Chapitre 12 : Oui, Maitre.

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Quinze siècles auparavant.

J'avais réouvert mes yeux. Du blanc, partout. Pas la moindre trace de couleur, pas le moindre coin d'ombre. C'est ça, être aveugle ?

Je n'avais pas encore passé mon examen pour être diplômé de Poudlard, c'était trop injuste !!! Il ne restait plus que deux semaines, et je savais tout !!! Chienne de vie !!!

Mon esprit s'était figé. Attendez, je n'avais vu aucune couleur, donc j'étais aveugle. Ok. Mais pourquoi est-ce que je ne sentais rien ? Pris d'un doute terrible, je m'étais concentré. Essayant de sentir mon corps et de faire des choses simples : me pincer, serrer la main, entendre le bruit le ma respiration.

Et rien. Je ne sentais pas mes bras ni mes mains, et n'entendait pas le bruit de ma respiration. Mais que s'était-il passé ???

J'étais mort ?

... C'était horrible d'en arriver à ce genre de conclusion.

J'allais donc être ici pour l'éternité. Sans jamais rien voir. Sans jamais rien sentir. Sans jamais rien entendre, ni ressentir.

Si je n'étais pas déjà mort, je me tuerais tout de suite.

Brusquement, je m'étais sentis... aspiré, il n'y avait pas d'autre mot, et me trouvai dehors.

Les couleurs avaient submergé mes yeux. Vert, gris, bleu, noir, marron, et bien d'autres.

La forêt interdite. Je n'avais jamais été aussi content de la voir.

Cependant, je remarquais quelque chose qui m'aurait hérissé les cheveux si je n'étais pas devenu ça. A la place de mon corps, se trouvait maintenant une sorte de brume qui se tordait en tous sens. Je m'étais dirigé lentement vers une mare toute proche, ayant peur de disperser la brume qui me servait de corps. Quand j'avais vu mon visage, ça avait été un choc. Je n'en avais pas. Je n'étais qu'une sorte de nuage grisâtre. J'avais alors relevé lentement l'endroit où devait se trouver mon visage.

Nihr me faisait face.

- Qu'as-tu fait !!! avais-je hurlé, me précipitant vers elle.

Cependant, avant de l'atteindre, j'avais été foudroyé par une douleur intolérable, et m'effondrai au sol, incapable du moindre mouvement. La brume qui me composait se tordait dans tous les sens.

- Chut, mon petit Matsuzo, avait susurré mon ancienne petite amie.

- Tu vas te faire un corps à partir de ça, avait-elle repris en me montrant un petit tas de viande et d'os.

- Tu...

Je n'avais pas eu le temps de protester que je sentis mon « corps » se diriger vers la chair, l'absorber, et commencer à modeler un corps. Sans que je ne puisse rien faire.

- Arrête de faire ça !! Arrête de me contrôler !!! avais-je hurlé, paniqué.

- Non, je n'arrêterai pas !!! fit-elle, ses yeux brillants de folie.

L'occultisme ne fonctionnait pas. On aurait dit qu'elle ne pénétrait pas mon esprit, mais plutôt que ses ordres formaient des fils invisibles qui me manipulaient. J'étais comme une marionnette qui s'agitait sous les ordres de son maitre. Mais quel sort m'avait-elle jeté ? Cependant il était hors de question que je reste ici comme ça à me lamenter sur mon sort et à subir. Je devais mettre à profit ce que j'avais déduit :

Alors... Elle pouvait me manipuler comme elle l'entendait. Je ne pouvais pas l'en empêcher, ni l'attaquer. Quand je sortais de cet... endroit blanc, c'était apparemment car elle l'avait désiré. Restait à savoir comment elle faisait pour m'invoquer. Et comment je faisais pour créer ce corps, car bien sûr, quand j'étais un sorcier humain, je n'en avais aucune idée.

Si j'avais encore eu ma bouche, un sourire se serrait dessiné dessus. Oui, je n'étais pas sans armes face à toi, Nihr !!! Enfin, le corps fut terminé, et elle m'ordonna de l'occuper.

J'avais obéi avec joie et appréhension. Et si retrouver un corps physique pouvait me permettre d'échapper à l'emprise que Nihr exerçait sur moi ?

Cependant, je n'avais pu que rester agenouillé au sol. Maitrisant ma déception, j'avais pris la parole d'une voix calme. Normalement, tout ce qui n'était pas considéré comme une agression ou une forme quelconque de résistance devait marcher.

- Nihr, pourquoi as-tu fait ça ?

- Car tu es à moi Matsuzo ! Rien qu'à moi !!! Jamais je ne te laisserais aller vers une autre ! Tu seras éternellement pour moi, tu ne regarderas que moi, n'aimeras que moi !!! Ton unique besoin, ton unique raison de vivre sera moi, et notre bonheur !

- Nihr, tu m'as lancé un sort pour que je devienne ça, ton jouet, ta marionnette domestique. Et tu prétends m'aimer ?

- Je t'aime ! Tout ça, je l'ai fait pour nous !!! Et cette nuit, j'irai tuer toutes les filles de Poudlard, pour être sûre que tu sois éternellement à moi.

Mon sang s'était glacé. Tuer toutes les élèves de Poudlard ! Une telle hécatombe ne devait jamais se produire !!!

- Et si je jure de t'obéir, laisseras-tu Poudlard en paix ?

- Oh, je savais que tu m'aimais toi aussi !!! Allez, retourne dans la bague, je t'invoquerai quand je serai partie de cette école de malheur !!! a-t-elle ri.

Et je m'étais senti aspiré par la bague qu'elle portait à son doigt. Une belle bague en argent surmontée d'une magnifique émeraude rectangulaire.


***

Note de l'auteur : Savez vous qu'il existe une méthode de torture appelée le chambre blanche? Savez vous qu'il est possible de briser complètement quelqu'un en le mettant dans un environnement qui lui fait du mal, puis de l'en éloigner uniquement en le mettant avec un autre personne, jusqu'à ce qu'il associe cette personne à un sentiment de sécurité?

Je vous avais dit que Nihr était dangereuse. 

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant