Chapitre 34 - Terrassé - Adam

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Sam me déteste.

Je lui ai dit que je voulais la sortir de ma vie et elle m'a garanti qu'elle me faciliterait la tâche. Comment le pourrait-elle ? Ne pas la voir, ne pas lui adresser la parole, l'ignorer ne change rien. Cette fille s'est infiltrée dans ma tête. Elle est partout où je regarde. Dans chaque musique que j'écoute, dans chaque chanson que je compose, dans chaque morceau que je joue. L'ignorer pendant ces trois semaines a été un véritable supplice, mais je n'avais pas le choix.

Lorsque que je l'avais laissée devant chez elle, le 31 décembre j'étais resté quelques instants devant son immense maison froide. Je m'apprêtais à partir, lorsque des cris effrayants avaient percé à travers les murs de la grande bâtisse. J'avais lâché mon vélo et accouru dans l'entrée où j'avais trouvé Sam inerte sur le sol en marbre. Mon sang n'avait fait qu'un tour et je m'étais immédiatement précipité vers elle. D'une voix tremblante, sa mère m'avait supplié de l'aider à la transporter jusqu'à la voiture.

Je savais que Sam faisait des crises d'angoisse, je n'avais aucune raison de paniquer. Pourtant, je n'avais pas réussi à réfréner mon inquiétude. Je l'avais soulevé et comme la première fois que je l'avais vu ainsi, je m'étais penché pour écouter son souffle. Il était à peine perceptible. Sa mère avait pris le volant et j'étais monté sur la banquette arrière, Sam serrée tout contre moi. Tout le long du trajet, j'avais gardé les yeux focalisés sur son visage, en quête du moindre signe. C'était là que je les avais remarqués, ses pommettes creuses, ses yeux cernés, son teint cireux. Sam n'allait pas bien.

Lorsque que j'avais franchi les portes de l'hôpital, elle était toujours inconsciente. Je l'avais déposé sur un brancard et du personnel médical s'était affairé autour d'elle pour relever ses constantes. Il l'avait rapidement emmenée afin de lui faire passer une batterie d'examens et sa mère avait suivi le brancard.

J'étais resté planté là au milieu des urgences, le souffle court, le corps tremblant. L'adrénaline avait fini par redescendre et j'avais pris pleine conscience de l'endroit où je me trouvais. L'hôpital. Je détestais l'hôpital. Parce que cet endroit me rappelait une période de ma vie que je voulais oublier. Parce que pour moi, ce lieu s'apparentait à la souffrance et à la perte. Cette fois-là encore, entre le brouhaha ambiant, les regards affligés et l'odeur de désinfectant, je ne percevais que le spectre de la mort, silencieux et sournois.

Et c'était pour Sam que j'étais ici. Brusquement, l'étau de l'angoisse s'était resserré sur mon cœur et j'avais fui les urgences. J'avais traversé la route et comme un petit garçon apeuré, je m'étais planqué sous l'abri de bus. A plusieurs reprises, j'avais tenté de pénétrer à nouveau dans l'enceinte de la clinique. Mais la peur m'avait toujours tenu à distance. Peu avant minuit, la mère de Sam avait fini par sortir et était venue à ma rencontre. Elle avait l'air bouleversé et moi, j'étais terrifié à l'idée de lui demander si Sam allait bien. D'une voix éraillée, elle avait brisé le silence entre nous :

-        Comment t'appelles-tu ?

-        Adam, avais-je répondu, les yeux fixés sur mes mains, me sentant incapable de la regarder.

-        Merci Adam pour ton aide.

-        Est-ce que Sam va bien ? Avais-je bredouillé non sans mal.

-        Elle est encore inconsciente, mais elle va bien. Elle va s'en remettre.

Sans m'en rendre compte, j'avais lâché un gros soupir de soulagement.

-        Est-ce que tu savais que ma fille faisait des crises d'angoisse ?

-        Oui, avais-je simplement répondu.

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