3.3⭐On ne laisse pas Bébé...

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Parker alterne son regard entre nous, un sourire naissant sur sa figure alors qu'elle pense certainement qu'il y a quelque chose entre lui et moi, surtout vu la façon dont il me dévisage.

Et si avant il flirtait avec moi pour s'amuser et nous créer une amitié complice, depuis deux ans, il est différent.

Il me taille sur mon physique et mon laissez allez, et pourtant, il se mordille la lèvre en fixant ma poitrine.

Il a toujours eu une « obsession » pour les gros seins. Ce n'est pas un secret et il l'a même avoué sur un plateau de télé. Que ce soit les miens, par contre, c'est nouveau.

Le jour où j'ai rencontré Isaac, je l'ai tout de suite trouvé malheureusement craquant. Puis je me suis dit qu'il serait bien plus beau s'il fermait sa gueule.

Je m'étais retrouvée seule, en robe de soirée Balanciaga et face au tapis rouge accueillant les plus grandes célébrités.

Une robe me faisant une poitrine divine et m'ayant même donné envie d'embrasser mon reflet tellement elle me rendait désirable.

Tom était encore en train de faire des photos alors que je l'attendais, en retrait, avant d'entrer dans l'immense théâtre parisien où se déroulerait la cérémonie des César.

Mais alors que je me sentais de plus en plus à l'écart, un grand rouquin à l'air malicieux s'est approché de moi et m'a murmuré « on ne laisse pas Bébé dans un coin ».

Si moi je n'étais pas à l'aise, il était mon opposé.

Personne ne savait qui il était et ne l'avait photographié. Je m'étais dit qu'il devait être le compagnon d'une actrice ou bien un jeune réalisateur, vu sa dégaine dans son costume.

Jusqu'à ce qu'il me glisse en anglais « je te parie une rangée de shots que j'ai le temps de me commander un burger à la brasserie d'à côté avant qu'il termine ses photos. »

Je venais de rencontrer un véritable gamin impertinent, mais surtout, le nouvel attaché de presse de Tom. Mais aussi l'un des problèmes de notre relation.

— Isaac, l'interpellé-je pour qu'il me regarde dans les yeux. Pourquoi es-tu là ?

— Je t'ai appelé au moins dix fois.

— Ce n'est pas un motif pour faire des kilomètres jusqu'ici. Je veux la vraie raison.

— Salut ! Moi, c'est Parker ! Tu es un ami proche d'Alix ?

Elle insiste sur le mot « proche » et bien évidemment, Isaac saute sur l'occasion en lui faisant son plus beau sourire.

— Ouais, assez.

— Vous avez couché ensemble ?

— PARKER ! m'écrié-je en mettant mes mains sur sa bouche.

— J'ai toujours voulu. J'en ai encore envie. C'est sans fin.

— Hein ?

— Ooooh ! Intéressant ! Ça vous dirait de venir vous installer à Asheville ? Les loyers ne sont vraiment pas chers et il recrute à la brasserie d-

— Elle est marrante ta nouvelle copine, l'interrompt-il en la désignant du doigt. Je vois qu'on se fait rapidement des amis... Mais ce n'est pas parce que je suis à New York que tu dois m'oublier.

— Vous vivez à New York ? La route a dû être longue ! Il faut qu'on vous donne à boire.

— Parker...

— Oh non, ça va, je suis à Charlotte en ce moment. Par contre, j'ai une de ces dalles !

— Comment ça « tu en as encore envie » ? l'interpelé-je en fronçant les sourcils. Y'a quelques jours, tu me critiquais sur mon apparence physique.

— Je viens de te le dire, j'ai la dalle !

— Va te faire foutre, Isaac.

Je m'écarte de lui, m'éloignant le plus possible pour passer à autre chose et commencer à installer les guirlandes de LED, lorsque Parker laisse s'échapper un rire presque démoniaque en nous pointant tous les deux du doigt.

— Je vais vous abandonner parce que vous devez avoir beaucoup de choses à « régler » !

— Attends, Park-

— À bientôt Isaac.

— Salut, « Parker ».

J'aurais voulu lui parler un peu plus de mes soucis, de pourquoi je l'avais repoussé, mais elle semble m'avoir pardonné si vite que j'en suis encore surprise.

Tout est maintenant silencieux dans la boutique et, lorsque je croise le regard d'Isaac, je ne peux m'empêcher de tourner la tête pour ne pas qu'il perçoive mon agacement, mais surtout, le rougissement de mes joues.

— On va manger ? insiste-t-il.

— Tu vois bien que j'ai du trav-

— Quel travail ? Ça ? C'est un travail ?

— Tu n'as pas des communiqués de presse à envoyer ?

— Allons en parler devant une immense assiette de frite au cheddar ! Non, mieux, tu me fais ton fameux riz frit ! Tu t'en rappelles ?

— Oui, malheureusement...

Je reste un instant silencieuse, me remémorant de douloureux souvenirs lorsqu'Isaac les exprime à l'oral pour leur redonner vie :

« Le soir où Tom a laissé s'éterniser une séance de dédicace avec ses fans, il y a presque deux ans. Il t'a dit qu'il essaierait de te rejoindre le plus vite possible... De mon côté, je l'attendais sur votre canapé pour lui parler de boulot alors que nous étions le 24 décembre.

Tu t'es étonnée que je sois seul pour fêter le réveillon de Noël et, quand je t'ai fait remarquer que tu l'étais également, tu t'es mise en colère. Toi qui étais la plus fragile de nous deux, la plus blessée, tu t'es mise au fourneau en envoyant Tom se faire foutre, et tu m'as fait ton riz « spécial ».

Celui que tu réservais à Tom dans ses mauvais jours. Je m'en souviens. Riz basmati, œuf brouillé, saucisses chinoises, oignons vers et une lichette de sauce soja. C'était hyper bon. Le meilleur repas de ma vie.

C'était ce dont j'avais envie à ce moment-là. J'étais exténué parce que j'étais exigeant et perfectionniste.

Tu m'as dit « Tu n'as pas besoin d'être le meilleur. Fais comme tu peux, et tu seras déjà extraordinaire. »

Je m'en souviens encore, Alix. »

Et moi, je me souviens de l'après.

De son baiser imprévu. De son rire nerveux contre mes lèvres et de ma peur. Peur qu'il ait tout détruit entre nous. De ce qu'il pourrait ressentir envers moi...

Isaac tend sa main vers moi, m'incitant à me rapprocher de lui pour qu'il se mette à jouer avec mes doigts. Les balançant gentiment dans tous les sens avant de les caresser délicatement.

— Et puis Tom est revenu. Il m'a refait le portrait.

— C'était la première fois qu'il m'insultait.


L'entendre le déclarer, de nouveau, ça me fait mal.

Parfois, je m'estime heureuse que Tom n'en soit resté qu'à des insultes avec moi, vu l'état du visage d'Isaac après leur dispute.

C'est ce jour-là où, ne pouvant rayer son collègue de sa vie, qu'il nous a demandé de ne plus nous fréquenter. De se tenir à l'écart l'un de l'autre et qu'Isaac ne serait plus le bienvenu chez nous.


Après ça, il a toujours eu des doutes sur ma fidélité, à tort. Comme j'en ai eu sur la sienne, jusqu'à ce que je le quitte.



⭐⭐⭐



pov: your crush is fan of your exOù les histoires vivent. Découvrez maintenant