Chapitre 25 : Promenade en forêt.

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Dumbledore s'avança sans bruit jusqu'à la silhouette penchée sur un minuscule livre à la couverture aussi noire que du charbon. Suiko, car c'était elle, marmonnait dans sa barbe inexistante tout en remplissant d'annotations sur les passages qu'elle comptait modifier, la marge d'un parchemin où elle avait précédemment réécrit la formule. Cela lui permettrait de doubler l'efficacité du sortilège, mais nécessiterait quelques tests.

- Je vois que tu as trouvé ce que tu cherchais, constata le directeur de Poudlard.

La jeune sorcière fit un bond de lapin, avant de se tourner brusquement en direction du directeur. Elle se calma immédiatement en voyant cet individu, que beaucoup qualifiaient d'excentrique.

- Ah, c'est vous. J'ai suivi vos instructions, et ai effectivement trouvé ce que je cherchais. Au fait, vous ne me demandez pas comment j'ai fait pour entrer alors que le nouveau sortilège de la porte est toujours en état ?

- Chacun a le droit d'avoir des secrets. Cependant, les passages secrets du château n'ont aucun secret pour moi. J'en connais justement un qui mène directement à la salle des archives, où nous nous trouvons actuellement. Et moi, tu ne me demande pas comment je suis entré sans que tu t'en rendes compte ?

- Vous venez de le dire : chacun a le droit d'avoir des secrets, sourit Suiko.

- Mais trêve de bavardage, je dois te montrer certaines personnes.

- Qui ? Maintenant ?

- Ce genre de chose doit être fait le plus tôt possible.

- Ah ? Bien, je vous suis, fit la jeune pom-pom girl en rangeant précieusement encre et parchemin dans la petite poche de sa jupe émeraude.

Le vieux sorcier tapota la porte du bout de sa baguette. Cette dernière s'ouvrit en un discret grincement, et ils sortirent, le battant de bois se fermant doucement derrière eux. Dumbledore marchait vite, et Suiko devait presque courir pour le suivre. Ils parcoururent quelques couloirs, sortirent du château, et se dirigèrent vers la maisonnette d'Hagrid. Les sourcils de Suiko se levèrent quand ils la dépassèrent, tandis que Matsuzo réfléchissait à toute vitesse. Ils s'enfoncèrent sous les arbres, et Suiko pila net.

- Vous n'allez quand même pas faire ce que je pense ? s'affola-t-elle.

- Et que penses-tu ?

- Vous avez fouillé dans les archives, et compris que ma disparition il y a mille cinq cent ans avait été causée par les centaures. Et vous allez faire en sorte que nos chemins se croisent à nouveau ! clama la blonde, à la limite de l'hystérie.

- J'ai effectivement trouvé les circonstances de cet ancien drame. Cependant, à un moment ou un autre de ta vie, tu vas finir par recroiser des centaures. Pour éviter que cette rencontre se termine de façon tragique, il me semblerait préférable que je t'accompagne. Et enfin, dernier point : Matsuzo Nakatomi, es-tu sûr que, quand tu es sorti de la bague, aucun lambeau de ton âme n'y soit resté ?

Le jeune sorcier analysa rapidement les paroles du directeur, et ne trouva rien pour les contredire.

- Ils ne m'aideront pas, refusa-il, la peur lui empêchant toute réflexion poussée.

- Sauf si je sais calmer les choses.

- ... Bien. Je vous suis.

Les deux sorciers se remirent en route... et se firent arrêter quelques minutes plus tard par une horde de centaures déchainés. Tous brandissaient des arcs, des hallebardes, ou encore, des épées. De l'écume souillait leurs robes, et leurs flancs palpitaient comme s'ils venaient de courir, ce qui était sans doute le cas. Les guerriers mi chevaux mi hommes encerclèrent les deux humains. Matsuzo se tendit, mais ne fit rien en voyant que Dumbledore restait calme, malgré la lame de la hallebarde à quelques centimètres de son cou.

Après une bonne dizaine de secondes qui semblèrent durer une éternité, un vieux centaure se détacha du groupe, les autres s'écartant au fur et à mesure pour le laisser passer.

- Albus Dumbledore. Nous nous connaissons depuis suffisamment longtemps pour ne pas faire l'erreur de vous considérer comme notre ennemi. Cependant, que faites-vous ici, avec cet homme qui fut responsable du départ de notre meneuse Nihr, cinquième descendante directe de Chiron ?

A ces mots, l'ambiance devint électrique, les centaures resserrant encore plus leurs armes, leur faisant effleurer les flancs de Suiko. Matsuzo sentit une colère froide monter en lui : il était la victime dans l'histoire, et on le pointait du doigt ?

- Je pense qu'il y a beaucoup de zones d'ombre dans cette affaire. Et le meilleur endroit pour les éclaircir n'est sans doute pas ici, ni dans ces conditions, dit calmement Dumbledore, en repoussant doucement la lame de hallebarde qui lui chatouillait désagréablement la pomme d'Adam. 

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant