•Chapitre 39•

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Je passe le reste de la journée aux côtés de Léopold, essayant de mettre du sens à cette histoire complexe et troublante.

Mais rien ne semble avoir de sens.

Mon oncle a quitté le château pour la journée, trop submergé par les secrets qui semblent s'accumuler autour de nous. Il a besoin de s'éloigner, de prendre de la distance pour digérer tout cela. Ma mère n'est toujours pas de retour, laissant mes questions en suspens et mes doutes s'accumuler. Je me tiens à l'écart du reste de la famille, ne sachant pas quoi leur dire, ni ce qu'ils savent, ni même ce qu'ils soupçonnent. Je suis perdue, sans savoir où chercher des réponses, pourtant je suis avide de comprendre ce mystère familial.

Je dors très peu cette nuit-là. Mon esprit tourbillonne, essayant désespérément de faire des liens entre toutes les informations que nous possédons. Je regarde Léopold dormir à mes côtés. Même endormi, il paraît inquiet. La veine sur son front menace d'éclater et il fronce les sourcils dans son sommeil. Je lui suis infiniment reconnaissante d'être à mes côtés dans un moment aussi affreux. Sa présence m'aide à ne pas perdre pied, à ne pas sombrer dans mes anciennes habitudes.

Vers deux heures du matin, mon cerveau refuse toujours de me laisser tranquille. Je me lève discrètement, allume une petite lampe et attrape le carnet où toutes les informations que j'ai sont soigneusement répertoriées. Je me sens comme une détective dans un film noir, reliant chaque indice par un fil rouge dans mon esprit. Le fil rouge que j'essaye de relier dans ma tête forme pourtant un horrible nœud, trop difficile à défaire, mais impossible de le laisser tel quel.

Après des heures à ressasser les mêmes questions, je range le carnet et me tourne vers mon téléphone. Je passe la prochaine heure à perdre mon temps sur les réseaux sociaux, défilant les photos de personnes que je ne connais que très peu, à la recherche d'une distraction. Puis, un signe apparaît. Une photo de mon ancien petit copain qui réside au village apparaît sur mon fil d'actualité. Je me souviens de ce qu'il m'avait dit sur les habitants du village : ils ont des théories concernant notre famille. Ces commères en savent probablement plus que moi. Ou du moins, elles peuvent me donner des pistes à creuser en attendant le retour de ma mère.

Je lâche mon téléphone et me rapproche de Léopold. Je lui esquisse un faible sourire et termine ma nuit dans ses bras, cherchant réconfort et apaisement.

*

Le lendemain matin, je me tiens sur le seuil de la maison, mon sac en bandoulière jeté sur l'épaule, le cœur battant à tout rompre. Léopold m'attend déjà près de sa voiture, une lueur de détermination dans ses yeux bleus. Nous allons enfin tenter de percer les secrets qui entourent ma mère et notre famille en interrogeant les habitants du village où j'ai grandi.

« Prête, Charlène ? » me demande-t-il en ouvrant la portière du passager pour moi.

Je prends une profonde inspiration et hoche la tête.

« Oui, allons-y. »

Le trajet jusqu'au village est silencieux, chaque instant chargé de la tension de ce que nous nous apprêtons à découvrir. Je remarque que Léopold me jette quelques coups d'œil de temps à autre, cherchant à évaluer mon état d'esprit.

La route sinueuse, bordée de champs de blé et de coquelicots, semble interminable. Pourtant, en approchant des premières maisons, une vague de souvenirs m'envahit. Les rues pavées, les boutiques familières et la place centrale avec son vieux marronnier. Tout ici respire le passé et les histoires inavouées.

Nous descendons de la voiture et nous dirigeons vers la place principale. Les regards des villageois se posent sur nous avec une curiosité mêlée de prudence. La famille Warteimer a toujours été une énigme pour eux. Et comme la première fois où je suis descendue au village, mon retour parmi eux ne passe pas inaperçu.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant