Chapitre 5 - Souffrir c'est vivre - Adam

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Toutes les têtes se tournent vers le centre de la piste où deux nanas ont fait leur apparition. La première, à la peau chocolat, sautille comme un ressort dans sa robe verte. Ses nombreuses tresses lui fouettent le visage, mais ça n'a pas l'air de la gêner plus que ça, puisqu'elle ne cesse de rire aux éclats. L'autre fille porte une robe noire qui met en valeur les courbes de son corps svelte. Ses manches transparentes laissent apparaître ses fins bras. Sa crinière brune descend en cascade sous ses épaules. Elle se déhanche avec sensualité, au rythme de la musique. D'où je suis, je ne parviens pas à voir son visage tourné vers la scène.

Je suis sortie de mes pensées par des bruits de chaises. Ethan est le premier à descendre les escaliers, suivi de James et du petit trapu de la bande, Tom je crois. Nathan, le dernier encore à table, est à moitié endormi sur son verre.

La blonde profite de la situation pour se rapprocher de moi en me donnant une vue imprenable sur son décolleté plongeant. Sa jambe vient frotter la mienne et je sens sa main remonter le long de ma cuisse. Elle n'y va pas par quatre chemins. Un autre soir, je lui aurais sûrement donné ce qu'elle veut. Offrir du plaisir c'est dans mes cordes, mais il ne faut pas m'en demander plus. Je la repousse sans délicatesse et me lève pour aller m'en griller une.

Je passe devant la piste de danse pour me rendre dehors. J'aperçois le reste de la bande autour des deux filles. De vrais vautours, c'est pathétique.

Calé dans une ruelle, contre le mur du bar,  j'en suis à ma deuxième clope lorsqu'une voix féminine m'interpelle :

- T'en aurais une deuxième pour une âme en peine ?

- Je détourne les yeux et me retrouve nez à nez avec la petite robe noire de tout à l'heure.

Je l'observe quelques instants. Ces traits sont fins et délicats. Son petit nez est perché au-dessus d'un large sourire avenant. Son regard profond est rehaussé par un trait de khôl noir. 

- Depuis quand les filles comme toi sont des âmes en peine ?

- Depuis que les bruns ténébreux ne veulent pas partager, me répond-elle du tac au tac.

J'esquisse un rictus.

- C'est vraiment pas de chance, lui dis-je

- Laisse tomber, je vais prendre celle-là me lance-t-elle

D'un mouvement rapide et assuré, elle m'ôte la cigarette de la bouche, prend une première taffe, ses lèvres à quelques centimètres des miennes, puis une deuxième. Et toujours dans le silence le plus complet repositionne délicatement la cigarette entre mes lèvres, ses yeux verts émeraudes plantés dans les miens. Mais d'où elle sort celle-là ?

Je sens encore son souffle sur mon visage lorsqu'une voix vient rompre ce moment :

- Hé ! Espèce de connard prétentieux ! Tu te crois au-dessus de nous, c'est ça ? Tu ne nous as pas adressé la parole de la soirée. Et maintenant, Ruby me dit que t'as essayé de lui mettre un doigt.

Face à nous se trouve Tom le petit trapu et la fameuse Ruby un faux air horrifié sur le visage. Peu importe où je vais, les emmerdes me suivent partout, je l'ai appris à mes dépens. Le truc, c'est qu'avec le temps je m'y suis fait et désormais c'est presque devenu un jeu pour moi. Un peu comme un gamin qui joue avec un briquet, c'est dangereux, mais amusant à la fois. Sauf que moi, lorsque les flammes finissent par me brûler, je me sens vivant.

- Tu as presque tout bon mec. Ta meuf a juste oublié de te dire qu'elle avait préféré mes doigts à ta petite bite.

Le visage du trapu se déforme sous l'effet de la colère. Il se lance à pleine balle sur moi en hurlant de rage. J'esquive son premier crochet, mais les deux suivants viennent me cueillir directement sur la joue droite. Putain, ça fait un mal de chien. Je me jette sur lui et nous tombons tous les deux à la renverse. Je me sers de tout mon poids pour l'immobiliser. Mon champ de vision se réduit, focalisé sur ce connard et bientôt, je n'entends plus que le bruit de mes poings qui percutent son visage.  Soudain, je sens que l'on me saisit par l'arrière. J'essaye de me dégager, mais des cris finissent par me sortir de ma furie.

- Putain, arrête, tu vas le tuer !

Ethan me tire en arrière et je viens m'écraser sur le sol froid  à quelques mètres de mon adversaire. A bout de souffle, il me faut quelques minutes pour reprendre mes esprits.

Ethan, James et Ruby entourent mon opposant. Le visage tuméfié, celui-ci peine à se redresser. Il braille en se touchant le nez dont le volume a déjà doublé. Je souris, je ne l'ai pas loupé ce connard. Le goût familier du sang vient s'inviter dans ma bouche. Je crache et me relève lentement. C'est là, que je la vois à nouveau, face à moi la brunette à la robe noire me fixe.

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