C'était la fin des cours pour les Serpentard, et les élèves se hâtaient dans les couloirs, pressés d'atteindre leurs dortoirs avant que Rusard ne leur offre généreusement une heure de colle pour s'être attardés. En effet depuis son « accident » le concierge était encore plus irritable que d'habitude. A chaque rire qu'il entendait, il pensait que les élèves se moquaient de sa mésaventure passée, et chaque chuchotis lui semblait suspect. Donc, quand il vit Suiko qui se dirigeait tranquillement vers les étages supérieurs, il crut tenir sa proie. Il lui fondit dessus comme l'aigle sur le rat.
- Nakatomi, qu'allez-vous faire dans cette direction ! Cette partie-là du château est interdite aux élèves ! Cela va vous valoir une retenue !
- Mais, j'ai été convoqué par Dumbledore ! Voici même la lettre que j'ai reçue ce matin ! protesta la jeune fille.
Le concierge relut plusieurs fois la lettre, mais ne put pas nier que le directeur de Poudlard l'avait écrite. Il rendit donc le papier en grommelant dans sa barbe inexistante, et laissa la jeune sorcière monter dans l'escalier derrière la gargouille pivotante. Suiko gravit prestement la trentaine de marches en bois vénérable, avant de trotter jusqu'à la porte.
Pour la deuxième fois depuis son arrivée tardive, la Serpentard se retrouva dans l'antre du maitre de Poudlard. Dumbledore l'attendait, assis derrière son bureau de bois massif. Suiko s'approcha d'abord de la cage de Fumseck, qu'elle caressa à travers les barreaux dorés. L'oiseau se laissa faire, appuyant même sa tête contre les doigts bienfaisants en faisant entendre de petits bruits de contentement.
Après une minute ou deux, Suiko s'éloigna du phénix, et se tourna vers le maitre de ce dernier. Dumbledore la regardait avec un léger sourire.
- Bonjour Suiko.
- Bonjour Dumbledore. Je peux m'asseoir ?
Le directeur acquiesça et attendit qu'elle se soit posée sur la chaise, avant de reprendre la parole.
- Je crains que notre très chère Suiko doive bientôt nous quitter, fit doucement Dumbledore.
- ... Heee ? demanda la jeune fille, avec une faculté d'élocution des plus discutables.
A ce moment, le directeur remonta sur son grand nez aquilin, ses petites lunettes en demi-lune.
Ce geste pourtant banal fit l'effet d'une bombe sur son vis-à-vis, et ce dernier sentit son cœur sombrer dans ses entrailles à une vitesse vertigineuse.
En effet, devant lui, ne se tenait plus le vieux monsieur souriant et légèrement gâteux, qu'il avait cru manipuler aisément lors de leur première rencontre, mais bien le directeur de Poudlard. C'était toujours le même homme, ayant le même teint un peu trop pâle, la même barbe argentée, et les mêmes rides trop nombreuses, mais quelque chose avait changé. Plusieurs choses même.
Maintenant, les yeux bleus reflétaient une sagesse qui ne semblait pas avoir de limite, tel deux fenêtres laissant entrapercevoir un rayon de soleil. Maintenant, le vieux corps ridé était comme entouré d'une aura de puissance magique. Maintenant, c'était une personne qui ne se serait pas laissée tromper par sa piètre couverture.
- Vos lunettes... elles dissipent les illusions ? demanda Suiko avec la petite voix d'une personne qui prie intérieurement pour qu'on la détrompe.
- C'est une excellente déduction, sourit le directeur.
- Vous saviez que je n'étais pas humain depuis de début, souffla le démasqué. Alors, pourquoi alors m'avez-vous fait entrer dans Poudlard ? se reprit-il.
- Une des phrases que tu avais prononcée pendant notre entretien m'avait convaincu que tu ne serais pas dangereux pour mes élèves, et que tu pourrais même leur apporter une aide précieuse.
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Suiko
FanfictionUne OC haute en couleur (littéralement), avec des vêtements trop moldu pour être un bon sorcier, et des habitudes trop sorcier pour être un bon moldu, arrive à Poudlard. Energique et décalée, quelque chose semble pourtant étrange avec son comportem...