Chapitre 19 - L'orage - Adam

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Je ne suis pas mort... Du moins physiquement.

Ce soir-là, quand je m'étais réveillé sur l'asphalte froid et humide de cette ruelle, j'avais été à deux doigts d'hurler. Non pas de douleur, même si j'aurais pu, mais de colère. Pourquoi étais-je encore là ?

J'étais resté un moment immobile perdu dans mes pensées, les larmes aux bords des yeux, puis je m'étais traîné contre le mur. La nuit était définitivement tombée et l'obscurité m'avait entouré. J'avais tâtonné l'ensemble de mon corps et avais constaté que j'étais en vie, mais amoché. Je m'étais redressé difficilement, reprenant appui contre le mur, puis avais entrepris, non sans mal, de marcher.

Lorsque j'avais atteint l'allée principale, j'avais sorti mon téléphone de ma poche et appelait le premier numéro de mon maigre répertoire :

     - Putain Adam, on est super inquiet ! Tu es où ?

J'indiquais à Ethan où je me trouvais. Quelques minutes plus tard, il débarquait avec son Range Rover noir. Lorsqu'il m'avait vu, ses yeux s'étaient écarquillés et sa bouche avait formé un O de surprise. J'étais entré dans la voiture et ni lui ni moi, n'avions brisé le silence, jusqu'à ce que je me rende compte que nous ne prenions pas la direction de la maison.

      - Où vas-tu ?

Il avait continué de fixer la route tout en me répondant : 

     - A l'hôpital.

     - Pourquoi faire ? Rentrons chez toi.

    - Adam, t'as pas vu ta tronche ? Tu fais peur à voir.

     - J'ai connu pire.

Il avait détourné son regard de la circulation pour m'observer, puis avait balancé  :

      - Si je te ramène comme ça chez moi, mes parents t'y emmèneront de force,  je peux te l'assurer. C'est ce que tu veux ?

Je m'étais enfoncé dans mon siège, réfléchissant aux options qui s'offraient à moi. Puis, avais fini par lui répondre « Ok ».

Nous avions passé 2h aux urgences à attendre que je sois pris en charge. Puis, le résultat de mon escapade était tombé  : trois côtes cassées, quatre points de sutures à l'arcade, un genou amoché et de multiples contusions.

Alors que nous nous étions garés dans l'allée de la maison et que je m'apprêtais à sortir du véhicule, Ethan m'avait lancé :

     - Je suis désolé Adam.

Hé merde, voilà qu'il s'excusait maintenant. La soirée n'avait pas été assez merdique. Ces mots, je les avais entendus des dizaines de fois : « désolé pour tes parents », « désolé pour ton frère », « désolé on ne peut pas t'aider », « désolé pour cette famille d'accueil » etc.  Des excuses sans aucune sincérité qui n'avaient qu'un intérêt : entretenir la bonne conscience de ceux qui les déblatéraient. J'étais resté silencieux, mais avais levé les yeux vers lui. Nous nous étions fixés quelques instants, puis il avait poursuivi :

     - Je n'ai pas été très sympa ces dernières semaines. Et par-dessus tout, je suis désolée de ne pas avoir été présent pour toi.

Contre toute attente, je percevais pour la première fois dans son regard, quelque chose que j'observais tous les matins dans le reflet de mon miroir :  de la tristesse. Pour toute réponse, je lui avais lancé par pure provocation  :

     - Est-ce que ça veut dire que je peux me taper Sam ?

Il était resté muet à me fixer, puis soudainement, contre toute attente, il s'était mis à rire, d'un rire puissant et sincère. Et sans prévenir, peut-être parce que j'avais passé une nuit merdique ou parce que les antalgiques m'avaient rendu groggy, un son s'était échappé de ma bouche. Un rire. Au début presque inaudible, il avait fini par gonfler en moi et bientôt l'habitacle s'était rempli de nos deux rires entremêlés.


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Je roule à toute vitesse.

L'effort me fait grimacer. Je ne suis pas tout à fait remis de mes blessures. Chaque coup de pédale me provoque un élancement sournois dans le genoux gauche. Pourtant, j'accélère la cadence. Il est déjà 22h00. Je suis en retard pour rejoindre Sam chez elle. Je m'en veux un peu de la manière dont je l'ai rembarrée il y a deux semaines et j'ai l'impression qu'elle aussi m'en veut. Arriver en retard ne va pas arranger mon cas.

Il fait nuit et un vent chargé d'humidité s'engouffre dans ma veste en cuir que j'ai laissée entrouverte. Un bruit sourd retentit au-dessus de ma tête. Je lève les yeux. Le ciel est noir d'encre. Si je tiens ce rythme, je peux être chez Sam dans moins de cinq minutes et éviter que des trombes d'eau me tombent sur la tête. Un éclair zèbre le ciel, puis un grondement retentit à nouveau.

Une première goutte vient s'écraser sur mon visage.

Ça s'annonce mal.

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