Chapitre 38

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Je patientais silencieusement, encore et toujours au château. Je ne savais pas vraiment pourquoi je restais ici. Yediel s'entretenait avec je ne savais qui et je m'en fichais totalement. Il m'avait demandé de rester, et je m'interrogeais encore sur la raison pour laquelle je l'écoutais ? Une chose vibrait parfois en moi, cela venait-il de notre lien avec Shogo ? De sa colère peut-être.. et de ma douleur ? Je me trouvais dans l'incapacité de me décider. Du côté de ma louve, celle-ci dormait et ne voulait pas se réveiller. Sa fatigue se ratatinait sur moi, m'ôtait toute envie de profiter de la vie.

Le soleil se couchait progressivement, mais je ne bougeais pas de mon fauteuil. Je ne me trouvais plus sur celui qui décorait l'ancienne chambre du roi Ofinn, mais sur celui qui se trouvait dans ses appartements. Dans un salon plus précisément. Je ne me sentais bien évidemment pas à mon aise, car j'imaginais son popotin assis sur celui-ci autrefois. C'était sûrement pour cela que mes ongles ne se détachaient plus de son tissu. Des traces gigantesques s'ancraient en lui à présent. Il ne ressemblait plus à rien et cela me rassurait. Je savais que Yediel ne me dirait rien et j'en jouais.

D'ailleurs, ce dernier arriva soudain, m'observant brièvement. Je me souvins alors d'une chose que je me devais d'éclairer. Une chose qui me laissait perplexe.

- Tu as fait exprès de lui dire cela. Je serrais les dents, appréhendant.

- Bien évidemment. Il ne prit pas la peine de le cacher.

Un rire nerveux s'échappa de ma bouche et ma tête s'élança vers l'arrière. Je retenais ses larmes qui menaçaient de couler. Le lien me faisait souffrir.

- Pourquoi Yediel.. ?

- C'est de votre faute, Dayle. Il s'accroupit en face de moi. Si vous étiez resté bien sagement dans le secret, alors je n'aurais pas eu à le faire. Je t'ai toujours fait comprendre que je ne reculerai devant rien pour t'avoir, et ça n'a pas changé.

- Tu es égoïste.

- Non, mon doux coquelicot. Je suis déterminé, et amoureux. C'est tout.

Ce surnom me fit tilter un instant. Était-ce par pur hasard où savait-il qu'il s'agissait de ma fleur préférée ? Comment.. ? Argh ! Et puis pourquoi était-il aussi honnête avec moi ? Pourquoi ne me mentait-il pas pour me dire qu'il n'avait pas fait cela intentionnellement ?

Je devrais lui hurler dessus pour ce qu'il avait fait, mais je n'en avais ni la force, ni l'envie. Et puis sa façon d'être avec moi m'en empêchait. Cependant, je lui en voulais tout de même de m'avoir causé un tourment comme celui-ci. D'avoir retourné Shogo contre moi. Je le lui montrais au travers de mon regard. Il le comprenait et l'acceptait sans rechigner, mais cela ne l'empêchait pas d'être satisfait de lui et de m'aimer inconditionnellement.

Une présence nous interrompit subitement. Lorsque son odeur entra par mes narines, je ne pus me retenir de grogner. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vu.. Guérin, l'ancien meilleur ami à mon père. Que faisait-il ici ? Lorsqu'il me remarqua, une certaine gêne se mit à flotter au-dessus de nous. Il s'excusa auprès du roi de l'interrompre et s'avança. Je n'aimais pas ça.

- J'ai envoyé l'oiseau, le message a bien été réceptionné, roi Ezzelim.

- Très bien, Guérin. Vous pouvez disposer.

Ce dernier hocha la tête et resta un moment à m'observer. Son âme désirait me parler, mais la mienne ne lui ouvrait aucune porte. Ma résiliation le touchait à quelque part, et je ne comprenais pas cet attachement. Pourquoi s'acharnait-il autant ? Nous n'avions plus rien à nous dire désormais.

DIMENSION - TOME 1 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant