Suiko s'avança calmement sur l'estrade que Dumbledore lui avait gentiment cédée, après un bref discours pour féliciter les élèves et expliquer ce que la blonde comptait faire. Elle regarda les centaines de paires d'yeux qui la dévisageaient, et laissa un petit sourire naitre sur ses lèves. Plus le public serait nombreux, plus le ministère aurait de mal à étouffer l'affaire.
Suiko plongea la main dans la poche de sa jupe, et en sortit le pendentif qu'elle avait trouvé dans le Saule Cogneur. Elle caressa doucement le dos du dragon, tout en murmurant un mot en japonais ancien. Les yeux de l'animal s'ouvrirent brusquement, et tournèrent dans leurs orbites pour se fixer sur celle qui osait le réveiller. Cela n'effraya nullement Suiko, qui se contenta de donner un ordre dans une langue curieusement sifflante
- Libère ce que tu protèges, leur maitre est de retour.
Les mots n'avaient été compris d'aucune personne, malgré leur ressemblance avec le Fourchelang. C'était du Dragonien, la langue que parlaient les dragons et qui, en s'appauvrissant, n'avait plus permis que de discuter avec les serpents. Le fait que Suiko ait murmuré avait aussi aidé : personne ne l'avait entendue.
Le mince dragon déplia lentement ses pattes, sa queue, et son cou. Il grandit en quelques secondes, atteignant puis dépassant la taille d'un cheval. Son corps, qui avait semblé composé de métal doré, semblait maintenant fait d'une brume parsemée de centaines de paillettes étincelantes. A l'intérieur de son torse, on pouvait voir les petites armes grandir au fur et à mesure que le corps du dragon se dissipait. Les sabres retombèrent dans les mains de Suiko, qui les attrapa aisément. Elle les caressa doucement, se remémorant les bons souvenirs auxquels ils étaient liés.
Le public eut deux réactions : les première et deuxième année furent ébahis par le dragon, comme des enfants devant un feu d'artifice. Tous les autres sorciers, ministre et professeurs compris furent légèrement blasés : oui, c'était joli, mais comme elle n'avait que murmuré pendant trois à quatre secondes, cela ne devait pas être difficile à réaliser.
Suiko déposa ensuite le jintachi et le poignard dans un coin de l'estrade. La jeune sorcière prononça une longue formule, et une sorte de bulle apparut au bout de sa baguette. La bulle se mit à enfler, et Suiko interrompit sa progression dès qu'elle eut recouvert l'intégralité des sabres.
Les sourcils des adultes s'étaient envolés au plafond : le sortilège de protection qu'elle venait de tranquillement réaliser était extrêmement ardu, même pour les mages qualifiés, et elle venait de le lancer calmement, sans aucune préparation apparente.
Cependant, Suiko s'était déjà désintéressée de la bulle scintillante qui protégeait ses sabres des éventuels dégâts liés à une importante perturbation de la magie. Elle s'accroupit sur le plancher de l'estrade, et sortit tranquillement de sa poche un grand pinceau, ainsi qu'un petit seau avec couvercle.
Dumbledore eut un petit sourire appréciateur : Matsuzo avait adapté le sortilège des sacs sans fond à la petite poche de sa mini-jupe, pour pouvoir y glisser tout son matériel.
Le Matsuzo en question était à quatre pattes, en train de dessiner un pentacle en runes, tout en récitant une formule. Les sons, répétitifs, rythmés et prononcés d'une voix égale, étaient hypnotiques. Cependant, quelqu'un connaissant la formule d'origine aurait pu noter que de subtiles modifications y avaient été apportées. Et si l'observateur s'y connaissait encore plus, il aurait aussi pu se rendre compte que les changements optimisaient l'effet de la formule, concentrant plus de magie.
Enfin, Suiko se redressa. Elle s'étira, et fit son plus beau sourire à l'assemblée.
- La partie la plus amusante commence maintenant, donc je compte sur vous pour être attentifs ! fit-elle avec un clin d'œil et une pose mignonne.
Elle reçut un concert de cris d'approbation, ce qui fit s'agrandir son sourire. Elle s'inclina légèrement, puis se désintéressa de son public pour se concentrer sur sa tenue. Elle eut une petite moue désapprobatrice en contemplant son haut argenté. Sans que personne n'en comprenne la raison, elle eut un petit rire moqueur, puis transforma ses vêtements très courts, en un soft vêtement japonais : un yukata noir en coton. Pour homme.
Evidemment, les sorciers de Poudlard ne s'y connaissaient pas assez en yukata pour voir les différences qu'il y avait entre ceux que portaient les femmes ou les hommes. Pour eux, Suiko s'était brutalement trouvée habillée d'un peignoir couleur nuit, et pieds nus.
Suiko eut un grand sourire, et pénétra dans le pentacle. Une quantité prodigieuse de magie apparut, roulant comme les vagues d'une mer, faisant trembler les fenêtres et s'envoler les chapeaux.
- Mais, mais, mais... répétait Fudge, choqué par la puissance écrasante qu'il sentait.
- C'est un bon élève, vous ne trouvez pas ? sourit Dumbledore, qui ne semblait pas perturbé d'entendre le ministre bêler.
Le vieux sorcier tenait son chapeau des deux mains, se trouvant grâce à ce fait le seul à avoir encore quelque chose sur la tête. Même le strict chignon du professeur McGonagall s'était défait. Pas dérangé pour deux sous par tout ce qui se passait, le directeur de Poudlard attendait patiemment une réponse du ministre, sa longue barbe blanche flottant autour de son sourire serein.
Le ministre en question était trop ébahi pour faire autre chose que répéter des « mais, mais, mais » en boucle, et ouvrir des yeux gros comme des assiettes. Toute l'assistance était dans le même état, mais certains avaient récupéré plus vite que d'autres : c'était le cas des jumeaux Weasley.
- Forge.
- Quoi Gred ?
- T'as vu le ministre ?
- ... On dirait maman quand elle a découvert notre laboratoire ! Mais...
- Seulement pour les cinq premières secondes ! Je pense qu'on...
- Devrait inventer un truc pour donner cette d'expression aux gens ! Un filtre ou...
- Une crème pour le visage !
- Oui, une crème pour le visage !!!
Les deux farceurs eurent un rire légèrement sadique, puis se reconcentrèrent sur Suiko. Ils pensaient à la prendre comme cobaye « volontaire » pour essayer la crème qu'ils ne doutaient pas de réussir.
Cependant, ils n'en auraient jamais l'occasion.
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Suiko
FanfictionUne OC haute en couleur (littéralement), avec des vêtements trop moldu pour être un bon sorcier, et des habitudes trop sorcier pour être un bon moldu, arrive à Poudlard. Energique et décalée, quelque chose semble pourtant étrange avec son comportem...