•Chapitre 5•

12 7 0
                                    

Je flotte un peu dans la robe en soie noire que m'a prêté Clémence, la femme de mon cousin. Mais comme je n'ai pris que des t-shirts et des pulls en venant ici et que les robes qui sont restées dans mon placard datent de mes seize ans et ne sont pas vraiment adaptées à la situation, je crois que je ne vais pas avoir le choix.

De toute façon, pour une journée comme aujourd'hui, je ne compte pas faire des manières.

J'attache rapidement mes cheveux avec un ruban assorti à ma tenue et dévale les escaliers pour retrouver le reste de la famille dans le hall.

Tout le monde est déjà là à discuter. J'aperçois François et Blanche qui sont un peu plus loin du groupe, l'un dans les bras de l'autre, avec leur douleur flottant au-dessus d'eux. Je crois n'avoir jamais vu des yeux aussi rougis.

Lorsque nous commençons à partir vers le cimetière, Blanche n'arrive presque pas à marcher et doit être soutenue par son mari et Louis qui l'assistent d'un bras de chaque côté. La douleur qu'elle ressent aujourd'hui doit être immense, je ne peux qu'imaginer ce qu'ils traversent à cet instant.

« Salut. Comment te sens-tu ? »

Je lève la tête vers Léopold qui se joint à moi et hausse les épaules en signe de réponse. Il faiblit un sourire et me tient par l'épaule pendant que nous quittons le château et avançons tous vers le cimetière du village.

*

Nous sommes tous là. La famille du côté de Blanche et quelques-uns des amis de lycée de Jeanne nous rejoignent. Certains font un discours, disent à quel point ils l'aimaient, et à quel point ils regrettent de ne pas avoir vu qu'elle souffrait autant. Blanche et François disent quelques mots aussi, et je ne peux empêcher mes yeux de pleurer, des litres et des litres d'eau s'en échappent chaque minute.

Je croise le regard de ma mère pendant que le cercueil s'enfonce dans la terre. Elle reste à l'écart, avec ses grosses lunettes noires et son chapeau qui lui cachent la moitié du visage, mais je crois distinguer des larmes couler sur ses joues. Une seule larme, qu'elle essuie rapidement avant de vérifier que personne ne la regardait.

Il ne faudrait tout de même pas que quelqu'un se dise que Marianne a finalement des émotions.

*

Une fois la cérémonie terminée, Blanche et François convient la famille et les amis au château pour prendre un moment pour se retrouver et discuter.

« Besoin de quelque chose Charlène? Me lance Léopold avec un plateau au bras alors que j'étais plongée dans mes pensées. Des petits fours ou à boire ? »

Léopold se tient une fois de plus face à moi, à essayer de tout mettre en place pour que ça se passe au mieux, et je l'en remercie. Dans ce genre de moment il faut bien que quelqu'un se dévoue pour ne pas flancher et tenir le reste de la famille à bout de bras.

Je ne sais pas s'il était spécialement proche de Jeanne ces derniers mois, mais il a l'air de prendre sur lui aujourd'hui et d'être présent pour la famille et les amis qui souffrent le plus. Alors il s'occupe du service, et essaye de rendre ce moment un peu plus agréable.

« Hum. Non. Rien, merci, je lui réponds. Tu n'aurais pas vu ma mère? Je ne l'ai pas vue depuis que nous sommes arrivés au château.

— Je crois qu'elle est montée à l'étage, m'explique-t-il en pointant le haut des escaliers d'un mouvement de tête. La cérémonie avait l'air difficile pour elle. »

Je fronce les sourcils d'incompréhension.

Ce n'est pas le genre de ma mère de rester seule dans un moment pareil. Je pensais plutôt qu'elle resterait entourée de tout le monde en tant que maîtresse de maison et à en faire des tonnes sur cette tragédie pour que l'attention soit tournée autour d'elle.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant