•Chapitre 16•

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J'ouvre les yeux et papillonne pour atténuer la lumière qui traverse la fenêtre. Cela ne ressemble pas à ma chambre à Paris, ni à celle de mon enfance au château. En me frottant les yeux pour ajuster la netteté, je réalise que ce n'est pas non plus la chambre d'hôtel que j'ai réservée pour quelques jours dans le village.

Je tourne la tête et fais face à une chambre complètement vide, aux murs blancs et nus, avec seulement un lit et une table de nuit. Je porte les mêmes vêtements que la veille et mets un moment à comprendre que je ne suis pas chez moi. Un frisson d'angoisse me traverse, mais je prends une grande inspiration et me lève rapidement pour arpenter les environs. L'appartement est silencieux et désert. Une odeur de café fraîchement préparé flotte dans l'air, contrastant avec l'étrangeté de la situation.

Rassemblant mes quelques affaires, je récupère mes papiers et mon téléphone portable qui jonchent la table de nuit. Je m'apprête à appuyer sur la poignée de la porte d'entrée lorsqu'elle s'ouvre de l'autre côté. Mon cœur rate un battement. Devant moi se tient un inconnu, un cambrioleur peut-être, ou plus simplement le propriétaire de l'appartement.

« Tiens, salut. J'ai ramené des croissants ! »

Le type passe devant moi en agitant un sac blanc sous mes yeux, refermant la porte derrière lui. Il porte un jean délavé et un t-shirt simple, ses cheveux châtains sont en bataille comme s'il s'était levé il y a peu. Je le suis du regard, ma tête me fait encore trop mal à cause de ma cuite d'hier soir et je suis complètement perdue.

« Hum... Par rapport à hier soir...

— Oh, tu ne te souviens de rien, pas vrai ? »

Il relève la tête en sortant les croissants du sac et me sourit avant de se rapprocher, tendant sa main.

« Lucas. »

Hésitante, je lui serre la main. Sa poigne est ferme mais douce, contrastant avec ma nervosité.

« On a passé la soirée ensemble hier. Tu as beaucoup bu et je ne savais pas où tu habitais. J'ai préféré te ramener ici plutôt que de te laisser seule dehors. »

Je reste bouche bée, déstabilisée.

« Désolé, ce n'était peut-être pas une bonne idée.

— Oh, non, c'est gentil vraiment... C'est moi, je suis désolée, je n'ai pas de... souvenir. »

Je remarque une couverture à moitié mise sur le canapé. Lucas a sûrement passé la nuit là pour me laisser son lit. L'attention me touche plus que je ne l'admets.

« Un croissant ? »

Je lâche un rire alors qu'il agite un croissant devant moi. Finalement, je le rejoins à table, toujours un peu sonnée mais réconfortée par son attitude si détendue.

*

Nous passons la journée ensemble. Je suis peu à l'aise puisque Lucas connaît déjà pas mal de choses à mon sujet avec ce que je lui ai raconté hier soir, alors que moi, je ne me souviens de rien. Et puis la gêne s'estompe petit à petit et nos échanges deviennent plus fluides. Je découvre un garçon vraiment gentil, attentif et drôle.

Nous faisons du vélo le long des routes qui relient le village voisin, profitant du paysage champêtre. Le vent dans mes cheveux et le soleil sur ma peau me donnent une sensation de liberté que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Nous pique-niquons face à un cours d'eau, assis sur l'herbe, partageant des sandwiches et des éclats de rire. Tout est simple et naturel, comme si nous nous connaissions depuis toujours. Sa compagnie me permet d'oublier mes soucis, ne serait-ce que pour quelques heures.

Noble cause.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant