Chapitre 24

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Mai, trois mois plus tard...

SEAN

Beaucoup de choses ont changés en ces derniers mois, mais ce qui ne bouge pas, ce sont les remarques des gens. En apprenant la grossesse de Lorane, qui est impossible à manquer même sans lunettes, beaucoup de monde nous a critiqué. Mais ce qui me blesse le plus est ceux qui disent que c'était une erreur, et que Lorane aurait dû s'en séparer. Ça me fait mal au cœur que les gens parlent de mon enfant comme ça, après tout ce qu'il s'est passé entre Lorane et moi. Ce bébé est issu de l'amour, et c'est tout ce qui compte.

Entre Lorane et moi, les choses sont devenues... plus intéressantes. Je pense que partager toutes les nuits son lit avec la future mère de son enfant y est pour quelque chose. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai failli l'embrasser. Et ce que je pensais arriver est indéniable : je suis amoureux d'elle à nouveau. La nouvelle n'a pas plus à Jemma qui a coupé les ponts avec moi. Je pense qu'elle m'aimait dans le fond, mais je n'en aurais jamais la certitude. A vrai dire, nous n'avons jamais réellement parlé de la grossesse de Lorane avec Jemma. Tout ce que je sais est que cela n'a jamais plu à Jemma. Comme à beaucoup de monde.

Je me rappelle seulement une brève conversation avec Jemma. En fait, c'est la dernière fois que je l'ai vu.

— Tu te rends compte, Sean ? Tu vas avoir un enfant, et tu as tout juste dix-huit ans ! avait-elle dit.

J'avais froncé les sourcils et lui ai jeté un regard noir.

— Ça, je le sais. Mais je ne regrette rien. Cet enfant a été conçu dans l'amour, et vivra dans l'amour, c'est la seule chose qui compte. Si tu viens là pour me juger, tu sais où se trouve la porte.

Jemma avait soupiré et m'avait pris par le bras. J'étais conscient de tous les regards sur nous, dans la salle de sport, et le fait que Jemma hausse le ton n'arrangeait rien à ce manque de discrétion.

— Je ne veux pas te juger, Sean, mais tout de même ! Je veux dire, tu n'es pas prêt ! Toi et moi le savons bien !

— Alors tu la joue comme ça ? Bien sûr que j'ai peur de ne pas être à la hauteur, mais ce n'est pas une raison pour me dire de telles choses. Je ne suis pas parfait, mais c'est ce qui t'a plu, je me trompe ?

Jemma a froncé le nez puis a hoché la tête en lâchant mon bras. Sa main sur ma peau a laissé dans son sillage des milliers d'interrogations. Elle a ensuite remis ses cheveux blonds sur son épaule et a soupiré longuement. C'était tellement long que j'ai cru m'endormir.

— Ce n'est pas la seule chose qui m'a plu, Sean. Tu ne voulais rien de sérieux et voilà que maintenant tu vas te retrouver avec un enfant !

— Bordel, mais lâche-moi avec ça !

— Je crois que tu ne te rends pas bien compte de ce que cela implique. Ta vie va être dédié à cet enfant, tout ton être ne jurera que par lui. Ta vie va radicalement changée et je ne crois pas que tu t'en rendes bien compte.

Je me suis reculé et ai serré les poings.

— Si je ne m'en rends pas bien compte ? Bordel, mais bien sûr que je m'en rends compte ! Je me rends compte qu'à chaque fois que Lorane respire, je me dis qu'elle porte une partie de moi en elle. Je vérifie toutes les nuits qu'elle respire bien, que le bébé est en bonne santé. Et si tu savais ce que j'ai ressenti quand j'ai entendu son cœur battre pour la première fois ! C'était tellement beau que, juste pour ça, je sais que nous avons fait le bon choix.

Et sur ces mots, je ne l'ai pas laissé répliquer. Sous les applaudissements de certaines personnes de la salle, je suis ensuite parti. J'ignorais que je ne reverrais jamais Jemma à ce moment-là, mais c'était la seule chose à faire. Elle sous-entendait que ce bébé était une erreur, que je n'étais pas prêt ni fais pour ça. Je ne pouvais pas en entendre davantage et suis parti jusqu'à chez Lorane, les larmes aux yeux mais le cœur plus léger.

Somebody like us |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant