Chapitre 27 - Démasqué - Adam

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Je bous. Je suis un volcan au bord de l'irruption.

Tout à l'heure, sur cette piste de danse, lorsqu'elle se trouvait dans les bras d'Ethan, une sensation étrange m'avait prise de cours. Imprévisible, déroutante et insidieuse, comme un poison au goût sucré. Dans les souterrains de mon cœur, quelque chose s'était réveillé et je ne savais quoi en faire. M'éloigner, fuir c'était ce que j'avais trouvé de mieux pour calmer le volcan qui est en moi.

Mais la voilà qui se pointe, dans l'obscurité de cette nuit froide. Je crois qu'elle n'a jamais été aussi belle qu'à cet instant. Sa robe dessine délicatement les contours de son corps, dévoilant la peau veloutée de ses bras, de son cou et de l'une de ses jambes. Ses yeux émeraudes provocateurs sont amarrés aux miens, tandis que ses lèvres charnues me narguent.

Je la hais ! Parce que je déteste le tumulte d'émotions qu'elle provoque en moi. Je déteste sa façon de bouleverser toutes mes certitudes et mes plans. Ce soir, j'ai décidé de la haïr, parce que ça ne doit pas être autre chose.

Alors que nous sommes tous deux suspendus aux lèvres de l'autre, je décroche mes prunelles des siennes, me retourne et récupère sa chaussure sur le sol. Je lui tends et ses doigts délicats se posent sur la ballerine, effleurant légèrement les miens. Nos regards se croisent à nouveau et elle ouvre à demi les lèvres quand soudain, un claquement de porte se fait entendre.

     - Sam ? Tu es là ?

La voix d'Ethan vient rompre le silence de la nuit. L'espace d'une seconde, un éclair de culpabilité traverse le visage de Sam, mais elle se reprend vite, enfile sa ballerine et me dépasse :

     - Oui, j'arrive.

Alors que je la regarde s'éloigner, elle se retourne et me surprend une dernière fois en me lançant :

     - Tu m'accorderas une danse un jour ?

Des images me viennent en tête : son corps contre le mien, mes mains sur ses hanches, mes lèvres qui effleurent son visage, son odeur de violette qui me remplit. Danser avec Sam, c'est comme donner quelques gouttes d'eau à un assoiffé, ça n'étanchera jamais sa soif, ça ne fera que la rendre plus insupportable.

Pourtant, j'acquiesce.

Un sourire mélancolique se dessine sur ses lèvres, puis elle sort de mon champ de vision.

Et je me retrouve seul dans l'obscurité.

**************

Toute la famille parfaite s'est absentée afin de passer les fêtes de fin d'année chez les parents de Martha à Boston. Bruce a tenté à plusieurs reprises de me convaincre de me joindre à eux, mais j'ai refusé. Martha n'a pas insisté. Je crois qu'elle a compris que les événements familiaux n'étaient pas ma tasse de thé.

L'ambiance de Noël à la Nouvelle-Orléans est assez étrange. Les boutiques et maisons se sont parées de leurs plus belles décorations, mais les températures continuent d'atteindre les 17°C en journée. La ville est déserte, la majorité des habitants a préféré rejoindre leurs familles sous un climat plus hivernal.

Mia faisant partie de cette majorité, Joe me laisse faire des heures supplémentaires au café. Entre le taf et le temps que je passe à jouer de la guitare, je me suis aussi remis à courir. Mais même en m'occupant le plus possible, seul dans cette maison le soir, je ne peux m'empêcher de penser à eux. Souvent la nuit, ils me rendent visite dans mon sommeil et je me réveille le matin avec le goût amer de la réalité : ils ne sont plus là. Lorsque mes pensées ne vont pas vers eux, elles divaguent vers la fille aux yeux émeraudes. Je n'ai pas revu Sam depuis ce soir-là. Ce qui est sûrement mieux, pour nous deux.

Breathe 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant