Bruce et Martha se sont absentés pour le week-end et ont donné l'autorisation à Ethan de faire une petite soirée d'Halloween. Sauf que vu le niveau sonore, j'ai la forte impression que cette "petite soirée" a viré à la grosse teuf.De mon côté, je suis resté à l'étage, ruminant ma conversation de cet après-midi avec Bruce. Il s'avère que ma famille d'accueil a eu un appel du lycée. Le proviseur menace de me renvoyer si je n'améliore pas mes résultats. Je comprends désormais le 100% de réussite sur la brochure de l'établissement. Visiblement, les mauvais élèves sont virés pour préserver la réputation de l'école. J'aurais presque pu m'en foutre, si Bruce n'avait pas menacé de m'obliger à quitter mon taf pour m'inciter à me concentrer sur les études. La discussion a mal tourné et j'ai fini par lui claquer la porte de ma chambre au nez.
Je suis sur le bord de mon lit, une clope encore éteinte au bord des lèvres. Éclairé par une lampe de chevet, je m'apprête à me lever, pour aller fumer à la fenêtre quand soudain, la porte de ma chambre claque. Je me retourne et découvre Sam, les yeux fermés, appuyée contre celle-ci. Elle semble paniquée. Son corps tremble de la tête au pied et son visage est baigné de larmes. Et surtout, elle peine à respirer. Dans un dernier soubresaut, elle ouvre les yeux, puis ses jambes se dérobent. Je me précipite vers elle et la rattrape de justesse avant qu'elle ne s'écrase au sol.
Quand je vous disais que les emmerdes viennent toujours à moi...
Je la porte et la dépose sur le lit. Je l'appelle plusieurs fois :
- Sam ! Sam !
J'ouvre les fenêtres de ma chambre pour faire circuler l'air. Je m'assois près d'elle et penche une oreille au-dessus de ses lèvres, à part son odeur sucrée de violette, je ne sens rien. Je commence à paniquer et m'apprête à descendre chercher de l'aide, quand je perçois un mouvement. Doucement, elle pose sa main sur la mienne et ses yeux s'ouvrent. Je la vois faire de gros efforts pour conserver son calme et respirer normalement. Je tente de la rassurer :
- Ça va aller, tu es en sécurité ici. Je vais appeler les urgences.
Ses yeux s'écarquillent de panique et elle me fait non de la tête. Je comprends qu'elle ne le souhaite surtout pas.
- Ok, je n'appelle pas les urgences.
Nous restons donc ainsi immobile, dans la semi-obscurité et le silence de la pièce, elle, à tenter de retrouver son calme, moi à écouter sa respiration saccadée reprendre progressivement une allure normale. Au bout d'une vingtaine de minutes, Sam s'appuie sur ses mains, se redresse et se laisse glisser jusqu'au bord du lit. Dos à moi, je l'entends me murmurer :
- Je suis désolée.
Cette nana était au bord de l'agonie et elle s'excuse.
- Ne le sois pas. Est-ce que tu vas bien ?
- Oui ça va - me dit-elle. J'ai simplement eu un coup de chaud.
Ce qui vient de lui arriver ressemblait bien plus à une crise de panique qu'à un simple coup de chaud. Cette fille a des problèmes. Mais je n'ai pas l'impression qu'elle ait envie d'en parler. Moi même, ai-je envie de l'écouter ? J'ai déjà mes propres démons à gérer. Alors je ne dis rien et laisse le silence s'étirer entre nous.
C'est elle qui brise le calme de la pièce :
- Je peux te confier un secret ? Quelque chose que je n'ai jamais dite à personne.
- Oui.
- Je déteste le piano.
Je comprends que depuis tout à l'heure, assise au bord du lit, elle observe ma guitare positionnée contre le mur, à côté de mon sac de cours.
- Pourquoi tu en joues alors ?
- Parce que j'ai échoué à apprendre le violon et que dans l'ordre des instruments les plus nobles, c'est le piano qui vient ensuite. Je n'ai pas choisi.
Un grand silence retombe entre nous et je me perds dans mes souvenirs. La guitare avait toujours été une évidence pour moi. C'était mon père qui m'avait transmis l'envie d'en faire. Sa guitare, c'était d'ailleurs la seule chose qu'il me restait de lui. Je me reconnecte à l'instant présent et lui demande :
- Si tu devais choisir, de quel instrument voudrais-tu jouer ?
Pour la première fois depuis qu'elle s'est assise, elle se retourne vers moi et plonge ses yeux brillants dans les miens, un sourire triste sur les lèvres, elle me répond :
- La guitare.
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Breathe 🤍
RomantizmComment retrouver son souffle lorsque l'on est consumé de l'intérieur ? Elle s'impose un rythme infernal pour atteindre la perfection. Il a connu le pire et peine à retrouver un sens à son existence. Sam et Adam n'étaient pas destinés à se rencont...