Chapitre 24 : Professeurs.

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- Bonjour ! Alors, vous allez m'apprendre quoi ?

Les élèves de septième année eurent l'air légèrement dépassés par la petite bimbo blonde qui leur sauta pratiquement dessus. Cependant, un jeune garçon eut un petit rire, et tapota la place libre qui se trouvait contre la sienne, l'invitant à s'assoir. Matsuzo ne se fit pas prier et le corps de Suiko s'assit prestement.

- Bon, le Directeur nous a demandé de t'enseigner notre programme en trois semaines, donc commençons la première leçon !

- Ok ! C'est parti !

Deux heures plus tard, la vingtaine d'élèves furent surpris par la sonnerie de la cloche. Ils sursautèrent en un bel ensemble, et les septième année se mirent à ranger leurs affaires à toute vitesse. Ils saluèrent Suiko au passage, avant de filer à travers les couloirs de Poudlard, pour essayer de ne pas  être (trop) en retard à leur cours. Matsuzo eut un petit sourire, et remit de l'ordre dans les parchemins qui s'amoncelaient en face de lui. Ces trois semaines promettaient d'être intéressantes ! rit-il intérieurement.

Et en effet, les trois semaines furent très intéressantes : Suiko avait attrapé toutes les filles qu'elle connaissait et, par un miracle connu d'elle seule, avait réussi à leur présenter la chose d'une telle façon, que toutes avaient acquiescé à l'idée de faire de grandes soirées de révision collectives, toutes maisons confondues. Au début, une petite dizaine de demoiselles avaient été réfractaires à l'idée, mais, en voyant les autres revenir avec des étoiles dans les yeux et un grand sourire aux lèvres, elles s'étaient convaincues d'y aller « pour voir ». Elles avaient vu, avaient apprécié, et s'étaient jointes au groupe.

Comme les dortoirs n'auraient pas été assez grands pour abriter tout ce joli monde, et qu'il était hors de question de mélanger vie privée avec études, les filles avaient décidé d'un commun accord, de faire ces étranges séances d'étude dans la grande salle, une fois les tables débarrassées. Les professeurs, bien qu'estomaqués par la nouvelle, (depuis quand les élèves de Poudlard étaient-ils studieux ??? Serait-ce le début de la fin du monde ???) s'étaient montrés plus que conciliants, offrant une ou deux heures de leur précieux temps pour répondre aux questions préparées à l'avance. Ces grands rassemblements furent chaudement loués par quelques professeurs, qui s'étonnèrent cependant de l'absence des garçons.

Suiko fit son sourire le plus naïf et répondit qu'elle ne savait pas comment aborder la chose avec les garçons, car elle n'était pas sûre que l'idée leur plaise (regard appuyé à Malefoy), mais que s'ils voulaient participer, elle serait « super trop contente de travailler avec eux ». Ces paroles sensées se répandirent comme une trainée de poudre, et Matsuzo fut très fier de Suiko quand le premier groupe de garçon se présenta devant lui.

Suiko les accueillit donc chaleureusement, et ils s'intégrèrent parfaitement au bout de quelques minutes. L'idée dut plaire, car lors du rassemblement suivant, quasiment toute la population masculine de Poudlard était là. Chaque élève travaillait avec ceux de son année, demandant parfois un renseignement à un autre groupe ou à un professeur. Tout marchait donc pour le mieux, et chaque élève attendait les examens avec une confiance nouvelle, impatient d'épater parents, amis, et professeurs, par des résultats spectaculaires.

Du côté de Suiko, tout allait bien aussi. Les élèves qui étaient chargés de lui enseigner leur savoir repartaient enchantés, certains d'être les meilleurs professeurs de la terre : cette fille avait vraiment le chic pour enregistrer la leçon, et émettre une ou deux petites phrases qui démangeait les autres jusqu'à ce qu'ils aient trouvés leur origine. Toutes ces petites questions innocentes leur avaient permis de trouver quelques fautes graves qu'ils avaient commises en écrivant la leçon, ou en exécutant un exercice. Il était donc monnaie courante que leur unique élève fasse des réflexions tellement avisées, qu'ils jureraient presque qu'elle connaissait déjà les matières concernées. Cela étant impossible, les professeurs en herbe se convainquaient volontiers de leur excellence dans le domaine rébarbatif qu'était l'enseignement.

Matsuzo, contrairement à ses premières craintes, aimait réellement instruire ces jeunes. Et même si lesdits jeunes ne se rendaient compte de presque rien, leurs connaissances augmentaient sensiblement depuis qu'ils fréquentaient Suiko. Le jeune homme s'était donc mis à envisager sérieusement une carrière de professeur. A Poudlard, bien entendu. Il savait cependant que, tout aussi brillant qu'il fût, il devrait étudier de longues années avant d'acquérir une connaissance suffisante pour pouvoir être un professeur digne de ce nom.


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Note de l'auteur : Je sais que cela peut paraitre déroutant quand "Matsuzo ne se fit pas prier et le corps de Suiko s'assit prestement" ou "Matsuzo fut très fier de Suiko". Mais Suiko est un personnage que Matsuzo s'est créé. Ce n'est pas lui (ou du moins, pas entièrement. Il ne se considère pas comme suiko, et a toujours fait une distinction entre le corps de Suiko et le sien, la façon de penser de Suiko  et la sienne, etc, etc.

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant