Chapitre 15

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LORANE

Je prends la main de Jules dans la mienne, et ensemble nous quittons le lycée pour aller chez moi. Derrière nous, Myla et Ayden qui se tiennent aussi la main, sont en train de parler. Je ne sais pas ce qu'ils se racontent, mais j'ai comme cette désagréable impression qu'ils parlent de moi. Je le sens parce que Myla n'arrête pas de me jeter de drôles de regards, comme le fait si bien son frère.

— Tu te sens comment aujourd'hui ? me questionne tendrement mon petit ami, plus prévenant que jamais.

— Je crois que ça va, dis-je. Enfin, j'ai encore un peu la nausée, mais ça commence à se calmer.

— C'est normal, dit-il, ce n'est que le début. Tu verras, dans deux mois tu n'y penseras plus.

Deux mois... Ou plutôt deux semaines. Mais ça, je ne peux pas le lui dire.

— Je n'arrive pas à croire qu'on va devenir parents. Il faut que j'en parle à mes parents ! s'exclame Jules.

Je deviens livide. Ce serait la dernière idée du monde ! Jules ne doit pas en parler à ses parents, tout simplement parce que, eh bien, ce n'est pas le père de mon enfant. Mais il ne le sait pas.

— Pourquoi ? demandé-je, l'air de rien. Je veux dire, je ne l'ai pas encore annoncé aux miens.

Je ne sais pas comment désamorcer la situation. Je comprends que Jules ait envie d'en parler, mais il n'a pas à le faire. Je ne veux pas qu'il le fasse. Je compte d'abord l'annoncer à mes amis, et après on verra. Je sais qu'ils seront d'un soutien inébranlable, même si je ne sais pas encore comment je vais pouvoir le leur dire. Honnêtement, j'ai un peu peur de ce qu'ils pourraient penser. A vrai dire, ce n'est pas commun d'être enceinte à dix-sept ans.

— Eh bien, je ne sais pas trop avoue-t-il, j'ai juste envie de leur en parler. Ce sont mes parents, tu sais, j'ai envie de leur dire la vérité. D'ailleurs, pourquoi n'en as-tu pas encore parlé aux tiens ?

— Je comprends, mais je ne veux pas que tu le fasse. Du moins, pas maintenant, Jules. Et si je n'en ai pas encore parlé à mes parents, c'est parce que je ne suis pas prête. Comment veux-tu que je leur dise ? C'est bien trop compliqué pour moi et-

— Tu as peur qu'ils ne te comprennent pas ? coupe Jules.

Je hoche doucement la tête, les larmes aux yeux. J'ai peur qu'ils me forcent à me séparer de ce bébé, alors que j'ai choisi de le garder. Pire, s'ils découvrent que ce n'est désormais plus possible, comment vont-ils réagir ? Je ne suis pas prête à leur avouer que je mens à Jules et Sean depuis le début. Pour qui je passerais ? Pour une menteuse, voilà tout, mais d'un autre côté, c'est un peu ce que je suis, et ça ne me plait pas du tout.

— Entre autres, avoué-je. Je ne veux pas qu'ils me forcent à me séparer de ce bébé.

— Tu penses qu'ils pourraient te demander ça ?

— Je n'en sais rien, mais je ne veux pas savoir. Ça m'inquiète trop de savoir qu'ils peuvent influer mon choix. Et de toute façon, c'est trop tard maintenant-

Trop tard ? répète Jules. Comment ça ?

Merde. En parlant de mes peurs, je ne me suis pas rendu compte de ce que je disais. Mais comme c'est devenu une seconde nature chez moi, je me remets encore à mentir :

— Ce que je veux dire est que c'est trop tard maintenant, je me suis déjà attaché à cet enfant. Je veux le garder.

Un grand sourire illumine le visage de mon petit ami. Je n'arrive pas à le regarder dans les yeux. Je me sens mal de lui mentir, même si ce n'est que partiellement. Effectivement, je dis tout de même la vérité. Je veux dire, j'aime cet enfant et je veux le garder, mais aussi, même si je le voulais, il serait trop tard pour changer d'avis. Ce bébé a presque trois mois maintenant, et je ne me vois pas l'annoncer non plus.

Somebody like us |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant