Chapitre 5 : Quittons-nous.

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Quinze siècles auparavant.

J'avais atterri avec élégance sur le terrain de Quidditch. Le match était fini, car je serrais le vif d'or dans ma main gauche. Mon équipe avait gagné. Comme toujours.

- Les Dragon ne perdront jamais !!!

Nous avions hurlé cette phrase. C'était la vérité. Jamais les Serpentard ne pourraient perdre contre les autres maisons. Nous étions les dragons, les princes de cette école. Puissance et justice. Ceux qui voulaient nous briser se faisaient écraser. Nous étions les Serpentard.

Plus tard, une fois que j'eu félicité tous les membres de mon équipe, et serré la main à l'autre capitaine qui essayait de faire bonne figure sans y réussir, je m'étais dirigé vers la forêt Interdite. Je devais mettre les choses au point avec une certaine personne.

Je m'enfonçais calmement sous le couvert des arbres. Elle serait bientôt là, je n'avais qu'à l'attendre ici, avais-je pensé en m'asseyant tranquillement au pied d'un arbre. Effectivement, à peine quelques minutes après que j'aie pénétré dans la forêt interdite, une grande ombre s'était précipitée vers moi.

J'avais tourné ma tête dans la direction du bruit, et la silhouette était devenue une grande centauresse à la robe caramel. Ses cheveux, de la même couleur que les feuilles mortes, étaient attachés en une longue tresse, semblable à celle qui se trouvait sur ma tête. Elle n'avait pas pris son arc, mais avait gardé le gilet de cuir qu'elle portait habituellement pour ses entrainements. Nihr, cinquième descendante de Chiron. Très cultivée et généreuse. J'avais toujours eu plaisir à discuter avec elle, mais la conversation que je prévoyais aujourd'hui n'avait rien d'agréable. Cependant il fallait tout dire, plutôt que prendre le risque de blesser en essayant de cacher la faute.

- Nihr, fis-je en me relevant.

- Oui, Matsuzo ?

- Je... je me suis rendu compte que je ne t'aimais pas de la manière que tu croyais, et qu'une autre personne avait attiré mon attention. Je me suis questionné, mais la réponse est simple : je l'aime.

- Ce n'est pas un problème. Tu peux la prendre elle aussi, si tu ne me négliges pas.

- Si, c'est un gros problème Nihr. J'ai vu la lueur meurtrière qui s'est allumée dans tes yeux. Tu attendras de la rencontrer, et tu la tueras. Nihr, si je suis venu ici, c'est pour mettre les choses au clair avec toi. Notre histoire n'a que trop duré. J'ai vraiment apprécié le temps passé avec toi, et il restera un de mes meilleurs souvenirs, mais il est temps de ro...

- Matsuzo Nakatomi, es-tu en train de me dire que tu veux me quitter après trois mois de relation et, comme si cet affront ne te suffisait pas, pour une misérable humaine ? Tu me fais ça à moi, Nihr, cinquième descendante de Chiron ?

- Nous sommes tous les deux fautifs dans cette histoire Nihr. Un centaure et un humain, déjà, cela n'allait pas du côté des âges. Et même si tu prenais de temps en temps complètement forme humaine, cela ne résolvait pas le problème. J'allais mourir des siècles avant toi. En plus, je n'éprouve plus pour toi ce que je prenais au début pour de l'amour. Il ne reste plus qu'une solide amitié. Donc je te le demande, arrêtons cette histoire tant que nous le pouvons encore, et quittons-nous en bons termes. S'il te plait Nihr, je ne supporterais pas de perdre une autre personne qui compte pour moi !

Nihr ne m'avait pas répondu, et on aurait pu pour la prendre pour une immense statue, si la lueur de folie n'avait pas brillé dans ses yeux pour prouver le contraire. C'était quelque chose que j'avais découvert quelques semaines après avoir accepté son amour.

Un centaure m'avait expliqué à mots couverts que Nihr ne serait pas disponible pour quelques jours. Il m'avait ensuite dit, d'une façon tout aussi détournée, que leur meneuse venait de tuer son frère à lui à coups de sabots. Elle l'avais mis à terre, et piétiné plusieurs fois, se cabrant même pour retomber de tout son poids, brisant les os et écrasant les chaires. Comment envisager de lier sa vie à une personne aussi peu stable ?

On pouvait se coucher tranquillement à côté d'elle, se faire brusquement saisir par la gorge sans en comprendre la raison, et voir deux yeux rouges fous nous surplombant ; comme cela m'était arrivé il y a environ deux semaines. Comment envisager de lier sa vie à une personne aussi peu stable ?

Elle n'était pas complètement stable mentalement, et avait de temps en temps de courtes périodes de folie meurtrière. Réaction tardive à la magie de la forêt. Cela avait été la déduction du directeur, une fois que je lui eus exposé le problème. La même question se répétait : Comment envisager de lier sa vie à une personne aussi peu stable ?

Elle restait principalement consciente de ses actes, mais ces instants « d'absence » étaient des plus inquiétants. Je m'étais déjà renseigné, tout comme les anciens de son clan. Mais rien n'était possible. J'avais demandé au directeur, à tous ceux que je soupçonnais de pouvoir apporter quelque chose. Mais rien. Et entre temps, je m'étais rendu compte n'éprouver à l'égard de Nihr qu'une amitié profonde, alors que mon cœur allait plutôt vers une certaine personne se trouvant à Serdaigle.

Je ne voulais pas blesser où tromper Nihr qui méritait mieux que ça. J'étais donc venu la mettre au courant, et affronter les conséquences de mon mauvais jugement.

- Reviens dans une semaine Matsuzo, et vérifie au fond de ton cœur si ton choix est le même, m'a murmuré Nihr, avant de s'enfuir, écrasant les jeunes fougères sous ses lourds sabots.

En tant que Serpentard, en tant que jeune homme à qui le directeur prévoyait de léguer l'école fabuleuse qu'était Poudlard, je devais prendre mes responsabilités.

- Je serai là, Nihr, avais-je dit avant de retourner vers mes semblables, le cœur lourd. 

***

Note de l'auteur : La relation entre Matsuzo et Nihr était déséquilibrée dès le départ, et je n'approuve le comportement d'aucun des deux. Sincèrement. Il pouvait seulement s'agir d'un crush temporaire de la part de Matsuzo, auquel cas rompre aurait été un bien trop gros mouvement. Et Nihr est ... et bien, Nihr. Légèrement yandere (obsédée plus qu'amoureuse). Le frère est mort pour s'être opposé à leur relation. Matsuzo ne le sais pas.

J'ai mis de la polyandrie et de la polygamie dans le monde des centaures pour deux raisons : les animaux en troupeau ont souvent ce type de rapport (lion avec son troupeau de lionnes), et les chevaux (et éléphants aussi !) en milieu sauvage ont une matriarche (cheval femelle plus âgée) comme chef. L'étalon est plus comme une sorte de garde & donneur de sperme, pas comme un vizir avec son harem. La deuxième raison est que nous sommes dans un milieu social élevé (l'éducation a d'abord été un privilège) et dans des temps assez anciens. Le fait de garder une  maitresse pour les hommes, a souvent été perçu comme normal, voir une marque de statut social élevé. (bon, pour les femmes, avoir un amant n'étais pas bien vu, parce que contraception pas super à l'époque => risque de perte de la lignée, etc, etc)

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant