Chapitre 23

66 11 1
                                    











Un souhait ? Quelle bonne question. Quelque mois plus tôt je n'aurais pas hésité une seule fois. Et pourtant, deux prénoms résonnaient en moi actuellement, mais je ne pouvais pas prononcer l'un des deux. J'observais les alentours, laissant planer un silence reposant qui regorgeait de suspens. 

Yediel patientait calmement. Il me laissait du temps pour répondre, bien que je savais déjà ce que je voulais le plus au monde actuellement. La brise de la grotte dansait sur ma nuque, comme si elle cherchait à me détendre. Je pensais à ce souhait qui ne se réaliserait jamais et qu'on me demandait d'énoncer. C'était plus difficile que prévu. J'ouvrais parfois la bouche et la refermais aussitôt, ça me coûtait de le dire, ça me détruisait d'en avoir conscience. 

- S'il se réalisait sans contrainte, alors je voudrais que mon père ne soit jamais mort. Je me tournais vers le roi délicatement. Je souhaiterais ne jamais avoir à goûter à une haine comme celle avec laquelle j'ai vécu toutes ces années, ne jamais avoir à souhaiter ce type de souhait.

Ses pupilles brillaient. Il s'attendait à une réponse comme celle-ci, cependant, il ne s'attendait sûrement pas à me voir aussi sentimental. Car, pour une fois, mon ton n'était pas ferme, ni glacial. Simplement rempli de mélancolies et plein de regrets. 

- Tu ne me demandes pas ? Il tenta de me faire sourire.

- Non, ton rêve à toi cela doit sûrement être moi.

Yedial s'esclaffa délicatement, et j'en fis de même. Je l'avais pris de court et il appréciait grandement. Quant à moi, j'abandonnais l'espace d'un instant la charge que j'avais sur les épaules. Je voulais rire, pour une fois.

- Tu y es presque.

Je ne répondis pas, et lui offris un simple sourire sincère. 

J'avais désiré me rapprocher de lui pour de bonnes raisons, mais finalement, cela s'était fait naturellement. Je détestais cette idée à cause de notre situation, mais nous étions peut-être faits pour être ami ? Bien qu'il voulait plus que ça. Toutefois, allais-je pouvoir être réellement son amie un jour ?

Argh ! Yediel ! Je le détestais lui aussi de me faire ressentir ce type de sentiment. Pourquoi tout le monde cherchait à briser le mur que j'avais eu du mal à construire ? Pourquoi se fissurait-il aussi aisément ?!

Et alors que je planais dans un monde qui n'était autre que le mien, Yediel m'extirpa de celui-ci. Il se leva soudainement et retira sa chemise. Je détournais la tête, un brin gêné par cette action qui sortait de nulle part, alors qu'il se moquait de moi. Ensuite, il se dirigea vers le lac où il entra avec l'aide de ses pieds nus. 

- Elle est vraiment bonne, tu devrais me rejoindre.

Je vérifiais le pour et le contre, et je devais bien admettre que l'idée me plaisait. C'est pourquoi je retirais mes chaussures et mes chaussettes, puis mon pantalon. Je gardais uniquement le long tee-shirt que je portais. Heureusement que j'avais décidé d'emprunter celui à mon frère. 

Le roi profitait plus de cet instant que moi, je voyais bien que ce moment tous les deux lui réchauffait l'âme et le cœur. Était-ce une bonne idée venant de moi que de passer du temps avec lui ? Une petite chose en moi avait un mauvais pressentiment, mais je l'ignorais parce que ce petit enfoiré venait de m'éclabousser.

Bien sûr, je lui rendis l'appareil et c'est ainsi que commença une grande guerre humide et sans pitié. L'écho de nos rires se mélangeait dans les airs, ainsi que le frôlement de nos mains sur la surface de l'eau. Yediel me souleva et me jeta un peu plus loin. Je ne tardais donc pas à rejoindre les profondeurs, ne percevant plus aucun son, plus aucune présence.

DIMENSION - TOME 1 (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant