Chapitre 3 Flavie

1.8K 132 10
                                    

Retour dans le présent.

En me relevant de ma chaise, j'essuie les larmes qui sont venues accompagner mes souvenirs. Je me dirige vers la réserve, ferme la porte puis ouvre l'escalier escamotable. Je monte pour retrouver la jeune femme, assise sur mon clic clac. Elle me regarde avec un air de panique.

— Alors ? me fait-elle.

— Ils sont partis.

— Quoi ? Ils sont partis comme ça, sans essayer de me rechercher plus que cela ? Ils ont laissé tomber si facilement ?

— Disons que je les ai aidés à partir, dis-je en sortant de derrière mon dos, l'arme que j'avais glissée dans ma ceinture.

— Oh, je vois... tu sais t'en servir ?

— Ne pointe jamais une arme si tu ne sais pas t'en servir. C'était le conseil que me donnait mon père.

— Me donnait ? Il est mort ?

— Oui, ma mère également dans un accident, il y a deux ans maintenant.

— Mes condoléances, je ne savais pas, désolée.

— Normal, on ne se connait pas.

— C'est vrai excuse-moi, je me présente, je m'appelle Romy, Romy Becker.

— Enchantée, Romy Becker. Moi, je suis Julie Manie.

J'ai changé de nom et de prénom lorsque je suis venue m'installer à La Rochelle. Enfin, changer est un grand mot, mes papiers sont restés officiellement au nom de Felix Flavie, j'ai repris mon nom de jeune fille après avoir demandé le divorce. Mais les gens ici me connaissent sous le prénom de Julie. Mon courrier arrive au nom de Julie Manie, mes factures téléphoniques, EDF et mes impôts, arrivent à une poste restante à mon véritable nom. Je n'ai pas pris le risque que quelqu'un fasse le rapprochement entre moi et la fille qui a planté son mari. En tapant mon nom sur le net, on trouve les faits sur les réseaux sociaux ainsi que dans le journal local de Nantes. Si seulement ils n'avaient mis que mon nom de marié mais non, mon nom de jeune fille a été également divulgué. Heureusement, l'incident n'a pas intéressé les journaux télévisés.

— Enchantée également Julie. Je suis désolée de t'avoir emmené tous ces problèmes, je n'ai eu d'autres choix que de me planquer chez toi, je n'ai même pas un téléphone pour prévenir mon frère, je l'ai perdu lors de ma fuite.

— Pourquoi en ont-ils après toi ?

— Je suis montée à Nantes faire la fête avec des amies, que j'avais rencontré pendant des vacances. On a été dans un bar mais je n'ai pas fait attention que c'était le repère des Bodygard, le club ennemi du notre. J'avais mis mon blouson d'appartenance mais quand j'ai réalisé que j'avais mis les pieds au mauvais endroit, j'ai sauté sur ma moto et je suis redescendue comme une fusée. Mais, ils avaient également de bons bolides, ils m'ont collé au cul pendant tout le trajet. Je ne pouvais pas me permettre de les emmener vers notre QG, l'adresse est top secret, donc j'ai réussi à les perdre dans les rues de la Rochelle que je connais comme ma poche. J'ai garé ma moto dans un parking souterrain puis j'ai pris le premier bus. Malheureusement, alors que je regardais par la fenêtre, on a croisé un des motards qui m'a vu debout au milieu de l'allée du bus. Le temps qu'il avertisse les autres pour qu'ils fassent demi-tour, je suis descendue en me servant de l'arrêt d'urgence... c'était au bout de ta rue, désolée.

— Ne le sois pas, je ne pense pas qu'ils auraient rebroussé chemin chez quelqu'un d'autre, à moins que ce dernier n'ait été armé comme moi.

— Tu as sans doute raison. Ma bonne étoile, c'est toi.

PhoenixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant