Chapitre 23 - Dazai

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Je voulais absolument assister à l'enterrement de Selma. Il s'est tenu dans une atmosphère feutrée et douloureuse. Les membres de l'Agence ainsi que tous ses collègues se sont déplacés.

J'ai tenu à prendre la parole pour l'Agence. J'ai expliqué les circonstances de notre rencontre, et j'ai tenté de décrire tout le respect que j'avais pour elle.

Je ne peux pas dire que la mort de Selma m'ait vraiment touché. Seulement, je suis désolé que sa mort ait été aussi inutile.

Les parents de Selma étaient dévastés. Je leur ai rappelé qu'elle n'était pas leur seul enfant et qu'ils se devaient de se reprendre. Ils ont pleuré de plus belle, mais m'ont remercié pour ma sincérité.

Je suis ensuite passé voir mes collègues de l'Agence, lesquels m'ont rapidement renvoyé chez moi avec pour ordre de m'occuper de Chûya.

Je suis parti en ajoutant une rose blanche sur la tombe, au milieu des plaques de remerciements, des bouquets de fleurs et des bouteilles de limonade.

~

En arrivant chez moi, j'ai vu Kôyô, de loin, quitter la maison, alors je suis reparti dans l'autre sens.

~

A Yokohama, toutes les rues se ressemblent mais elles ont chacune leur particularité.
Je voudrais mourir dans cette ville, mais en attendant je donne ma vie pour elle. Pour y préserver la paix et pour qu'elle reste elle-même jusqu'au bout.
Tout en marchant, j'ai laissé mes pensées aller et venir comme elles le voulaient. Évidemment, elles m'ont ramené à Chûya.

Le premier problème ? Je l'ai embrassé.
Le deuxième ? Il ne m'a pas repoussé. Il aurait pu hurler, m'insulter et me frapper comme il le fait si bien d'habitude.
Je sais depuis longtemps qu'il est incapable de me tuer, mais j'ai découvert qu'en plus de cela il m'aimait.

Un peu plus tard, je me suis arrêté sur un banc quelconque pour observer les passants. J'en ai profité pour dresser une liste mentale de tout ce que je sais à propos de Chûya. Son passé, ses goûts, ses réactions, sa manière de sa battre. La raison pour laquelle il porte toujours des gants et un chapeau. L'air arrogant et menaçant qu'il affiche avant une bataille ou une exécution. La lueur de rage dans ses yeux à chaque fois qu'il devait travailler avec moi. Ses manies les plus subtiles.
Depuis quelques jours, je connais aussi ses cicatrices. Les marques sur ses mains dues à son travail. Je connais les moindres intonations dans sa voix et les variations d'expressions sur son visage.
Tout ce que je peux en déduire, c'est que j'y pense beaucoup trop. Je suis incapable de me concentrer sur autre chose, et c'est insupportable. Je regrette d'avoir conçu ce plan. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais pu continuer à vivre normalement. À pleurer sans verser de larmes et à souffrir seul au milieu du sang que j'ai versé.

~

J'ai fini par rentrer chez moi. À présent, je serre Chûya dans mes bras comme si je n'avais pas passé toutes ces années à affirmer que je le détestais. Je meurs d'envie de l'embrasser, mais je me retiens de peur qu'il le prenne mal. Je ne suis pas quelqu'un de prudent, mais je ne veux pas perdre cette chance qu'il m'offre.

Le soleil est encore haut dans le ciel, toutefois je fais réchauffer des plats et nous installe à table. Chûya parvient enfin à se tenir assis correctement, en plus de manger seul.

Vitalie demande énormément d'attention, mais je vois bien que Chûya l'adore. C'est plutôt agréable de le voir sourire. C'est une expression naturelle et sincère. Je crois que c'est pour cette raison que j'aime autant les femmes. Je connaissais l'hypocrisie et la violence, elles m'ont appris tout le reste.
Les femmes ne sont pas des créatures fragiles à protéger. Elle ont développé des forces incroyables pour lutter contre une société qui voulait leur faire croire qu'elles étaient inférieures.
La première fois que j'ai couché avec une fille, elle m'a arrêté rapidement et m'a demandé si je me croyais dans un film. Je ne comprenais pas, alors elle m'a expliqué en criant qu'elle n'était pas un objet, que je ne pouvais pas faire d'elle ce que voulais. Ses paroles sont restées gravées dans ma tête :

- C'est pas parce que tu travailles dans la Mafia que tu peux prendre n'importe quelle fille pour une pute ! Tu es violent, tu me griffes comme si j'étais un morceau de viande ! Vous êtes tous des connards !

Après ça, elle est partie et je ne l'ai jamais revue. J'ai décidé d'aller voir une prostituée, justement, pour qu'elle m'explique clairement ce qui n'allait pas chez moi. Elle a passé la nuit à me montrer des gestes et à me reprendre lorsque je n'y arrivais pas. Depuis, je m'en sors mieux et je suis même devenu assez doué.

J'évitais tout ce qui aurait pu me rapprocher de Chûya, et maintenant je ne sais plus quoi faire. La seule personne qui ait jamais compris mes sentiments dans leur entièreté était Odasaku.

Peut-être que je devrais offrir cela à Chûya, lui permettre d'avoir accès à ce que je ressens.

~~

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, si vous voyez des erreurs, des fautes ou autre !
Prenez soin de vous et mangez des graines de tournesol (c'est délicieux, si vous n'êtes pas allergique en tout cas) !

{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant