Phoenix

Chapitre 2 Flavie

Huit mois plus tard, impasse Rougemont, La Rochelle, Août deux mille vingt et un.

Cela fait maintenant un mois que j'ai ouvert mon atelier couture dans la belle ville de la Rochelle. L'héritage que mes parents m'ont laissé, a payé une partie de ce local. J'ai encore un livret de cent cinquante mille euros, l'assurance vie de ma mère. Le reste de l'argent de la vente de leur maison a été placée pour l'instant. Le mètre carré à Nantes n'étant pas donné, j'ai pu en tirer six cent mille euros pour un cent dix mètres carrés. De ma vie d'avant, je n'ai gardé que des photos en souvenir et bien entendu la cent vingt-cinq de mon premier amour, celui de ma jeunesse, celui qui vit au milieu des étoiles, mon étoile dans la nuit, celle qui me guide, celle qui me donne la force d'avancer. Je n'ai jamais pu me séparer de sa moto, trop de souvenirs attachés à ce morceau d'acier, même si j'ai passé mon permis moto le jour de mes dix-huit ans.

Mais je dois me tourner vers l'avenir à présent, je dois lui faire honneur, je sais qu'il me regarde et m'accompagne. C'est pour cela que j'ai quitté Nantes, pour pouvoir tirer un trait sur mon passé avec Logan. J'ai donc acheté ce local, il fait trente mètres carrés au sol et comprend un grenier de la même surface car c'est un toit à la mansart*. Au rez-de-chaussée, j'ai un atelier de vingt mètres carrés avec de grandes vitrines donnant sur l'impasse et une réserve de dix mètres carrés à l'arrière où j'ai entassé tout le matériel nécessaire pour coudre. Il y a du tissus, des patrons, du fils... Je donne des cours de couture et fais-en parallèle des retouches ainsi que de la création de vêtements. J'ai nommé mon atelier « le renouveau ! De la confection à la réparation ». C'est inscrit en lettres blanches sur ma vitrine.

Sous les toits, j'ai un petit studio, une surface de vingt mètres carrés dédiée à un coin cuisine ouvert sur un salon, qui est également ma chambre le soir venu, le clic clac me servant de lit. Dans les dix mètres carrés restant, il y a dans six mètres carrés, une salle d'eau et WC dans la même pièce et je me suis fait un petit dressing dans les quatre derniers mètres carrés. Il y a un grand Velux côté salon qui éclaire ma cuisine aménagée, et un autre grand Velux dans ma salle d'eau.

Pour monter dans mon appartement, il faut déplier un escalier escamotable. Eh oui, à la base c'était un grenier que j'ai fait aménager en studio juste après la signature définitive. J'ai voulu garder l'escalier escamotable pour une question de pratique. En effet, celui-ci se trouve dans ma réserve et lorsqu'il est replié, je dispose des dix mètres carrés dans son entier pour ma réserve. Le soir, peu m'importe d'avoir de l'espace en moins puisque je ferme boutique à vingt heures et que je monte directement chez moi.

En cette fin de journée, je suis en train de discuter avec une de mes plus fidèles clientes. Elle habite juste à côté de chez moi et me porte souvent des cookies fait maison. En contrepartie, je lui fais des petites réparations sur ses vêtements ou des tissus d'ameublement. Au départ, elle venait au moins quatre fois par semaine, autant dire presque tous les jours puisque je suis ouverte du lundi au samedi. Elle m'amenait des ourlets à reprendre, des robes à rétrécir car elle avait perdu du poids. Elle me payait sans négocier quoi que ce soit. Au bout de quinze jours et après de heures de discussion, puisqu'elle restait à mes côtés lors de mes réparations sur ses tissus, nous sommes devenues proches. Je n'ai jamais eu de grand-mère, alors je l'ai adoptée et elle m'a adoptée, n'ayant pas d'enfants, donc pas non plus de petits enfants.

— Mamie, tu vas me faire ressembler à une baleine avec tous ses petits gâteaux secs et au lieu de travailler sur la confection d'habits pour mes clientes, il va falloir que je refasse toute ma garde-robe !

— Pff, tu peux largement te lâcher sur mes gâteaux, tu ne prends pas un gramme. Tu dois tout perdre lorsque tu fais ton jogging, il faut bien que je m'occupe de t'engraisser, tu n'as que la peau sur les os.