The quiet boy (Sakusa Kiyoomi x oc)

I want you to cry, cry for me

Mercredi 12 septembre,

Je sortis de la salle de retenue et regardai l'heure. 16h30. Heureusement que j'avais décalé le rendez-vous avec Eiji...
Je traversais la cour du lycée qui était plutôt silencieux. Seul un bruit persistait. Un bruit régulier de quelque chose qui s'écrasait sur le sol avec force.
Je jetai un coup d'œil aux alentours et vis au loin, la porte du gymnase ouverte. Je partis jeter un coup d'œil, voir qui pouvait bien faire tant de bruit. Je passais la porte et vis Sakusa, un panier de ballons à ses côtés, smashant de toutes ses forces.

- Tu t'entraînes encore ?

Il me répondit simplement par un hochement de tête, ne se détournant pas de son activité.

- Sakusa-san, il est 16h30. Ça fait 4 heures que tu devrais être parti. T'as mangé au moins ?

Cette fois-ci, il ne me répondit pas.
Je m'approchai et envoyai valser le ballon dans lequel il allait frapper.

- Écoute-moi quand je te parle.

Il se tourna enfin vers moi, un air ennuyé sur le visage.

- Te surmener comme tu le fais ne te rendra pas meilleur ! Et puis, mange correctement ! Parce que je te vois avec ton bento ! Tu mets tout et n'importe quoi ! T'as pas assez à manger pour quelqu'un qui fait autant de sport !

Il m'adressa à peine un coup d'œil, complètement désintéressé par ce que je disais.

- As-tu besoin de devenir le meilleur quand tu l'es déjà !
- Je suis loin d'être le meilleur.

C'était les premiers mots qui sortaient de sa bouche et il les avait dit d'une façon froide et sèche, comme si cette déclaration ne pouvait pas être remise en cause.

- Sakusa-san, j'ai regardé peu de matchs de volley dans ma vie mais je sais que t'es bon. Je sais que tu feras carrière. Tout le monde le sait.
- Ushijima Wakatoshi.
- Jamais entendu parler, répondis-je, sans comprendre.
- Ce mec est un monstre. L'ace nº1 de Miyagi.

Je le regardai, n'ayant toujours pas compris.

- On est à Tokyo, là. Ça n'a aucune importance.
- Aucune importance ?

Ses sourcils se froncèrent et il éleva la voix. C'était la première fois depuis que je l'avais rencontré que je le voyais élever la voix.

- Peut-être que pour toi, oui ça n'a aucune importance. Tu viens voir nos matchs une fois par mois, tu ne serais même pas capable de dissocier un bon joueur d'un joueur moyen.

Je ne pouvais pas le contredire sur ce point là.

- Mais je te l'ai déjà dit. Ça crève les yeux que tu es talentueux !
- Face aux joueurs comme Wakatoshi, être talentueux ne suffit pas, il faut travailler et travailler.
- Travailler et travailler ? Ça veut dire sauter les repas pour s'entraîner pendant la pause de midi ? Ou bien rester toute l'après-midi au lycée à frapper des ballons jusqu'à avoir les mains en sang ?
Il haussa les épaules.

- Si c'est le prix à payer.

Il se baissa pour ramasser un ballon mais je l'arrêtai en lui attrapant la main. Je vis tout son corps de tendre et il fit un pas en arrière, tirant d'un coup sec pour s'échapper de ma poigne.

- Désolée, j'aurais pas dû.

Il détourna le regard et je compris que ce n'était plus la peine d'essayer de le convaincre de s'arrêter.

- Je suppose que rien de ce que je te dirais ne te fera arrêter de te surmener.

Il ne me répondit pas, ses yeux étaient tournés vers le vide.
Je sortis de mon sac un petit paquet de gâteau et une bouteille d'eau que je posais à côté de lui.

- C'est peut-être pas super sain mais au moins ça te fera un apport en énergie.

Il parut surpris.

- Disons que c'est pour te remercier de ce que tu as fait pour moi ce matin...

Je l'entendis murmurer un faible « merci » juste avant que je quitte la salle.
Il ne fallait pas que je traîne ou j'allais louper mon rendez-vous avec Eiji.

J'arrivai au café où on avait rendez-vous, pile poil à l'heure. Eiji m'attendait déjà, assis à une table un peu en retrait du reste.

- Salut, je t'attendais pour commander.

Je m'assis et le serveur s'approcha pour prendre nos commandes.

- Alors, commença-t-il, t'étais collée ?

Je lui racontai toute l'histoire. Il ricana.

- Ayame-chan devrait te remercier. Elle l'a fait au moins ?

Je réfléchis.

- Euh, oui je crois. Je m'en souviens pas très bien.

Maintenant qu'il le disait, c'est vrai qu'elle ne m'avait pas remercié. Mais bon, elle était secouée et traumatisée par cette histoire, je ne lui en voudrais jamais.
Il me parla de sa petite amie qu'il avait rencontré au début de l'année dernière.

- Et toi ? Yui m'a parlé d'une histoire entre toi et un garçon. Un certain Sakusa Kiyoomi je crois ?

Je m'étouffais dans mon smoothie.

- Sakusa Kiyoomi et moi ? N'importe quoi ?

Il afficha un air taquin.

- Ah bon ? Elle m'a dit que depuis le début de l'année tu ne faisais que le regarder et parler de lui ?
- N'importe quoi. L'écoute pas elle raconte que des conneries.
- Ok. Mais parle moi un peu de lui, ça m'intéresse.

J'haussai les épaules.

- Si ça t'amuses. Je le connaissais pas avant le début de l'année mais ce mec est littéralement trop. Il est fort partout et il sait tout faire. C'est impressionnant.
- La vache, il doit être super populaire !
- Bah non. En fait, il parle pas à grand monde. Son cercle d'ami doit se limiter à Yui, son cousin et moi.
Il est assez réservé. Au début, je pouvais pas me le voir et puis après, on a passé l'été ensemble parce que nos grands-parents sont voisins. Il est très gentil, tu aurais du le voir avec mes grands-parents. On a passé un très bon été. Je regrette même que c'est pas duré plus longtemps. Il s'est même inquiété pour moi quand je suis tombée de cheval. Il s'est aussi inquiété pour moi quand je me suis battue avec Kamiya. Et encore tout à l'heure avec ma crise d'angoisse–

Je relevais la tête, me rendant compte de quelque chose.

- Oh.

Je me rendis compte que je devais lui faire peur à chaque fois avec mes aventures. Je baissai la tête.
Eiji sembla comprendre puisqu'il enchaîna :

- Écoute vu ce que toi tu m'en dis et vu ce que je sais déjà, ça ne doit pas le gêner de t'aider. Il a pas l'air du genre à se préoccuper beaucoup des autres...

Je relevai la tête immédiatement, outrée.

- C'est normal qu'il ne se préoccupe pas des gens qui le jugent et se moquent de lui car il a plus de difficultés à s'intégrer. Si j'étais à sa place, je ferais pareil.
- C'est pas ce que je voulais dire, je voulais dire que pour qu'il s'occupe de toi ainsi, tu dois beaucoup compter pour lui. Et c'est réciproque non ?
- Quoi, paniquai-je.
- Natsuki-chan, le mec est gentil, doué en tout et tu es la seule personne dont il se préoccupe. Personne ne t'en voudra d'être amoureuse de lui.

Je restai silencieuse.

- C'est le copain de Yui, abruti.
- Yui m'a jamais dit qu'elle voyait quelqu'un. Et puis, ça te coûte rien d'essayer.
- Essayer quoi au juste ?
- Essayer de lui parler de ce que tu ressens.
- Et je ressens quoi ? De l'amitié.
- Je peux pas tout faire non plus. Qu'est-ce que tu ressens quand t'es avec lui ?
- Je sais pas.
- Arrête de te mentir. Va le voir et dis lui.

Je posais une billet sur la table pour régler ma consommation et sortis. J'espérais qu'il serait toujours au lycée.
J'arrivai au portail, trempée à cause de la pluie et me dirigeai vers la salle de sport.
La porte était toujours ouverte et je décidai de jeter un œil à l'intérieur.
Mon corps se figea quand j'aperçus la scène qui se déroulait en plein milieu du terrain.
Sakusa, les joues rouges, faisaient face à Yui, qui avait un grand sourire sur les lèvres et la main sur l'avant bras du brun.
Venaient-ils juste de s'embrasser ?