Chapitre 13

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LORANE

Lorsque Jules part de chez moi, de longues minutes plus tard, je pose une main sur mon ventre et réfléchis. Je viens de rentrer de l'hôpital, et la seule chose dont j'ai envie, c'est de dormir. Pourtant, je ne fais que penser, tout se confond dans mon crâne, m'empêchant de m'assoupir. Je ne fais que penser au mensonge qui grandit en moi. Bordel, comment ai-je pu laisser Jules croire qu'il est le père de mon enfant ?

Même si au fond de moi je m'en veux, je sais que Sean ne peut pas être le père que j'attends. Je sais bien que tout serait plus simple si Sean était plus... eh bien, plus comme Jules. Cependant, Sean est Sean, et rien ne pourra changer ça. Je sais qu'il pourrait fournir des efforts, mais je veux avant tout qu'il le fasse pour lui, et non pas parce qu'il en est contraint. Je ne sais pas exactement ce que je veux, mais je sais que je ne veux pas que Sean soit le père de cet enfant tant qu'il réagira de la sorte.

Je me sens horrible parce que je sais que je lui ai brisé le cœur en affirmant que Jules est le père de cet enfant. Mais je n'ai pas réussi à avoir la bouche à ce moment-là, si bien que je leur ai laissé croire ce qu'ils voulaient entendre. Et puis, j'ai tellement peur de perdre Jules que je fais n'importe quoi. Et si la vérité se sait, parce que ça va bien finir par se savoir, comment vont-ils réagir ? Oh mon Dieu, je préfère ne pas trop y penser.

Maintenant, il me reste encore une chose difficile à faire : l'annoncer à mes parents. Il faut aussi que je l'annonce à mes amis avant qu'ils ne l'apprennent de la bouche de quelqu'un d'autre. Et par quelqu'un d'autre, j'entends Sean. Je ne sais pas combien de temps Sean est capable de cacher mon secret. Mais à vrai dire, peut-être qu'il s'en fou. Peut-être que le regard déçu que j'ai vu lorsqu'il a quitté la chambre était faux. Je ne sais pas, et j'ignore si je veux réellement le savoir. Je me sens mal, c'est la seule certitude que j'ai.

Je me lève de mon lit et vais devoir mon miroir. L'image que me renvoi le miroir est étrange. Je semble tellement fatiguée que je me demande comment je tiens encore debout. A l'hôpital, ils m'ont dit de beaucoup boire, parce qu'à force de vomir, je m'étais déshydratée, et ce n'est pas bon pour le bébé, ni pour moi. Mes parents me forcent à me trainer avec une bouteille d'eau partout où je vais. Du coup, je bois, mais cela ne change rien à ma fatigue.

Je pose les mains sur mon ventre et me met de profil. Je me demande à quoi je vais ressembler les prochains mois. Ça commence à peine à se voir, et je sais que le mensonge va être impossible à garder, tout simplement parce que ça ne colle pas. Quand Jules va se rendre compte que je lui ai menti, mais surtout Sean... Je ne donne pas chère de ma peau. Je viens juste de gagner du temps en mentant, j'en suis consciente, mais je n'ai rien trouvé d'autre sur le moment. Je me sens misérable, je ne sais même pas comment rattraper ça.

Au moment où j'entends du bruit dans l'escalier, je m'empresse de retourner dans mon lit. La porte s'ouvre alors dans un faible grincement, laissant apercevoir la chevelure doré de ma mère. Je baille et la regarde qui pénètre dans ma chambre tranquillement, un plateau dans les mains.

— Tu as faim, ma chérie ? demande-t-elle.

— Pas vraiment, dis-je.

— Tu as bu ?

— Oui, Maman.

— Bien, c'est très bien.

Ma mère se dandine d'un pied sur l'autre. Je me demande ce qu'elle a, mais je n'insiste pas. Notre discussion est dénuée de sens, je le sais, ce qui ne veut dire qu'une chose : ma mère est suspicieuse. Elle finit par s'assoir sur le lit, posant le plateau remplit de confiseries sur mon bureau.

— Pourquoi as-tu dit à Jules de partir ? Il aurait pu rester dormir ici, tu sais. Il avait l'air presque blessé en partant. Tu lui as dit quelque chose de particulier ?

Somebody like us |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant