•Chapitre 42•

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La colère bouillonne en moi alors que je serre la lettre contre ma poitrine. Chaque mot résonne dans mon esprit, une révélation après l'autre, secouant les fondations mêmes de ma vie. Mon propre père a eu une relation avec ma tante Élisa et ensemble, ils ont eu un enfant. Et cet enfant, que ma mère a prétendu être le sien, n'est donc pas réellement ma sœur. Mon esprit tourbillonne de confusion et de douleur. Comment ai-je pu vivre si longtemps dans l'ignorance ?

Je sens ma détermination se renforcer à chaque pas. Mes pensées se bousculent, chacune alimentant un feu de plus en plus violent en moi. « Je vais la dénoncer », déclare-je, la voix vibrante d'émotion.

Léopold, qui me regarde faire les cents pas devant lui avec une inquiétude visible, se lève précipitamment. Ses yeux cherchent les miens, cherchant à apaiser la tempête qu'il voit naître en moi.

« Charlène, attends, sa voix est douce mais ferme, un contraste étonnant avec l'agitation qui m'anime, écoute-moi.

- Pourquoi devrais-je attendre ? je réponds avec véhémence, mes mains tremblant légèrement. Elle a menti toute ma vie. Elle a volé la vérité à tout le monde. »

Il pose une main apaisante sur mon bras, un geste simple mais réconfortant.

« Pense à ce qu'elles ont dû traverser à l'époque. Ta mère et Élisa n'ont sûrement pas eu le choix. Ta grand-mère dirigeait le château d'une main de fer et ne voulait pas de scandale qui aurait terni la réputation de la famille. »

Je me dégage brusquement, mon visage rouge de colère.

« Ma sœur n'est pas vraiment ma sœur ! Tout ce que je croyais savoir est un mensonge. »

Léopold soupire, ses yeux emplis de compassion et de compréhension.

« Je comprends ta colère, mais avant de faire quoi que ce soit, tu dois connaître toute la vérité. Il y a sûrement des choses qu'elle ne t'a pas dites. »

Des choses qu'elle n'a pas dites, c'est certain. Sur le contenu de la lettre, elle n'a décidé d'évoquer que la relation entre Élisa et mon père. Je ne sais pas encore exactement quel rôle Jeanne a joué dans toute cette histoire, mais la découverte de cet enfant que je croyais être ma sœur est trop énorme pour moi pour que je pense à autre chose.

Pourtant, l'idée de confronter ma mère une fois de plus est insupportable. Comment pourrais-je encore lui faire face sans exploser ? Je quitte précipitamment la chambre, descendant les escaliers avec une rage contenue qui menace de déborder à tout instant. Au détour du couloir, je tombe nez à nez avec ma tante Carole.

Carole, toujours élégante et digne, lève un sourcil en me voyant arriver en trombe.

« Charlène, que se passe-t-il ? »

Je ne perds pas une seconde, mon corps tout entier bouillonne.

« Carole, savais-tu ce qui s'est passé avec l'enfant d'Élisa ? Est-ce que tu savais que ma sœur n'était pas vraiment ma sœur ? »

Carole soupire profondément, une ombre passant sur son visage. Elle semble vieillir sous mes yeux, chaque ride racontant une histoire de secrets et de souffrance.

« Charlène, je savais qu'il se passait quelque chose, mais je n'ai jamais été mise dans ces confidences. J'étais la plus jeune. Je devais respecter les ordres de notre mère et de Marianne. Je n'ai jamais posé de questions, même si j'avais des doutes.

- Et tu n'as jamais voulu savoir la vérité ? » demandai-je, la voix brisée par l'émotion et la trahison ressentie.

Elle secoue la tête tristement, ses yeux brillants de regrets.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant