4.3⭐Wicked Weed

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J'ai réuni toute ma bonne volonté, un samedi soir, pour traverser toute la ville sur la moto de Parker et me retrouver dans un hangar entouré par la forêt. Bonne idée ?

Wicked Weed est ce que j'appelle un « repère à hippie moderne ».

D'un côté, de la vente de bières artisanales et de pâtisseries. De l'autre, des œuvres dépassant ma sensibilité pour l'art contemporain.

Des émanations suspectes, de la musique faisant trembler les murs et des gens totalement stones allongés sur d'épais tapis aux motifs psychédéliques.

— C'est du délire... murmuré-je en observant l'immensité du hangar et le nombre de personnes présentes.

— Ils organisent ça au moins deux fois par mois.

— Ok... Euh... Viviane m'a dit qu'elle se trouverait dans « le wagon de train au nord du hangar ».

— Oh oh, ouais, tu dois définitivement m'accompagner avant d'y aller. Tu veux un brownie ?

— Ce n'est pas un brownie normal, j'imagine ? Sinon, la pancarte n'afficherait pas un avertissement.

— Ça va te faire du bien, juste ce qu'il faut. Tant que tu t'hydrates, que tu es en sécurité et que tu n'en manges qu'un seul. À ne pas allier avec de la fumette, par contre. C'est OK ?

J'accepte le cadeau de Parker alors qu'elle me fait un sourire presque malveillant, mais je suis vite surprise par la saveur qui n'a rien de différent d'un bon brownie. C'est fort en chocolat.

Nous arrivons quelques minutes plus tard jusqu'au stand de bière artisanal où je rencontre Nathan pour la deuxième fois.

L'immense et chauve petit-ami de Parker l'enlace dans ses bras jusqu'à la soulever et répondre à son baiser torride qui me met très mal à l'aise.

Si l'absence de gêne vient bien de Parker, je perçois néanmoins une infinie douceur dans les mouvements de son copain lorsqu'il la regarde.

— Salut, Alix. Tu veux goûter à une bière brassée d'Asheville ?

— Tu me conseilles quoi parmi ce... bordel ?

Nathan soulève chaque bouteille pour en lire les étiquettes avant de fouiller dans les cagettes à ses pieds alors que Parker, toute sourire, me fait part de son côté bordélique en me montrant une photo de sa voiture.

Et cette déchèterie roule... ?

La jeune femme part s'assoir sur un pouf moelleux, entre le stand de son copain et celui d'un autre artisan vendant des pierres « magiques » avec qui elle entre en discussion intense, lorsque le barbu me tend un gobelet rouge.

Il me sert une Pale Ale à la couleur cuivrée et au goût léger... jusqu'à ce que je sente quelques picotements sur ma langue.

— Alors ?

— J'allais te dire qu'elle était bonne, mais la fin m'a déçue.

— C'est ce que je répète tout le monde, et ce que je ressasse à mon boss. Mais il tient à sa gamme de bière héroïque.

— Héroïque ?

— Il appelle ça une « Flash ».

En parlant de héros, je repense au tournage de la série se déroulant actuellement à Charlotte et où Tom doit incarner une sorte de Superman version Wish.

Je me demande comment Isaac a pu se débrouiller pour l'annoncer à la presse...

Mes sourcils se froncent et je me sens soudain mal, un nuage de tristesse prêt à se transformer en tempête perturbant mon esprit.

« Je reviendrais plus tard. » déclaré-je en posant mon gobelet à moitié vide avant de m'éclipser discrètement pour ne pas être rattrapé par Parker.

C'est dommage que le brownie ne fasse pas encore effet car j'ai envie de m'évader. De m'échapper de mes pensées moroses.

Lorsque j'arrive dans la zone nord du hangar, je fais face à une femme immense et tout en muscle me toisant de la tête aux pieds. Elle se tient devant les escaliers permettant de monter jusqu'au premier wagon et, après lui avoir donné mon identité, me laisse pousser la porte du lieu à l'ambiance tamisée.

J'y découvre un long comptoir de bar couleur ivoire... et un type torse nu au bide poilu qui est en train d'essuyer des verres.

— Bonjour ! Vous êtes nouvelle ? Oh, c'est pour regarder ? Parfait. Je vais seulement vous prier de vous déshabiller.

— P-Pardon ?!

— Vous devez garder vos sous-vêtements, par contre.

— Nickel, me voilà rassurer !

— Non, sérieusement. Pas de nudité pour vous. Vous êtes en observatrice donc interdiction d'avoir le moindre contact physique. Si vous voulez revenir, il faudra remplir le formulaire juste ici et fournir des documents liés à votre santé.

— C'est du délire... Où est-ce que je suis ?

— Test de maladies sexuellement transmissibles, poursuit-il, prouver et garantir l'utilisation d'une contraception... Bref, vous trouverez les détails sur le forum de la mairie.

— ...Parce que j'imagine que le maire cautionne ? plaisanté-je.

— Depuis des années. Comment est-ce que vous pensez qu'il est réélu ?

Je reste immobile et silencieuse face au type qui me presse de me dépêcher de me déshabiller avant de passer la seconde porte d'où s'échappe des bruits très suspects.

Ok, je ne vais clairement pas assister à une séance de yoga. Dans quoi est-ce que tu m'as entrainé, Vivi...

Je peux rebrousser chemin, mais... je suis curieuse. Peut-être que ça commence à faire effet en moi, mais je me sens un peu plus désinhibé. Enfin, pas au point d'être à l'aise avec mon propre corps.

Je me retrouve en sous-vêtement en coton et mal assorti, mes bras cachant le plus possible mes bourrelés et mes jambes serrées, avant de pénétrer dans l'antre nuancé de bleu et de violet.

Ce qui me frappe en premier, dans ce wagon, c'est la place qu'il y a. La deuxième chose, c'est comment les corps entièrement nus et présents remplissent cette « place ». Troisième, c'est le bruit.

Le son de la baise, très clairement. L'odeur, aussi. Pour le goût, il faudrait que je demande à la femme à quelques centimètres de moi.

Oswald, qui était bien en sous-vêtement, me désigne la zone surplombée d'un néon rose avec inscrit « Watch & Chill » et m'incite à ne pas en sortir, sauf dans l'unique but de quitter le wagon.

Je me glisse jusqu'à cette dernière, m'excusant au passage d'avoir dérangé certains ébats en cours, lorsque je m'adosse à la paroi en poussant un long soupir.

C'est démentiel et en même temps, j'ai déjà vu pire.

Dix ans de vie mondaine dans le milieu du divertissement, ça marque. Je me souviendrais toujours de cette fois où Viviane m'a amené en boite et où nous avons assisté à une orgie entre plusieurs grandes célébrités.

Maintenant que je découvre cette scène absolument parfaite dans son imperfection, mélangeant des corps de toutes les formes, âges et couleurs, je trouve ça à la fois troublant, dérangeant, mais un chouia excitant.

De là à participer ? Je ne pense pas. Être spectatrice, c'est ce que je fais de mieux.

« Toi aussi, tu t'es fait traquenarder ? »

Mon cœur rate un battement par surprise, mais également incompréhension, lorsque je tourne la tête et ouvre grand les paupières sur Bennett.

Torse nu, une fine ligne de poil blond, presque transparent, descendant d'entre ses pectoraux jusqu'à entrer dans son caleçon et, bon sang...

Je ne regrette plus une seconde d'être venue.



⭐⭐⭐



pov: your crush is fan of your exOù les histoires vivent. Découvrez maintenant