Chapitre 29 - Le mec brisé et la fille cassée - Adam

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Alors que j'ai terminé mon service et que je m'en grille une devant le café, les trois acolytes du bal d'hiver débarquent au coin de la rue. Hanna, avec sa chevelure rousse bouclée, son jean patte d'eph et son pull rose à paillettes est la plus sobre de l'équipe. Fabio a coiffé ses cheveux blonds à l'arrière, il porte une chemise ample en simili cuir sur un pantalon à carreaux écossais, Joy elle, est vêtue d'une robe multicolore ultra voyante, aux motifs licornes.

      - Salut la pipelette - Me lance Fabio, tout en me donnant une tape sur le bras.

      - Ne l'écoute pas, il est de mauvaise humeur, il pense encore avoir perdu une âme sœur - Rétorque Joy.

     - Ah ah très drôle ! Tu n'y connais rien à l'amour toi, avec ton cœur de pierre ! - Réplique Fabio.

     - Désolée, ils n'ont pas arrêté de se chahuter aujourd'hui - me dit Anna. Il vous reste encore de la pâte à cookies ?- Me demande- t-elle.

J'ignore leurs chamailleries et ses excuses pour lui répondre :

     - Oui, demande à Joe, il doit en rester dans la réserve. Par contre, on va bientôt fermer donc dépêchez-vous.

    - Vous avez entendu les névrosés, c'est maintenant ou jamais si vous voulez de la pâte pour vos spaces cookies.

Les deux se précipitent alors dans le café, tandis qu'Anna reste près de moi.

    - Tu as prévu quelque chose ce soir pour le nouvel an ? - M'interroge-t-elle.

    - Non rien.

     - Nous on se retrouve au City Parc avec quelques bières et si tout va bien des spaces cookies -Me sourit-elle. Tu es le bienvenu si ça te dit.

Je reste silencieux et observe le ciel où de gros nuages blancs ont fait leur apparition, elle me demande alors :

    - Tu aurais une cigarette pour moi ? J'ai oublié mon paquet dans ma planque chez moi.

Je lui tends la mienne.

    - Tiens, je n'ai que ça, j'ai terminé le mien.

Elle s'en empare, fume ce qu'il en reste puis, l'écrase contre son pied et la jette dans une poubelle. Elle revient ensuite vers moi et sans que je ne m'y attende, m'attrape par le bras et me tire vers le café :

    - Allons rejoindre ces deux énergumènes avant qu'ils ne rendent fou ton patron.

Je me laisse traîner jusqu'à l'intérieur du café, puis me dégage d'Anna, qui se précipite déjà vers ses deux compères accoudés au bar.

Soudain, alors que je récupère ma veste sur le portant à l'entrée, mon regard se porte sur l'extérieur. De l'autre côté de la rue, dos à la devanture, une fille à la silhouette fine et à la longue crinière brune marche, un étui à guitare sur le dos : Sam.

Je lance un rapide, "Salut Joe, à lundi " en direction de mon patron et m'engouffre dans la rue sans un regard en arrière. Je récupère mon vélo à l'arrière du bâtiment, puis roule en direction de Sam. Arrivé à sa hauteur, je ralentis. Elle, conserve sa cadence, les yeux rivés vers l'horizon, le visage fermé, des écouteurs dans les oreilles. Impossible qu'elle ne m'ait pas vu. Sam me rend la monnaie de ma pièce, elle m'ignore, comme je l'ai fait pour elle le soir du bal. Madame est visiblement en colère.

Je continue de rouler quelques mètres près d'elle, écoutant simplement le bruit de ses pas, détaillant son visage, son corps, ses mouvements. Et même si j'apprécie le spectacle, ma patience finit par me faire défaut. J'accélère et monte sur le trottoir pour lui barrer la route. Elle se stoppe net, plante, un regard noir dans le mien, puis me contourne pour me dépasser.

Breathe 🤍Où les histoires vivent. Découvrez maintenant