Chapitre 32

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Mon pouls s'accélérait alors que l'intensité de son regard s'amusait à discerner la curiosité vive qui se cachait derrière ma question. Il jouait de me voir lui offrir des yeux de biche, il se plaisait à me faire patienter. Il s'avança alors vers moi, grossissant volontairement son torse, levant son menton, touchant discrètement le coin de sa bouche avec l'aide du bout de sa langue. Chaque action me valait un battement de cœur irrégulier. Encore une fois, il m'étudiait tout en laissant sa tête tomber légèrement de côté. Shogo crevait de me voir aussi impatiente.

Mince ! À quoi jouait-il ? Pourquoi laissait-il délibérément le temps passer aussi lentement ? Pourquoi l'atmosphère me pesait-elle autant sur les épaules ? Alors que je me plaignais et que sa présence commençait à me picorer de partout, une aura déraisonnable et anormalement monstrueuse me frappa subitement. J'en perdis l'équilibre, mais Shogo s'empressa de m'attraper par les hanches avec l'aide de son bras, il me colla aussitôt à lui alors que mes paupières menaçaient de se fermer, je me battais contre cette lourdeur et plantais mes pupilles dans les siennes avec fermeté et détermination.

- Miss Kaanéa, vous en savez déjà bien assez sur moi pour aujourd'hui.

- Enfoi.. Je peinais à parler.

Sa foutue voix, qui avait baissé de plusieurs tons, causa des vagues de frissons incontrôlables sur la totalité de mon corps, de la tête aux pieds. Sa main gauche, qui maintenait le creux de ma hanche, se resserra un peu plus et s'enfonça de même afin de me rapprocher encore de lui.

J'avais des difficultés à me maintenir, c'était grâce à lui et à sa force que je me maintenais plus ou moins droite. Mais encore, nous étions légèrement baissés, lui près de moi. Enfin il se décida à me libérer de l'emprise de son armure invisible. Il libéra l'air qui me tabassait jusqu'à maintenant, j'en avais de la sueur sur le front tant la chaleur et la lourdeur m'avaient assommée.

Il se détacha de moi et me fit signe de le suivre. Je comprenais qu'il ne comptait pas me donner de réponse, du moins, pas aujourd'hui. Ça me frustrait.. mais me plaisait également. Puis cette nouvelle image de lui aussi, cette mesquinerie, ce côté séducteur qui ne lui ressemblait pas. Peut-être qu'il était finalement ainsi, que c'était sa véritable identité ? Mais qu'à cause de ce passé dans l'oublie, il n'avait pas pu ressortir ce côté-là de lui ? Argh ! J'en savais rien, mais j'étais sûr que j'allais finir par le savoir un jour.

Je le suivais, passant par la terrasse et trouvant ce fameux escalier que j'appréciais grandement. Mon regard tarda sur les coquelicots qui semblaient me parler, puis je pris la route aux côtés de cet homme que je ne pensais pas laisser entrer dans ma vie un jour. Je ne pouvais pas nier qu'il n'avait non pas ouvert qu'une porte, mais bien plus que ça. Il se tenait devant celle-ci et ne pouvait plus faire machine arrière.

Nous étions totalement piégés.

L'après-midi montrait le bout de son nez, alors que je me trouvais à présent dans ma chambre, seule. Le retour avec Shogo fut très silencieux, nous avions simplement profité des luxures naturelles de la forêt. Le chant des oiseaux, le bruit que les prédateurs faisaient en chassant, les appels à l'aide de leurs proies. Il avait cette manie d'être complètement différent, puis de redevenir fidèle à lui-même.

Personne ne m'avait parlé lorsque j'étais rentré et j'avais évité tout le monde. Je crois bien que je les effrayais, car il y avait comme un parfum de crainte qui flottait dans l'air depuis mon arrivée. L'odeur de Nomili se trouvait toujours dans ma demeure, ce qui m'irritait sincèrement et obligeait cette négativité à rester ancrée en moi. Voress ne m'avait plus l'air d'être ici, à cause du travail sûrement.

DIMENSION - TOME 1 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant