une très grande aide. Il n'était même plus avec ma cousine et n'a pas cherché à savoir d'où venait sa déprime.

Elle allait mal, ça c'est certain, et tout le monde l'a vu. Le truc c'est que personne ne s'est demandé pourquoi.

« On dirait que tu vas t'endormir dans ton bol. »

Je lève la tête et vois Clémence, la femme de mon cousin, complètement hilare devant ma tristesse matinale. Elle se poste devant moi et met quelques secondes avant de calmer son rire. Je l'inspecte un instant, elle porte un ensemble de sport et dépose un grand sac avant de se servir un verre de jus de fruit.

« J'ai mal dormi. » Je raille ces mots et elle fait volte-face avec un grand sourire.

« Je vais au spa. Massage, relaxation et piscine à disposition. Ça te dit de m'accompagner ? »

Je fronce les sourcils suite à sa proposition. Nous ne sommes pas si proches que ça avec Clémence, malgré les deux années qui nous séparent, elle ne vivait pas encore avec mon cousin lorsque je suis partie et nous nous sommes vues que peu de fois. Je réfléchis tout de même un instant, passer une journée à me détendre me ferait le plus grand bien, et je serais stupide de refuser.

« Ce serait génial ! Par contre je n'ai pas emmené de maillot de bain ni de tenue pour ce genre d'activité...

— T'en fais pas pour ça Charlène, des vêtements ce n'est pas ce qui manque dans ma penderie. Viens avec moi, je vais t'en prêter. »

Je lâche ma cuillère dans mon bol presque vide alors qu'elle m'attrape par le bras pour que je la suive jusqu'à sa chambre. Là, elle ouvre son armoire et en sort un ensemble de sport orange et un maillot de bain une pièce noir. Je la remercie et file essayer ses vêtements.

Son ensemble est magnifique, et qui plus est, il me va! Je ne connais pas vraiment Clémence mais elle m'a l'air d'être une fille plutôt sportive, qui prend vraiment soin d'elle. Ou alors c'est l'image qu'elle s'en donne, comme toutes les fausses images que ma famille aime donner et qui paraissent totalement probables, vues de l'extérieur.

J'attrape un vieux sac qui traînait dans mon placard depuis des années et y fourre le maillot de bain de Clémence, ainsi qu'une serviette et mon téléphone portable. Je rejoins ensuite Clémence, qui était au téléphone en m'attendant. Elle raccroche en m'apercevant, lance une remarque plutôt positive sur le fait que sa tenue me va bien, puis nous embarquons dans sa voiture.

Le silence pendant le trajet se fait un peu pesant. Le lieu du rendez-vous est à une bonne demi-heure du château et plus nous roulons, plus je me rends compte que je ne sais absolument pas quoi dire à cette femme. C'est elle qui brise le silence après quelques temps en me donnant quelques indications sur le spa, me demandant si j'en ai déjà fait, et toutes sortes de broutilles de ce genre. Et puis le silence se ré-installe, et je ne fais pas davantage d'efforts pour le briser à mon tour. Alors Clémence lance sa playlist et augmente le volume pour que nous ayons un bruit de fond, ou un bruit tout court, vu les circonstances.

*

Nous arrivons finalement pile à l'heure du rendez-vous de Clémence. Elle emboîte la marche et je la suis comme une enfant complètement perdue dans ce genre de structure. Elle se dirige vers la réception où une femme aux cheveux grisonnants nous accueille, Clémence prévient que nous sommes deux et nous sommes rapidement dirigées vers les tables de massage.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant