•Chapitre 37•

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Marianne passe la journée dans le village d'à coté. Et je dois dire que son départ fait disparaître le voile sombre qui reigne habituellement sur le château lorsqu'elle est là.

Je passe le plus clair de mon temps à éviter ma mère.

Et je crois que depuis la petite discussion familiale à propos de ce qu'elle nous a caché sur mon père, le reste de la famille semble se porter beaucoup mieux lorsqu'elle est absente.

A croire que le vrai visage de ma mère commence enfin à se dévoiler au reste de la famille.

« On devrait peut-être profiter de l'absence de ma mère pour continuer les recherches, je propose avec un soupçon d'urgence dans ma voix, sentant l'excitation monter. J'ai l'impression qu'on n'est plus très loin de tout découvrir cette fois. Et je veux en finir au plus vite. »

Léopold s'arrête brusquement devant moi, son sourire bienveillant comme un encouragement silencieux. Il replace doucement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille avant de me questionner doucement : « À quoi tu penses, Charlène ? »

« Les derniers indices que j'ai trouvés étaient dans sa chambre. Je suis sûre qu'on peut encore trouver pas mal de preuves contre ma mère si on fouille bien », je réponds rapidement, ressentant une poussée d'adrénaline à l'idée de résoudre enfin ce mystère familial.

Il acquiesce doucement, captant mon élan déterminé. Je ne lui laisse pas le temps de réfléchir davantage. Saisissant son bras, je l'entraîne vers le deuxième étage, déterminée à explorer cette chambre emplie de secrets. Chaque pas devient une avancée vers l'inconnu, une quête de vérité familiale dans l'intimité froide et majestueuse de la chambre de ma mère.

Léopold reste en retrait pendant que j'ouvre la porte avec précaution. Son hésitation est palpable, mais il me suit sans un mot, comprenant l'importance pour moi d'aller jusqu'au bout de cette quête. Intérieurement, je lui suis reconnaissante de partager cette épreuve avec moi.

Soudain, un cri retentit dans la chambre, accompagné du bruit de verre brisé.

« Ahhh ! »

Léopold sursaute tandis qu'un bibelot en verre échappe des mains de mon oncle François, se fracassant contre le sol dans un éclat sonore.

« Ahhh ! s'exclame-t-il, surpris de notre intrusion.

- Charlène ? Mais qu'est-ce que tu fais là, bon sang ? demande-t-il, laissant échapper sa surprise à travers ses mots. Son visage trahit une sorte de gêne mêlée à la nervosité.

- Désolée, m'écrié-je en m'approchant de lui, je ne savais pas que tu... Qu'est-ce que tu fais là d'ailleurs ? »

Mon oncle passe une main sur son visage avec un soupir résigné, puis il explique en levant les bras, désignant les affaires éparses de ma mère éparpillées sur le sol.
« Eh bien... Comme tu avais trouvé un morceau de la lettre de Jeanne dans la chambre de ta mère, j'ai pensé que je pourrais peut-être récupérer l'autre moitié ici. »

Mon cœur se serre à cette révélation. Je m'approche de mon oncle et pose ma main sur la sienne pour lui montrer mon soutien. Léopold rejoint silencieusement notre cercle, comprenant la gravité de la situation.

Nous restons là un moment, unis dans notre détermination. François retire doucement sa main de la mienne pour essuyer les larmes naissantes sur ses joues.

« Et vous, les jeunes ? Que venez-vous chercher ici ? » demande-t-il en essayant de dissiper la tension par une pointe d'humour.

Je échange un regard rapide avec Léopold, esquisse un sourire et me tourne vers mon oncle : « La même chose que toi. »

Un sourire de soulagement et de solidarité se dessine sur nos visages alors que nous refermons la porte derrière nous. Sans un mot, nous nous séparons pour explorer chaque recoin de la chambre à la recherche des secrets de ma mère.

L'intérieur de la chambre de ma mère est austère, presque impersonnel. Peu d'objets s'y trouvent, tous soigneusement rangés dans des placards anciens. Je tâte les planches du parquet, cherchant une autre cache potentielle comme celle que j'avais découverte précédemment, mais aucune ne cède sous mon poids.

Léopold est absorbé par la bibliothèque de ma mère, où s'entassent des livres anciens apparemment intacts depuis des années. Je vérifie chaque étagère avec lui, espérant y trouver des indices cachés entre les pages jaunies.

Cependant, malgré nos efforts, la chambre garde obstinément ses secrets. Aucune nouvelle trouvaille ne vient éclairer notre quête.

Des hoquettements résonnent dans la pièce, et je me retourne pour localiser leur source. Mon oncle François est là, la tête entre les mains, laissant échapper les larmes qu'il retenait depuis longtemps.

« Hé... » Je m'approche de lui avec douceur.

Il tente de maîtriser ses émotions avant de relever la tête pour me regarder.

« On va y arriver François. On va comprendre ce qui est arrivé à ta fille, je te le promets », je lui assure avec conviction.

Léopold avance à nos côtés et lui offre un sourire réconfortant.

La situation est chargée d'émotion, mais nous sommes unis par notre quête commune, et cette solidarité me réconforte profondément. J'espère que ça en est de même pour François.

« Je le sens, dit-il en posant une main sur son cœur, ma fille s'est enlevé la vie pour une raison, et la réponse est forcément quelque part dans ce château. »

Il marque une pause, ses yeux cherchant les nôtres, en quête de compréhension et de soutien. Léopold et moi échangeons un regard compatissant, partageant son fardeau sans pouvoir lui offrir de réponse concrète.

« Je lui dois ça. Je lui dois de découvrir ce qu'elle n'a pas pu dire, ce qui l'a tourmentée au point de nous quitter comme ça ! » articule-t-il avec émotion, avant d'être submergé par des sanglots.

Les larmes montent également à mes yeux. Je ressens profondément l'urgence de découvrir ce qui est arrivé à ma cousine avant de quitter ce château.

« On va trouver une solution François, je murmure en essuyant mes joues humides.

- Laquelle ? » demande-t-il d'une voix brisée.

Je regarde Léopold en quête d'une réponse, mais il hausse les épaules avec un sourire résigné. Aucun de nous n'a d'idée claire.

Nous avons déjà fouillé le bureau de ma mère, puis sa chambre il y a quelques semaines. Malgré la découverte d'un morceau de la lettre de Jeanne, de la correspondance de mon père et de papiers disparates, aucun lien ne se dessine clairement entre eux. La tâche est complexe quand on ne sait pas exactement ce que l'on cherche.

« Tu n'aurais pas une idée d'un autre endroit où ma mère pourrait cacher quelque chose ? » je demande à François, désespérément en quête d'une piste.

Il me regarde tristement puis secoue la tête lentement.

« Il y a bien un endroit dans ce château où personne ne va jamais, non ? Si j'avais quelque chose à cacher, où est-ce que je le mettrais... », réfléchit-il à voix haute.

Un silence lourd s'installe alors que nous nous regardons, nos esprits s'activant pour élaborer une nouvelle stratégie.

« Le grenier ! » m'écrié-je soudainement, une étincelle d'excitation traversant mon être.

François se redresse d'un bond et sort précipitamment de la chambre, Léopold et moi à sa suite, nos visages illuminés par l'espoir.

C'est comme si nous venions de débloquer une nouvelle étape cruciale dans un immense jeu d'évasion.

« Promis Jeanne, on va résoudre ton mystère », murmure François avec détermination alors que nous nous précipitons vers le grenier, prêts à fouiller chaque recoin pour découvrir enfin la vérité.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant