Septembre deux mille vingt et un.
Voilà bientôt trois semaines que je me suis réfugiée dans cette chambre d'hôtel, je ne suis pas sortie, j'ai profité de la piscine intérieure, de leur salle de sport pour me remettre en forme. Ma cheville va mieux, je ne pense pas que c'était une entorse sévère. Cela fait trois, quatre jours que je peux remarcher normalement sans éprouver de douleur. J'ai fait mes achats de fringues sur internet et me suis faite livrer tout ça à l'hôtel. Ma garde-robe ayant brulé, il fallait bien que je réinvestisse. Heureusement que j'ai assez d'argent de côté.
Pour ma boutique, l'assurance est venue faire les constatations, nos échanges ont eu lieu uniquement par téléphone. L'incendie a été reconnue comme étant criminel. Les réparations sont entièrement prises en charge, seule une franchise de mille cinq cent eurosm'est demandée. Quand on ne les a pas, c'est sûr que cela semble beaucoup.
Aujourd'hui est mon premier jour à l'extérieur de l'hôtel depuis l'incendie, je n'ai pas pu me rendre à l'enterrement de Mamie Rose, le mardi vingt-cinq août, car je suis sûre que l'on m'aurait attendue à cet endroit-là. J'ai réglé tous les frais car elle n'avait plus de famille.
Cela fait maintenant dix-sept jours. Dix-sept jours où la femme qui a égayé ma vie est décédée. Si mes souvenirs sont bons, je suis partie de chez mamie vers quatre heures du mat. Je pense que lorsque les pompiers ont quitté mon impasse, les Bodygard ont frappé à sa porte, je suis pratiquement sûre qu'ils ont attendu patiemment que tout soit redevenu silencieux pour aller interroger Mamie. Je me dis qu'aujourd'hui, neuf jours après son enterrement, personne ne doit plus surveiller le cimetière. Je me baserais sur le fait que ce gang n'est pas de la région, qu'ils ne peuvent pas rester sur place pendant des jours sans avoir le club de bikers de Romy sur le dos. Ils prendraient un gros risque en continuant de trainer dans le secteur sans leur armée, sachant qu'ils s'en sont pris à la petite sœur du V.P des... Phoenix... je crois que c'est comme cela qu'ils s'appellent... Phoenix, ils doivent se douter qu'il va y avoir des répercussions, donc se préparer à une guerre de gang.
Je sors de l'hôtel, j'ai mis mon sweat noir à capuche et mon cuir. J'ai un jeans noir également et des rangers aux pieds. Voir sans être vue. Je m'arrête chez le fleuriste du coin pour prendre un bouquet de roses jaunes, la couleur de l'amitié dans le langage des fleurs. Je passe au garage récupérer ma moto, enfile mon casque, colle le bouquet de fleurs entre mon sweat et mon blouson puis démarre pour me diriger vers le cimetière. Arrivée devant le portail de ce dernier, je reste quelques secondes à regarder le mur qui l'entoure, des souvenirs se voilent, je revois le visage des personnes que j'ai aimé, le sourire de mes parents, la chaleur du corps de Raphaël et le regard espiègle de Rose, un profond soupir vient vider mes poumons, une boule de tristesse m'obstrue la trachée. Encore des morts à qui je dois rendre visite. Ma vie est remplie de tombes, je devrais m'en faire tatouer une dans le dos avec la liste des personnes qui m'ont quittée. Quatre à ce jour. La dernière est Mamie Rose, des roses pour une rose. Je regarde ensuite à droite et à gauche mais ne vois rien qui puisse m'alerter, même si j'ai quand même l'étrange impression d'être espionnée. Une onde de frissons me parcoure la nuque. Je vais devoir rester sur mes gardes. Je descends donc de ma six cent cinquante, la verrouille puis commence à emprunter l'allée. J'ai téléphoné aux pompes funèbres qui se sont occupées de l'enterrement, ils m'ont décrit l'endroit où elle reposait. J'avance dans cette allée gravillonnée, dans le silence de cet endroit, j'entends les graviers se froisser sous mes pas. Je compte les rangées se trouvant sur ma droite. Je prends la cinquième et continue d'avancer, toujours dans ce silence pesant. Je viens de repérer son emplacement, la terre forme encore un monticule. Des fleurs et des couronnes sont posées à côté. Quelques plaques sont également présentes dont la mienne. Sur cette dernière que j'ai commandé sur un site en ligne, j'ai fait inscrire « A ma Rose, repose en paix mon amie, ma mamie », C'est une rose qui est gravée dans une couleur or. Je dépose mon bouquet jaune à côté puis m'agenouille, balayant de ma main quelques grains de terre, seule caresse que j'imagine poser sur sa joue.
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Phoenix
Action(Phoenix) Je suis comme le Phoenix je renais de mes cendres, plus fort, plus déterminé que jamais. Ma vengeance a été mon leitmotiv. Mes mises à mort sont le bûcher, je viens des flammes de l'enfer et compte bien les faire découvrir aux traitres qui...