Chapitre 35 : Reconnaissance et annonce.

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Matsuzo se retourna lentement. Si lentement que Neville eut le temps de descendre les trois marches du wagon, de manquer s'étaler en touchant le quai, de retrouver son équilibre par miracle, et d'arriver à sa hauteur, avant qu'il ne se soit complètement tourné en direction de la propriétaire de la voix.

- Grand-mère, il faut que je t'explique... C'est Suiko ! Enfin, c'est elle sous forme de garçon. Et il était un garçon depuis le début... Mais il est gentil, tu sais... Dumbledore était au courant... Et il s'appelle Matsuzo. Matsuzo Nakatomi.

Neville s'embrouillait dans ses explications, bafouillant de plus en plus. Il finit par se taire, se tassant le plus possible.

- Alors la fille dont tu décrivais le comportement avec admiration, était en vérité un garçon ? Eh bien, tu as autant de chance dans les amours que dans la magie ! rit l'oncle de Neville. Tante Augusta, je ne regrette finalement pas que tu m'aies trainé de force dans cette gare pour revoir ce petit imbécile. Oh, je sens que je vais faire rire beaucoup de personnes avec cette anecdote !!!

Il y eut un silence absolu pendant trois secondes. Trois secondes pendant lesquelles la grand-mère sembla perdre la voix et dix centimètres d'intimidation. Trois secondes où l'air sembla devenir du coton. Trois secondes où Neville essayait de retenir ses larmes. Trois secondes sans fin.

- M... Matsuzo ? murmura finalement Mrs Londubat, d'une petite voix cassée très différente de son ton hautain habituel. Matsuzo... comme Matsuzo ? chuchota-elle pour elle-même.

- Lui-même Augusta. Ça faisait longtemps n'est-ce pas ? En tout cas, je suis ravi d'avoir pu côtoyer ton petit fils, fit le Serpentard alors que sa main, venait se poser sur l'épaule de Neville en une prise ferme et rassurante. Avec quelques conseils avisés ce brave garçon sera tout aussi prometteur que tu l'étais il y a cinquante ans, quand nous nous sommes perdus de vue. Sans doute même plus...

Les deux sorciers semblaient dans leur petit monde, ne prêtant aucune attention à Neville qui ressemblait à un poisson rouge sorti de son bocal, ni à l'oncle de ce dernier, qui se trouvait dans le même état.

- Je pense qu'une discussion serait la bienvenue, Augusta. Nous nous en devons une tous les deux, et Neville mérite au moins un minimum d'explications. Cependant, je ne pense pas que ce soit le bon endroit pour tout cela.

Ses yeux n'avaient pas lâché la grand-mère.

- Je pense en effet que beaucoup de points sont à éclaircir, murmura-elle.

- Hé, pas si vite ! Augusta, tu ne penses quand même pas laisser ce ... ce ... bref, même s'il a permis une blague assez amusante sur Neville, il n'en reste pas moins un inconnu ! De plus, c'est un Serpentard !

- Je connais ce « Serpentard », comme tu te plais à le nommer, et ce depuis bien avant ta naissance. De plus, je n'ai pas besoin de ton avis pour savoir qui peut ou non entrer dans MA maison. Donc un peu de respect ! Au lieu d'ouvrir ta bouche inutile, porte la valise de Neville !

L'oncle s'exécuta, trop surpris par la brusque explosion de la vieille sorcière pour protester trop ouvertement. A peine quelques grommellements inintelligibles qui ne franchirent pas les poils de sa barbe touffue. Il disparut rapidement dans la foule, trainant la lourde valise.

- Eh bien, quelle famille. Ils sont tous comme ça, ou il y en a des pires ? demanda Matsuzo à Neville, un petit rire dans la voix.

- Oh, il y en a des pires, fit tristement le jeune garçon.

Il reçut une grande claque sur le dos, et un immense sourire. Matsuzo s'était remis à dégager l'aura débordante d'optimisme et de gentillesse de Suiko, et Neville ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. En un peu moins grand, mais quand même assez pour faire deux fois le tour de son visage. De toute façon, celui de Matsuzo le faisait une bonne centaine de fois, donc toute concurrence était inutile.

- Matsuzo, pourquoi voulais-tu venir chez moi ? Pourquoi maintenant ? demanda soudain Augusta.

- Bah quoi, j'ai plus le droit de revoir mes anciennes proprios ? rit le jeune homme, puis, voyant la tête mortellement sérieuse de la grand-mère : bon, ok, j'avoue, je ne suis pas venu pour une simple visite de courtoisie.

Un autre sourire, fier, naquit sur ses lèvres.

- Si je suis ici aujourd'hui, c'est que j'ai une nouvelle à t'annoncer. Augusta.

- J'ai retrouvé ma mère, dit-il après un petit silence.

Personne ne s'en rendit compte, mais Matsuzo avait peur. Peur qu'Augusta ne possède plus une seule ressemblance avec la jeune fille débordant d'énergie qu'il avait connue, et qui lui avait inspiré le personnage de Suiko.

- ... Matsuzo ? Tu m'avais dit que ta mère était... Comment as-tu réussi à la retrouver ? hésita la vieille sorcière, avant de se frapper le front de sa petite main ridée. Mais oui, suis-je bête ! Tu ne l'as pas vue elle-même, mais tu as trouvé un objet auquel elle tenait suffisamment pour qu'il lui soit immédiatement associé !

Matsuzo se détendit immédiatement. Oui, elle avait toujours ce côté un peu excessif, qui avait fait qu'il s'était immédiatement attaché à elle.

- Je vois que tu arrives toujours à faire travailler tes neurones Augusta ! Mais, mon reproche est toujours le même : fais-les travailler avant ta langue !

- Moi aussi Matsuzo, je suis heureuse de te retrouver ! rétorqua la vieille sorcière.

Ledit Matsuzo se dispensa de répondre et, laissant un grand sourire fendre son visage, entraina Neville avec lui dans le sillage de la vieille grand-mère en lui promettant de tout lui expliquer, mais ailleurs que dans cette gare trop bruyante.


***

Note de l'auteur : fin du tome 1. Je suis content :)

Oh, et j'ai eu mon premier vote aujourd'hui ! Donc, contente x 2 


SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant