Chapitre 20

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SEAN

— Tu dis que ça s'est passé il y a plus de trois mois ? Mais Jules était déjà avec Lorane à ce moment-là ?

Je regarde Myla, assise à l'autre bout de mon lit et secoue la tête.

— Non, je ne suis pas comme ça, Jules et Lorane n'était pas ensemble quand... Eh bien quand on a conçu ce bébé.

Le dire à voix haute me rend dingue. Bordel, tout ceci va bien trop vite. J'ai à peine le temps de me remettre de mes émotions. Moi, père ? Je ne l'aurais jamais imaginé, je suis bien trop dissipé pour ça. Pourtant, il va le falloir, parce que j'ai promis à Lorane que je serai là pour elle. Que pouvais-je faire d'autre ? Renier tout ce qui est arrivé, sans l'ombre d'un scrupule ? Non, j'en suis incapable. Je ne pourrais pas me regarder en face si je faisais une telle chose, c'est bien trop horrible. Alors, je ferai ce qu'il faut. Je lui tiendrais la main quand elle accouchera, j'essuierais ses larmes quand elle aura peur. Je ferai ce qu'il faut, bien qu'une boule d'angoisse se forme dans ma gorge.

Je tente de reprendre ma respiration en posant une main sur mon cœur. Je compte les battements de mon cœur et cela m'apaise un peu. Je ne suis pas prêt, c'est tout ce que je sais, mais je sais aussi que c'est indéniable, et que je le veuille ou non, Lorane a décidé de garder ce bébé, alors je vais l'assumer. Si Jules était le père, comme je le pensais au début, je suis sûr qu'il aurait mieux gérer la situation que moi, surtout que sa mère l'apprécie bien plus que moi, il n'y a pas photo. Mais peu importe, je sais que je pourrais compter sur Myla, elle qui semble si heureuse à l'idée de devenir tante.

— Je vois, dit-elle. Heureusement que tu n'es pas ce genre de mec.

— Quel genre de mec ? demandé-je.

— Le genre à briser des couples.

D'un côté, je pense que Myla a tort, parce que Jules et Lorane ne sont plus ensemble, et c'est quelque part de ma faute. Si je n'avais pas couché avec Lorane, il n'y aurait pas eu ce bébé, et elle et Jules formerait toujours le parfait petit amour. Seulement, si Jules n'est pas capable de supporter cela, je le trouve con et ridicule. Quand je pensais qu'il était le père, j'étais au plus mal, mais je n'ai crié sur personne. Et lui, en plus d'avoir hurlé sur Lorane, il m'a frappé. D'ailleurs, j'ai mal aux côtes à chaque fois que je respire, mais ça ira.

— J'ai peur, Myla, avoué-je à ma sœur.

Myla se rapproche de moi et pose une main sur mon épaule.

— Je sais, Sean, mais tu ne seras pas tout seul. Je serai là pout toi, tu es mon frère, et j'aime Lorane. Vous serez des parents parfaits.

Au même moment, la porte de me chambre s'ouvre. Ma mère arque un sourcil derrière mon père et nous regarde à tour de rôle.

— Depuis quand vous trainez ensemble, tous les deux ?

— Eh bien, depuis presque dix-huit ans, lancé-je avec ironie à mon père.

Mon père fronce les sourcils, il déteste que je me foute de sa gueule. On n'a jamais été très proches, lui et moi. Il a toujours pensé que j'étais un moins que rien. Déjà parce que je ne rapporte pas de bonnes notes comme Myla, mais aussi parce qu'il est venu me chercher au poste plusieurs fois. Parfois, je me demande s'il m'aime. Je veux dire, il fait comme si je n'existais pas. Je mentirais si je disais que ça ne me faisait pas mal au cœur, mais après tout, on s'habitue.

— Ne te moque pas de moi, Sean. Je suis habitué à vous trouver ensemble peut-être, mais surtout quand vous vous engueulez.

— Peu importe, dis-je d'une voix triste. Que faites-vous là ?

Somebody like us |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant