Somebody like us |Terminé|

Chapitre 9

LORANE

Sean se doute de quelque chose. C'est la première pensée qui m'habite ce matin lorsqu'il franchit les portes du gymnase avec un grand sourire. Il me regarde un instant, hausse un sourcil, puis finit par poser ses fesses par terre. A côté de moi, Jules qui discute avec Morgan ne s'est aperçu de rien. Et tant mieux. Je donne un coup de coude à Myla.

— Pourquoi ton frère me mate avec un grand sourire ?

Myla regarde Sean et hausse les épaules. Dans un soupir, elle me dit :

— Il s'est mit en tête que tu nous cache quelque chose, et il a décidé de trouver quoi. Alors ne t'étonne pas, il fait une obsession, mais ça va vite lui passer quand il constatera que tu n'as rien à cacher.

J'avale bruyamment ma salive, ce qui attire l'attention de mon amie. L'air de rien, je lui adresse un grand sourire. Comment Sean peut-il se douter de quelque chose ? Merde, ce n'est pas possible !

Je tourne la tête vers lui, et remarque qu'il est toujours en train de me regarder. Je détourne le regard mais je sens ses yeux sur moi. Je le sens me fixer et ça m'agace. Il est vraiment chiant, voilà une chose dont je suis sûre. J'ai envie de poser la main sur mon ventre mais j'ai peur que cela attire l'attention. Alors, je ne fais rien et regarde mon petit ami qui vient de me poser une question.

— Tu m'écoute, Lorane ? demande-t-il.

— Non, désolée. Tu disais quoi ?

— Je te demandais comment tu allais ce matin.

J'adresse un sourire à Jules et décide de lui mentir, encore une fois. J'ai passé la matinée la tête dans la cuvette, et honnêtement je préfère ne pas lui dire. Comment le pourrais-je ? Il finirait par se douter de quelque chose. Aussi, je lui dis tranquillement :

— Parfaitement bien, et toi ?

— Ça va, merci.

Je vois bien que Jules veut ajouter quelque chose, mais il est coupé par le proviseur qui entre dans le gymnase. A voir son air strict et le fait qu'il nous ait tous convoqués ce matin, je sens que le temps est aux remontrances. Il nous jette à tous un regard noir et je me sens tressaillir un instant. Jules prend sa main dans la mienne et me chuchote que tout va bien se passer. Mais comment expliquer qu'il n'ait convoqué que les terminales ?

Le proviseur est un homme grand, aux courts cheveux gris et à l'air peu commode. En bientôt trois ans d'existence dans son lycée, je n'ai jamais mis les pieds dans son bureau. Je sais que Sean est un habitué lui, vu toutes ses absences et toutes les fois où il s'est fait virer de cours. D'ailleurs, je suis étonnée de constater que Sean se pointe au lycée aujourd'hui. Mais si j'en crois Myla, il est là uniquement pour percer mon secret à jour. Et ça me fou la trouille.

Le proviseur s'éclaircit la voix, ce qui me tire de mes pensées. Il s'humecte les lèvres quelque secondes pendant que je m'arrache la peau des ongles, tant je suis stressée.

— Si je vous ai convoqué ici aujourd'hui, c'est parce que j'ai entendu parler de la petite fête qu'on fait les terminales vendredi dernier.

C'est le silence dans la salle. Tout le monde se jette des regards, paniqués.

— Et étant donné que personne ne se dénonce, je vous ai fait venir pour vous annoncer que vous êtes tous collés pendant trois mois. J'ai donné des congés à l'équipe de ménage. Par petits groupes, vous serez dans l'obligation de tout nettoyer durant le temps de cette punition.

Quelques soupirs se font entendre. D'autres personnes hurlent que c'est injuste, qu'elles n'étaient même pas là. De mon côté, je ne peux m'empêcher de me dire que la punition est un peu légère, compte tenu de toutes les règles que nous avons enfreintes dans le lycée. J'ignore qui est à l'origine de cette fête, mais je sais qu'il doit s'en mordre les doigts maintenant.