J'essaie de comprendre ce qui se passe sous mes yeux.
J'ai été appelé en renfort comme l'ensemble des héros se trouvant dans le coin, pour venir en aide aux pompiers suite à l'explosion d'un bâtiment. J'ai failli me prendre un building en plein vol quand j'ai vu l'adresse exacte.
Le QG de l'alliance.Je pense n'avoir jamais volé aussi vite de toute ma vie, la peur me broyant les tripes, mon mauvais pressentiment ne voulant pas me quitter. Puis je suis arrivé sur les lieux. Et j'ai vu. Ces immenses flammes bleues dévorant tout sur leur passage et s'étendant aux immeubles voisins, le bâtiment sur le point de s'effondrer.
C'est impossible, c'est un cauchemar. Ça ne peut pas être réel. Alors que je regarde autour de moi pour comprendre d'où vient ces vibrations, je me rends compte qu'il s'agit en fait de moi. Mes membres sont parcourus de tremblements incontrôlables. Et je me rends soudainement compte que je suis terrifié. Je tremble littéralement de peur. Ça ne m'étais jamais arrivé depuis que je suis devenu apprenti héros.
Le cri d'un blessé me permet de reprendre mes esprits. Un pompier m'informe qu'il reste probablement encore des personnes à l'intérieur mais le bâtiment est en train de s'effondrer.
Ce qui a suivi demeure flou dans mon esprit. Je n'étais plus maître de mes actes, seulement en proie à une immense terreur. Je me suis précipité à tire d'ailes dans le brasier, volant à travers les couloirs s'effondrant sur mon passage, zigzaguant au milieu du brasier. J'essaie de prendre une grande inspiration pour me calmer et m'éclaircir les idées, mais ne peux que respirer la fumée chaude qui me brûle les poumons. Je tousse en volant à l'aveuglette, je ne sais même plus quelle direction prendre, moi qui connaissait ces dédales par cœur. Je n'ai plus rien du héros numéro 2 à l'heure actuelle.
Je finis rapidement par me retrouver à courir, ne pouvant plus étendre mes ailes au milieu des gravats et du feu léchant le plafond. J'essaie de me frayer un chemin jusqu'aux tréfonds du bâtiment, y laissant quelques plumes carbonisées au passage. Je sais que ce n'est pas prudent, mais je n'arrive plus à réfléchir. Je sais seulement que je dois y aller, qu'il est hors de question que je fasse demi-tour et sorte de là sans lui.
La chaleur est de plus en plus insoutenable et me brûle la peau, l'air est irrespirable et j'halète comme un forcené. J'ai la gorge en feu. J'y suis presque. Encore quelques mètres. Encore un peu.
Mes larmes coulent toutes seules et je ne sais plus si c'est à cause de la fumée ou bien de la peur qui ne me quitte plus. J'avance à l'aveuglette, la tête me tourne alors que j'essaie désespérément d'aspirer de l'oxygène au milieu de cette fournaise.J'évite tant bien que mal un morceau de plafond, me laissant une trainée brûlante sur la joue. Rester debout devient de plus en plus dur, avancer presque de l'ordre de l'impossible. Mes jambes ne me portent plus. L'odeur de mes plumes grillées m'emplie le nez en même temps que la fumée emplissant le couloir, m'empêchant de respirer.
Je tombe à genou, luttant pour reprendre ma respiration. Mon corps entier semble se consumer tellement la chaleur est insoutenable. Alors que j'essaie de lutter pour me relever malgré la sensation désagréable que je suis sur le point de m'évanouir, j'aperçois au loin la porte. SA porte.
Je tends la main dans sa direction. J'y suis presque .
Je me traine difficilement sur le sol, le bout de mes doigts se brûlant au passage. Mais je continue à avancer malgré la douleur, malgré mes poumons me suppliant de sortir de là. J'avance vers la pièce. Tout est complètement noir, entièrement calciné.
Je reste figé, à contempler ce qui avait été sa chambre. Il ne reste plus rien. Tout a disparu. Il a complètement disparu.
Tout est fini.
Je sombre lentement, m'écroulant sur le sol au milieu des flammes grandissantes.