Chapitre 23 Flavie

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Trois heures du matin, Hôpital de La Rochelle.

Je n'ai pas fermé l'œil depuis qu'il est parti, je résiste et chasse le sommeil. J'ai une boule d'angoisse au fond de la gorge. Je ne cesse de revoir son corps tomber dans la clairière. Je ne cesse de voir le regard de Silas pointant son arme sur moi. Je vis un cauchemar éveillé donc il serait inutile que je me laisse embarquer par la fatigue, je sais que ma nuit serait éprouvante. Je n'ai pu empêcher quelques larmes de couler, j'ai si peur de le perdre c'est irrationnel, j'en deviendrais folle d'attendre ainsi. Les infirmières m'ont proposé un somnifère que j'ai bien entendu refusé. Je me dis que s'il est encore en vie, j'aurais tout le temps de dormir dans ses bras pour récupérer. Par contre s'il ne me revient pas, je pense que mon sommeil sera éternel donc la fatigue n'aura plus lieu d'être.

Je vois la porte s'entrebâiller, je pense qu'un soignant vient encore me demander si je veux un cachet pour me détendre. Mais non, je le vois, lui. Il se stoppe à l'entrée de ma porte et nos regards s'accrochent. Je sens des petites vagues humides me brouiller la vue, je sens cette montée d'émotion me prendre à la gorge, il s'en aperçoit et d'un pas rapide, est près de moi, m'emprisonnant au creux de ses bras. Je craque, moi si forte, moi si fier de ne pas montrer mes émotions en général mais moi si faible devant l'homme qui me serre contre sa poitrine. J'éclate en sanglots, la bouche ouverte pour reprendre de l'air, c'est profond, douloureux. Mon dieu, j'ai cru le perdre, j'ai vraiment cru pendant quelques heures que nous nous étions dit adieu. Ce baiser que nous avons échangé, était si profond comme désespéré. N'ai-je pas affabulé ? N'ai-je pas imaginé le pire alors qu'il ne me donnait que du courage dans cet échange ? Mon corps est parcouru de secousses, je pleure en silence mais tellement fort en même temps. Je sens sa main me frotter le dos, je sens ses baisers se poser sur mon cuir chevelu, tout proche de mon front. Lorsque les sanglots commencent à se tarir, il me décolle de lui, prend ma tête entre ses deux mains et vient déposer un doux baiser sur mes lèvres.

— Bon dieu Flavie ! Je suis tellement désolé de te faire autant de mal !

— Non... reniflé-je, te voir ici me fait extrêmement du bien.

— Pourquoi es-tu dans un tel état ?

— J'ai cru que je ne te reverrai plus, j'ai cru que Silas allait te tuer ?

— Je suis immortel ne le sais-tu pas encore ?

Cela me déclenche un petit rire au milieu du reste de mes larmes.

— Que tu es bête.

— Je suis très sérieux, n'oublie pas que je suis le Phoenix, je renaitrais toujours de mes cendres.

— Si seulement, lui fais je, mais... attends... tu n'as plus ton masque ?

— Cette nuit, une page s'est tournée, j'ai décidé que je devais maintenant vivre à visage découvert.

— Mais tes ennemis, les clubs adverses, tous ceux qui n'attendaient que de voir ton visage pour mieux te tuer ? Qu'en fais-tu ?

— Hé ! Je n'ai pas autant d'ennemis que tu sembles le croire, tu sais. Mon business n'est pas basé que sur des règlements de compte. En général c'est même d'un ennui mortel.

— C'est une blague, c'est ça ? Ennui mortel, t'as rien trouvé d'autre ?

— A vrai dire pas vraiment, l'ennui peut-être vraiment mortel, il y en a qui se suicide !

— Et si on parlait d'autres choses que de morts ?

— On ne va pas parler, on va dormir car tu as des yeux en trou de pine.

— En trou de quoi ? fais je.

— En trou de pine, tu ne connais pas cette expression ?

— Euh... pas vraiment.

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