Chapitre 18 - Dazai

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Lorsque je parviens enfin à rentrer chez moi, je comprends aussitôt que quelque chose ne va pas. Mes pressentiments sont toujours justes.

J'ouvre violemment la porte de la chambre de Chûya et allume la lumière.
Le visage trempé de sueur et de larmes, il est assis sur le lit, tremblant de tout son corps. Je me dirige lentement vers lui et m'assieds à ses côtés.

- Un cauchemar ?

Il hoche la tête, tétanisé. Après toutes les horreurs qu'on a vécues, beaucoup de criminels comme nous sont hantés toutes les nuits. Chuya vient d'être torturé pour la deuxième fois de sa vie, donc je m'attendais à ce qu'il dorme mal. En revanche, je ne vois pas ce que je pourrais faire pour l'aider. Moi, j'ai pris l'habitude de dormir le moins possible la nuit, mais je doute que cette solution lui convienne. La seule chose qui me vient à l'esprit est de rester avec lui.
J'hésite avant de tendre une main vers lui. Sans me laisser le temps de réagir, il se blottit contre moi et fond à nouveau en pleurs.
Son contact me fait frissonner. Je le serre contre moi et attends qu'il se calme.
Quand ses tremblements se font moins violents, je l'aide à s'allonger et m'installe près de lui.

- Reste avec moi... murmure-t-il doucement. Reste avec moi cette nuit.

Je prends sa main dans la mienne :

- Je suis là.

Chûya se bouge plus, comme s'il avait trouvé sa place. Peu à peu, sa respiration se calme, et il finit par relever la tête:

- Ça ne te dérange pas... de rester avec quelqu'un comme moi ?

- Je n'ai rien contre les roux.

- C'est pas ce que je voulais dire, abruti.

- Je n'ai rien contre les nains non plus.

Il lève le poing en signe de protestation et martèle:

- Je suis pas petit!

C'est tellement facile de le charrier là-dessus. Les remarques sur sa petite taille le blessent plus qu'il ne voudra jamais l'admettre. Il en a fait un complexe terrible.

- Je veux dire, reprend-t-il en soupirant, biologiquement parlant...

Biologiquement parlant, il n'est pas humain. Lorsqu'il l'a appris, il avait quinze ans, et depuis cette information est devenue partie intégrante de son identité.

- Franchement, je n'en ai rien à faire. On n'est pas défini par notre naissance. Tu es beaucoup plus qu'un simple réceptacle pour ton pouvoir. Tu as une personnalité exaspérante, des sentiments, et tu peux même te détacher de ton pouvoir. Par certains côtés, tu es plus humain que moi qui n'ai aucun état d'âme.

Je parle rarement avec autant de sincérité. M'ouvrir à lui de cette manière me rend plus fragile. Comme si je dévoilais mes faiblesses à l'ennemi. En y réfléchissant, je me rends compte que je serais capable de parler encore. De moi, de ce que j'ai vécu. C'est la première fois de ma vie que je me sens libre de dire ce que je pense.
Il ferme les yeux et sourit :

- Merci, Dazai.

Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je voudrais rester ici pour toujours. Je sens le souffle de Chûya ralentir, sa main dans la mienne se détendre. Je comptais repartir un fois qu'il serait endormi, mais maintenant je ne peux plus m'y résoudre. Je me lève sans bruit pour éteindre la lumière, puis je me glisse de nouveau à ses côtés. C'est comme si sa présence avait le don de me calmer. Je sens mes paupières s'alourdir, et pour la première fois depuis longtemps, le sommeil m'emporte sans difficulté.

~~

Hey !
C'est mignon, hein ? Dites-moi que je suis pas la seule à trouver ça trop mignon x)

{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant