Chapitre 12

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SEAN

— Sean ? Tu es sûr que tout va bien ? Tu massacres ce truc depuis au moins une heure, me demande Myla, quelques heures plus tard.

Non, Myla, ça ne va pas bien. J'ignore ma sœur jumelle et continue de taper dans ce fichu punching-ball. Je suis hors de moi, je n'arrive même pas à dire à voix haute mon tracas. Je n'arrive pas à croire que Lorane m'ait caché un truc pareil ! Mais surtout, je n'arrive pas à croire qu'elle soit enceinte.

Bordel, c'est vraiment la merde. Je continue de taper encore et encore, luisant de sueur. Je suis conscient du regard de Myla sur moi, mais je fais comme si elle n'existait pas. J'ai besoin d'une ligne, putain.

Sean ! Qu'est-ce qu'il t'arrive, bon sang ? redemande Myla.

Rien, laisse-moi et occupe-toi de tes affaires.

Je finis par arrêter de taper dans ce pauvre punching-ball, voyant que ça ne me détend pas plus que cela. Je me demande, au juste, si j'arriverais à me détendre un jour. Je n'arrive pas à croire que Lorane porte un bébé, et encore plus que ce soit celui de ce connard de Jules !

Je bouscule Myla et monte dans ma chambre. Je l'entends protester et ça me fou encore plus la rage de voir qu'elle me suit. Arrivé dans ma chambre, je tente de fermer la porte à clef, mais le pied de Myla vient m'en empêcher. Je lève les yeux au ciel, abandonne, et me laisse tomber sur mon lit. Je sais qu'une bonne douche me ferait du bien, mais j'en incapable. Tout ce que je vois, ce sont les traces des mains de Jules partout sur le corps de Lorane, et ça me fou la rage au ventre.

— Sean ! Explique-moi. Je ne comprends rien. D'abord, tu te barres avec Lorane et Jules, et maintenant que tu reviens, soit presque vingt-quatre heures plus tard, tu sembles prêt à arracher la tête au premier venu ! Dis-moi, je suis ta sœur, je peux sans doute t'aider.

— Barres-toi d'ici, Myla. Putain, j'ai besoin d'être seul, tu saisis ?

Myla secoue la tête et vient s'assoir à côté de moi. Je ne veux pas être méchant avec ma sœur, mais bordel, que ne comprend-t-elle pas dans le fait que je veux être seul ? J'ai besoin de réfléchir à tout ça. Ce connard aux mocassins de daron ne peut pas être bientôt père ! Je me refuse à ça. Et je refuse encore plus qu'il touche à un seul cheveu de ma Lorane, même si j'arrive bien trop tard.

Je me passe les mains sur la nuque et commence à regarder le plafond. Je me rappelle encore ces soirées où Lorane disait qu'elle voulait accrocher des étoiles sur le plafond, pour faire comme dans les films américains. Je n'arrive pas à croire qu'en quelques mois, tout a pu basculer à ce point-là. Lorane était mienne, et elle est partie, aussi vite que ce qu'elle est arrivée dans ma vie. Je ne me remets déjà pas de cette rupture, alors savoir qu'elle porte l'enfant d'un autre me donne des envies de meurtres. Tout était parfait. De la courbure de ses lèvres à la façon qu'elle avait de me rendre fou par son regard.

Mais aujourd'hui, tout a changé. Et moi, je suis au plus mal. Je n'arrive pas à la regarder dans les yeux. Quand j'ai quitté l'hôpital, il y a maintenant deux heures, je n'osai plus la regarder dans les yeux. Pour moi, quelque chose s'est brisé en moi quand elle a osé dire que cet enfant était celui de connard. Et putain, il n'est pas prêt à être papa ! Il n'est prêt à rien ! Du moins, c'est ce que je me dis pour me rassurer. Ce n'est pas possible, je devrais être à sa place. C'est injuste.

— Sean, écoute, surenchérit Myla. Je n'aime pas te voir comme ça. Alors, dis-moi, j'ai besoin de savoir. Et Lorane, comment va-t-elle ?

— Elle va bien, trop bien même. Ne t'inquiète pas pour elle, marmonné-je dans ma barbe, amer.

Somebody like us |Terminé|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant