Chapitre 26 : Les centaures

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Matsuzo tripotait le pendentif de son collier. Sentir ses sabres miniatures dans sa main lui apportait un certain réconfort, plus que nécessaire vu son moral qui avait plongé. Mais la bombe avait été lâchée.

Pendant un temps qui lui avait paru interminable, il avait narré encore et encore la journée où tout avait basculé, et la vingtaine d'années de captivité avec Nihr qui lui avait succédé. Trois fois, cinq fois, dix fois, Dumbledore avait retenu les centaures qui s'apprêtaient à l'éventrer. Il avait ensuite dû répondre à un nombre incalculable de questions, apporter des précisions, se remémorer des détails, ... Il n'en pouvait plus. Cet interrogatoire sous Veritaserum l'avait vidé de ses forces, même si les effets de la potion commençaient enfin à se dissiper.

Matsuzo releva sa tête. Les centaures avaient rangé leurs armes, et écoutaient maintenant Dumbledore.

- ... C'est pourquoi je voudrais que vous vérifiiez cette bague. S'il reste un bout de l'âme de ce garçon, je souhaiterais que vous la fassiez sortir, car cette dernière, combinée à la magie qui imprègne cette bague, permettrait de le manipuler. Une fois cette opération effectuée, je ne vois aucun inconvénient à ce que ce bijou retrouve sa place parmi vous, conclut le directeur.

Les mains du vieux centaure tremblaient quand il attrapa précautionneusement la bague. Ses yeux verts se plissèrent, et Matsuzo eut, pendant un très court instant, l'impression de voir une sorte de grande ombre verte entourer le vieil homme cheval. Puis il cligna des yeux, et le léger voile vert disparut.

Au bout d'un temps d'attente interminable, le centaure releva finalement la tête.

- La bague est propre. Cet humain s'est débrouillé pour en sortir entièrement.

Matsuzo se laissa glisser au sol, et un petit rire nerveux franchit la barrière de ses lèvres. Enfin ! Enfin, c'était certain, plus personne ne pourrait le manipuler !!! Il se releva, se sentant soudain beaucoup plus léger. Légèrement euphorique.

- Merci infiniment, fit-il en s'inclinant profondément devant le vieux centaure.

- ... Ce n'est rien. Relève-toi, humain.

Matsuzo obéit, souriant. Le ton du centaure était beaucoup moins fielleux, et le « humain » n'était plus dégradant. Juste un petit mot pour se rappeler les différences. Son œil capta une couleur bien connue sur l'épaule du centaure.

- Oh ! Le violet est la couleur préférée de Nihr ! fit-il.

Il y eut comme une bulle, qui enveloppa le groupe d'humains et de centaures. Une petite parenthèse de calme, un petit moment hors du temps. Les lèvres du vieux centaure se relevèrent pour quelques secondes, avant de s'abaisser doucement.

- Etait, humain. Etait.

Il y eut un petit silence, ni triste, ni gêné. Légèrement nostalgique. Chacun se rappelant les meilleurs souvenirs qu'il avait de la cinquième descendante de Chiron.

- Elle est revenue vers nous après avoir remué ciel et terre pour te retrouver. Nous l'avons accueillie, et avons pansé ses plaies du mieux que nous avons pu. Cependant certaines choses ne peuvent se guérir, et elle s'est éteinte deux ans après son retour.

- Je souffre avec vous, murmura Matsuzo. Elle avait été une personne bien.

Il y eut un autre silence, et la bulle se fissura doucement, laissant la réalité reprendre ses droits.

Les deux sorciers repartirent silencieusement vers Poudlard.

Quand un centaure mourait, on ne lui faisait pas de tombe. Le corps retournait doucement à la terre, dans une clairière connue seulement de ces hommes chevaux si secrets. A part au moment d'apporter le corps, personne n'allait là-bas, et il eut été sacrilège d'y amener des étrangers. 

***

Note de l'auteur : Non, Nihr n'a pas été quelqu'un de bien. 

SuikoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant