Chapitre 13 - Chûya

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Cela fait presque une semaine que je suis réveillé. J'ai du mal à parler et à bouger. La douleur intense mais diffuse, donc je ne sais pas d'où elle vient exactement.
On m'a donné la liste de mes blessures, mais je l'ai à peine écoutée. Je m'en moque tant que je peux guérir. La seule chose qui me gêne, c'est que je n'ai pas encore retrouvé mon pouvoir. Je ressens comme un vide, une douleur qui augmente à chaque seconde.

À part le personnel médical, je n'ai reçu aucune visite ni aucun appel. Ni de mes collègues, ni de personne d'autre. Je n'ai pas de famille. Pas d'amis non plus. Je m'entends bien avec la plupart de mes collègues, mais le rapport hiérarchique rend les relations plus difficiles. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que Dazai viendrait peut-être. Je ne sais pas ce que j'espérais. Il n'avait aucune raison de faire ça pour moi.

Interrompant mes pensées, plusieurs médecins entrent dans la pièce pour leur inspection journalière. L'un d'entre eux me demande :

- Vous pouvez essayer de vous relever? Allez-y doucement.

Je me redresse lentement en grimaçant de douleur. Les médecins me surveillent et m'indiquent ce que je vais devoir faire à ma sortie de l'hôpital. J'écoute les recommendations que l'on me donne, mais je finis par les interrompre, perplexe :

- Je vais partir tout de suite ?

Je les vois hésiter, avant de répondre:

- Normalement, on vous aurait gardé ici jusqu'à votre rétablissement complet, mais nos supérieurs nous ont demandé de faire une exception. L'Agence des détectives armés va vous prendre en charge.

- Pardon?

L'Agence ? Je me demande si j'ai bien compris. Peut-être que je suis en train de rêver.

Des pas résonnent dans le couloir. Je ferme les yeux, espérant de tout coeur que mon instinct me trompe. Malheureusement, la voix qui salue et se présente me confirme ce que je pensais.

- C'est une blague ? je tente, espérant qu'on me réponde que oui.

- Non, répond Dazai, à mon grand désespoir. Je dois m'occuper de toi jusqu'à ce que tu sois complètement rétabli. Souhaite-moi bonne chance.

- Je peux donner mon avis ?

- Non.

- T'es vraiment un enfoiré.

- Je sais. Allez, lève-toi.

Une infirmière m'aide à m'habiller à l'écart et me rend toutes mes affaires.
J'ai des vertiges et je ne tiens pas debout. Les médecins me soutiennent et m'aident à faire quelques pas. Ils me guident ainsi jusqu'à la sortie. Dazai m'installe dans la voiture de Kunikida, un détective de L'Agence.
En chemin, j'appelle M.Mori, qui confirme ce que m'a dit Dazai et m'explique la situation. D'après lui, Yosano passera me voir régulièrement, et j'aurai interdiction de sortir seul. Je ne pourrai pas travailler pendant un mois supplémentaire, au minimum. Je n'ai même pas la force de protester, et je me doute que Dazai a déjà fait de son mieux pour éviter cette situation.

Je ne sais pas ce que je dois en penser. Tout me paraît irréaliste. Ces dernières années, j'ai tout fait pour oublier Dazai, mais je me retrouve encore à devoir passer du temps avec lui.

Il est l'un de mes rares points faibles. Il me suffit d'entendre son nom pour perdre tout contrôle sur ce que je fais. Fukuzawa et M.Mori ont pris un risque énorme. Ne pas nous entretuer pendant aussi longtemps est quasiment impossible.

Kunikida nous laisse devant l'appartement de Dazai. Il est exactement comme tous les autres alentour, invisible parmi les bâtiments de la ville. Je suis rassuré de voir qu'il n'y a pas d'étage : ça veut dire que je n'aurai pas à monter ni à descendre, heureusement pour mes jambes qui peuvent à peine me porter.

Dazai m'emmène à l'intérieur. Étonnamment, tout y est sobre et relativement propre. Je suppose que les femmes préfèrent ce genre de rangement...

- Tu vas rester dans la chambre d'amis, explique-t-il en soupirant.

Je m'allonge dans la chambre en question. Le simple trajet m'a épuisé. Je m'endors rapidement, surpris de la confiance que j'accorde à mon ennemi de toujours.

{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant