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Isis ne se souvient plus de la dernière fois où elle est restée allongée dans son lit avec le regard perdu dans le ciel bleu à travers la fenêtre. Elle ne se souvient plus de ce sentiment de calme absolu en regardant le déplacement des nuages au gré du vent.
Comme si sa vie d'avant, elle était absente.
Ses yeux sont simplement rivés sur le plafond. Elle est exténuée par ses cauchemars, par ses dernières insomnies qu'elle ne compte même plus. Elle enchaine les anxiolytiques, les antidépresseurs comme pour essayer de se convaincre que tout finira par s'arrêter.
Seuls trois coups la tirent de sa torpeur. Elle se traîne pour ouvrir la porte en étant sûre de ressembler à un cadavre ambulant. Devant elle, se tient Pierre et ses yeux bleutés qu'elle pourrait regarder pour l'éternité. Ses dents mordillent sa lèvre inférieure, accentuant la couleur rosée de cette dernière.
Il passe une main dans ses cheveux en étant fébrile face à la jeune femme se tenant devant lui. Il perd sa contenance, il se retrouve comme un adolescent face à cette rencontre qu'il a imaginé depuis plusieurs semaines, depuis la dernière soirée où ils s'étaient croisés.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? souffle-t-elle tout bas.
- Je... je crois que tu me...
Pierre aimerait dire qu'elle lui plaît tellement qu'il n'a pas cessé de penser à elle mais son assurance disparaît bien vite face à l'air qu'elle aborde. Il s'arrête inquiet en constatant son teint est blafard et ses traits tirés par une fatigue persistante.
Il remarque que sa tenue est négligée, elle ne porte qu'un t-shirt délavé arrivant au milieu de ses cuisses dénudées. Il voit l'horreur de son état à travers ses yeux vitreux, témoins d'une nature épuisée qui lutte vainement contre un mal insaisissable.
- Est-ce que tout va bien ?
Pierre regrette immédiatement sa question en voyant les larmes affluer aux coins de ses paupières. Elle hausse les épaules de manière évasive, sans pour autant répondre à la question. Isis aimerait répondre pourtant elle en est incapable. Elle refoule ses souvenirs en restant muette comme une tombe.
Hécatombe dans sa tête.
Tempête dans ses pensées.
Elle se jette précipitamment dans les bras du jeune homme, elle se raccroche à lui comme à une bouée de sauvetage, pour ne pas couler, pour ne pas se noyer. Elle l'étreint avec puissance et Pierre est désemparé en entourant son corps de ses bras.
Il est déboussolé quand elle commence à sangloter. Tout est un paradoxe, il n'attendait que ça. Le moindre contact avec la belle brune, il est soulagé qu'elle se tienne dans ses bras mais il est désemparé par la situation qui lui échappe, encore plus quand ses lèvres s'écrasent sur les siennes avec avidité.
Elle l'embrasse, sans lui laisser le temps de respirer mais Pierre n'a pas la force de la repousser. Il a désiré ce moment depuis trop longtemps pourtant il devrait face à ce goût salé ne quittant pas ses lèvres. Il devrait mais il est incapble de s'éloigner, irrémédiablement attiré. Il se contente d'accueillir ses lèvres, de recueillir sa peine.
