Chapitre 31 : Matsuzo.

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Mais revenons à Suiko :

Elle était entrée dans le pentacle, et cela avait activé la puissance des runes : une importante concentration de magie dans un espace défini. C'était le seul but du pentacle : mettre à sa disposition une assez grande quantité de magie, piochée dans l'air ambiant, pour lui permettre de réaliser et de réussir l'incantation.

Suiko eut son dernier sourire, puis prononça une formule. Et tout bascula.

La pulpeuse bouche de l'ex-pom-pom girl s'ouvrit pour la dernière fois. Une sorte de brume en sortit. Elle se regroupa en un nuage compact qui plana au-dessus de la tête blonde, roulant, se dilatant, s'étirant, se compressant, ...

Alors que la brume sortait du corps, ce dernier se mettait à flotter, porté par la puissance de la magie.

McGonagall recula brusquement, heurtant Hagrid qui se trouvait derrière elle. Son visage était tordu par l'incompréhension et la peur. Elle n'était pas la seule : tous les sorciers, élèves, professeurs, et ministre avaient reculé de plusieurs pas. Les mots « possédés », et « démons » jaillissaient des bouches.

Harry avait eu un brusque sursaut : il n'avait pas oublié le sujet des livres sur lesquels Suiko avait dit avoir trébuché, le soir où il l'avait découverte dans la salle des archives. Et si un démon, ou toute autre entité maléfique avait pris possession du corps de la jeune sorcière, et lui avait fait effectuer des recherches lui permettant de reprendre son corps d'origine ? Les yeux verts du fils de Lily Potter étincelèrent : il devait arrêter ce sortilège avant que l'esprit maléfique soit totalement ancré en Suiko !!! Juste avant de se précipiter sur l'estrade, il glissa un regard à Dumbledore. Le vieux sorcier souriait tranquillement. Les yeux du survivant se fixèrent ensuite sur Suiko, et ce qu'il vit lui fit stopper tout mouvement. Choc. Statufication.

La brume qui se tordait au-dessus du corps de la sorcière à peine quelques secondes auparavant, se faisait lentement absorber par le corps de cette dernière. La magie s'agitait de plus en plus au fur et à mesure de l'absorption. Quand environ un quart de la substance blanc perle eut disparu à l'intérieur le corps, il y eut une déflagration de magie : un véritable raz-de-marée submergea les sorciers, les propulsant en arrière comme de vulgaires fétus de paille. A peine se remettaient-ils de ce choc qu'une lumière aveuglante les éblouit. Du violet, du rose, du vert, ... Certains jureraient plus tard avoir aperçu des licornes arc-en-ciel, des éléphants roses, ou encore des ours blancs habillés d'orange fluo en train de s'excuser.

Toutes ces couleurs resplendirent, puis se dissipèrent lentement. Quand les sorciers purent enfin voir correctement, il ne restait presque plus de brume au-dessus du corps.

Mais Suiko n'était plus là. A sa place, un jeune homme lévitait, tout en continuant à absorber la brume. Il portait exactement le même vêtement que l'ex-pom-pom girl, mais les ressemblances s'arrêtaient là.

Enfin, toute la brume disparut dans le nouveau corps. Harry avait réussi à atteindre Dumbledore. Le corps descendit doucement au sol, le pentacle disparaissant en même temps que le jeune homme perdait de l'altitude. Harry exposait sa théorie à Dumbledore, d'une voix hachée et rendue tremblante par l'appréhension, pendant que le jeune homme s'affaissait lentement sur le sol. Dumbledore sourit à Harry.

- Ne t'inquiète pas Harry, il n'y a aucun danger. Je connais tous mes élèves, et n'aurais jamais toléré qu'un quelconque esprit maléfique entre dans Poudlard. Mais laissons donc ce jeune homme nous expliquer tout ce remue-ménage.

Comme si ces mots étaient un code, les yeux gris-bleu de l'inconnu s'ouvrirent. Il se leva calmement, ne semblant pas prendre garde aux nombreux murmures que chacun de ses mouvements provoquaient. Il annula la bulle protectrice et récupéra les armes qu'il accrocha à son obi. Il prit ensuite la baguette en ébène de Suiko, et fit un petit geste du poignet. L'air scintilla étrangement devant lui, se mettant à refléter son image. Il regarda cette dernière pendant quelques brèves secondes, notant l'apparition d'un grain de beauté à côté de son nez, le même qu'avait eu Suiko, tout en se faisant un chignon. Sa coiffure achevée, il fit disparaitre le miroir improvisé, chercha Dumbledore des yeux, et s'inclina profondément devant lui.

A la surprise générale, le directeur de Poudlard répondit par un salut. Légèrement moins profond, mais un salut tout de même. Ce geste rassura presque tous les sorciers présents : Dumbledore ne s'inclinerait jamais devant une personne en laquelle il n'aurait pas une confiance absolue.

- Matsuzo Nakatomi, je te félicite pour cette démonstration de magie. Personne ne peut plus contester ton niveau amplement suffisant pour obtenir ton diplôme, fit Dumbledore avant de se tourner vers Fudge qui était en mode poisson rouge, n'est-ce pas monsieur le ministre ?

Ledit ministre mit plusieurs secondes à décoller sa mâchoire inférieure du plancher, où elle avait élu domicile, puis à connecter assez de neurones pour pouvoir comprendre ce que lui disait Dumbledore. Plusieurs secondes qu'employèrent les élèves à se moquer de lui. Certains se poussèrent simplement du coude en pouffant plus ou moins silencieusement, alors que d'autres allaient jusqu'à singer l'expression du ministre. L'imitation qui rencontra le plus de succès fut celle de George : Il ouvrit sa bouche, puis la referma en mesure, ouvrant de grands yeux et mimant le battement des ouïes d'un poisson avec ses mains. Les élèves en pleuraient, et plusieurs avaient l'impression de s'être fêlés des côtes à force de réfréner leur rire.

Enfin, la connexion neuronale se fit à l'intérieur de la tête du ministre, mais il ne réussit à sortir qu'un seul mot :

- Hein ?

Plusieurs élèves glissèrent au sol, s'étouffant dans les manches de robe qu'ils avaient plaquées contre leur visage, en un vain effort de minimiser leur rire. Même les lèvres de Rogue en tressautèrent brièvement.

- Je vous demandais votre avis sur l'incontestabilité de l'obtention de son diplôme par Matsuzo Nakatomi, répéta le directeur avec un calme olympien, malgré ses lèvres qui s'étaient retroussées de quelques millimètres en une esquisse de sourire.

- ... Ah... Et bien... C'est effectivement incontestable, se reprit difficilement Fudge.

- Merci Fudge. Matsuzo, je te laisse expliquer brièvement ton histoire à mes élèves, fit le directeur.

- Oui, fit le jeune homme avant de balayer son public de ses yeux gris et bleu, il est temps qu'ils sachent.

A ce moment Dumbledore sortit une montre à gousset de sa poche, et ses sourcils s'envolèrent.

- Et bien tu le leur diras en chemin, murmura-il avant de reprendre, plus fort, le Poudlard Express démarre dans une demie heure. Dépêchez-vous. 

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant