•Epilogue•

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Nous sommes installés au pied de la Tour Eiffel, savourant des sushis tandis que la douce brise parisienne nous caresse le visage. Les rires de Charlène résonnent autour de nous, mélodie joyeuse qui contraste avec les tumultes de ces derniers mois. Son visage est illuminé par un sourire radieux, ses yeux pétillant d'une joie pure que je n'ai pas vue depuis longtemps. Carla, son amie de toujours, raconte des anecdotes drôles et légères, leur complicité évidente apportant une touche de chaleur supplémentaire à cette soirée magique. Les éclats de rire des deux amies semblent chasser les ombres des événements récents, et pour un instant, tout paraît parfait.

Je regarde ma bien-aimée, si heureuse et insouciante, et mon cœur se gonfle de bonheur. La voir ainsi, éclatante de vie, me fait réaliser à quel point elle a souffert. Dans deux jours, nous allons partir pour Londres, là où un poste dans un restaurant prestigieux attend Charlène. Londres a toujours été son rêve, et je suis profondément heureux de pouvoir l'aider à le réaliser. La perspective de cette nouvelle vie semble prometteuse, remplie de possibilités et de moments à partager ensemble.

L'heure avance lentement, chaque minute nous rapprochant de ce moment spécial. À 21 heures, comme par magie, la Tour Eiffel commence à scintiller, ses milliers de lumières se reflétant dans les yeux émerveillés de Charlène. Elle regarde les étoiles de la Dame de Fer avec une fascination enfantine, comme si elle redécouvrait ce monument emblématique pour la première fois. Tandis qu'elle s'émerveille devant ce spectacle lumineux, je ne peux détacher mon regard du ciel au-dessus de nous.

Ce ne sont pas les lumières de la Tour Eiffel que je vois, mais un souvenir qui revient hanter mon esprit avec une clarté douloureuse.

Je regarde les lumières du ciel.

Les étoiles.

Mon étoile.

Marianne.

Le souvenir de cette nuit-là me revient en mémoire, vif et douloureux. Constance, la sœur de Charlène, se tenait dans le couloir, un couteau à la main, ses yeux brûlant de vengeance. Je l'avais trouvée ainsi, prête à commettre l'irréparable devant la chambre de Marianne. La tension dans l'air était palpable, et le désespoir dans ses yeux me glaçait le sang. J'avais tenté de la raisonner, de comprendre ce qui la poussait à un tel acte. Mais Constance, consumée par la rage, ne voulait rien entendre. Ses mots étaient incohérents, chargés de douleur et de haine. Je ne reconnaissais plus ma meilleure amie.

En essayant de lui retirer le couteau des mains, la situation avait dérapé de manière tragique. Elle avait trébuché et était tombée de la rambarde. Le bruit sourd de son corps heurtant le sol résonne encore dans mes oreilles. Marianne était sortie de sa chambre à ce moment-là, et en voyant ma panique, elle avait compris instantanément ce qui s'était passé. Sans perdre une seconde, elle m'avait dit de retourner dans ma chambre, qu'elle s'occuperait de tout. Les jours qui suivirent furent un brouillard de mensonges et de dissimulation. Nous avions fait croire à un accident, et tout le monde y avait cru.

La culpabilité me rongeait, et j'avais quitté le château pour Londres, là où j'ai travaillé quelques années, cherchant à fuir ce poids écrasant. Pendant cinq ans, j'avais essayé d'oublier, j'avais tenté de me reconstruire. Mais le décès de Jeanne avait tout changé. Marianne m'avait demandé de revenir, et j'avais compris que les choses allaient prendre une tournure décisive. Il fallait que nous mettions en place un nouveau plan, que nous repassions sur les preuves de cette nuit-là. Et puis, nous avons passé un marché : si les choses tournaient mal, Marianne prendrait tout sur elle. En échange, je devais prendre soin de sa fille.

Charlène était tout ce qui comptait pour Marianne, et Marianne avait été pour moi la mère que je n'avais jamais eue. Elle savait que la vérité serait trop difficile à entendre pour sa fille. Alors, elle avait pris la décision de se sacrifier pour que Charlène puisse continuer à vivre sans ce fardeau. Marianne avait honoré sa part du marché, se sacrifiant pour protéger sa fille.

Les choses ont mal tourné, et Marianne a honoré sa part du marché. Elle s'est accusée de tout, et aujourd'hui, je dois honorer la mienne. Je veillerai sur Charlène, quoi qu'il en coûte. J'ai pris de mauvaises décisions dans ma vie, mais j'ai le droit à une seconde chance.

Je crois sincèrement que ce qui compte dans la vie, ce ne sont pas nos erreurs, mais ce que nous décidons d'en faire.

Alors que je m'extirpe de mes pensées, Charlène se tourne vers moi, ses yeux brillant de curiosité et d'amour.

« À quoi penses-tu, Léopold ? » demande-t-elle doucement.

Je souris, effaçant les ombres de mon esprit.

« À notre avenir, » je réponds, pressant sa main dans la mienne.

La Tour Eiffel continue de scintiller, et je réalise que cette lumière, bien que symbolique, est aussi un rappel de notre résilience et de notre capacité à trouver de la beauté même dans les moments les plus sombres. Le passé est douloureux, mais il est derrière nous. Devant nous s'étend une route pleine de promesses et de possibilités.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant