Je reste un long moment allongé sans bouger, à fixer le plafond. Me défouler m'a vraiment fait du bien, mais je me demande comment vont évoluer les choses. À priori, on ne peut pas se battre à chaque fois que l'on est en désaccord. C'est ce qu'il se passe dans la Mafia, mais Dazai n'en fait plus partie. Je crois qu'il a vraiment changé, mais certains de ses côtés reviennent de temps en temps. Comme tout à l'heure, lorsqu'il m'a poussé à bout en parfaite connaissance de cause.
Je finis par me relever, sous le regard vigilant de Yosano. Les dégâts causés par notre dispute ont été nettoyés.
- Je suis vraiment désolé.
Yosano balaie mes excuses d'un revers de main.
- Ça n'a pas d'importance. Tu peux rentrer chez Dazai, je m'occupe de lui.
- Pourquoi ? je demande, surpris qu'elle veuille encore le garder.
- Voyons voir... En plus de multiples contusions, il a l'épaule droite déboîtée, deux côtés enfoncées, l'arcade sourcilière fendue... Je continue ?
- Non, merci. Mais je vais l'attendre.
Yosano m'adresse un grand sourire :
- D'accord !
Je me détourne durant les quelques minutes qu'il lui faut pour utiliser son pouvoir, tout en faisant tant bien que mal abstraction des hurlements de douleur de Dazai.
Le retour se fait dans un silence absolu et pesant. Dazai marche devant, sans même vérifier si je suis bien derrière lui.
Mon pouvoir est en partie revenu. D'après Yosano, je devrais être capable de l'utiliser correctement d'ici quelques jours.
En arrivant chez lui, Dazai commence par s'asseoir sur le sol, toujours sans un mot. Je n'ai pas mangé depuis la veille, mais je vois bien que ce n'est pas le moment pour ça.
Je m'installe face à lui, en tailleur, et attends qu'il dise quelque chose. Comme il ne semble pas décidé à le faire, je finis par marmonner :- Dans deux semaines, je viens habiter chez toi. Le trajet sera un peu plus long, mais je peux le faire facilement.
Ne recevant aucune réponse, je continue :
- On n'a pas besoin d'officialiser notre relation. Je veux juste être avec toi, alors répond-moi, putain !
Il lève la tête vers moi. Ses blessures ont bien sûr disparu. À l'extérieur, du moins.
- Je veux bien vivre pour toi.
- Quoi ?
Il ne se répète pas. Je suis sûr d'avoir bien entendu, et je ne sais plus ce que je suis censé faire face à ça.
- Dazai...
Je suis incapable de dire comment est-ce que je me suis retrouvé allongé par terre, ni lequel de nous deux a embrassé l'autre en premier. Par contre, je sais que notre histoire vient de marquer un tournant. C'est comme un nouveau départ, comme si je n'avais vécu que pour ça. Comme si toutes ces nuits passées sans lui n'avaient plus d'importance. Après tout, je n'ai que vingt-trois ans. J'ai tout le temps du monde.
Je ne peux pas m'empêcher d'en rire. Dazai pose sa tête sur mon ventre et demande :
- Qu'est-ce que t'as ? Tu trouves ça drôle ?
- Ouais. Mais bouge-toi, un peu, parce que je commence presque à avoir froid.
- Je vais arranger ça, alors, réplique-t-il d'un air narquois.
Je retrouve peu à peu l'odeur familière de sa peau. Je veux rester avec lui.
Avant, je détestais les histoires à l'eau de rose. Je n'étais jamais tombé amoureux et ça ne m'intéressait pas. Les nuits passées avec des inconnus me suffisaient. À présent, je me sens presque ridicule. Mes sentiments me contrôlent avec une facilité déconcertante, et le pire, c'est que Dazai en est parfaitement conscient.
~
Un peu plus tard, Dazai m'aide à me relever à m'habiller. Je nous prépare un repas assez consistant pour remplir nos estomacs vides, tandis que Dazai se met à la recherche de Vitty. Elle ne s'est pas encore montrée, et même si Atsushi nous a affirmé qu'il était passé la voir, ça m'inquiète presque un peu.
Je pose deux assiettes fumantes sur la table.
- Dazai ! Tu viens ?
Sa voix me parvient de loin :
- J'arrive.
Il revient en portant mon chaton dans ses bras. Je cours vers lui et attrape délicatement Vitty. Elle a bien grandi et a quasiment triplé en taille, mais on voit vite qu'elle est encore jeune. Je caresse doucement sa tête et demande :
- Comment tu l'as trouvée ?
- Elle était dans la salle de bains, répond Dazai tout en s'installant à table. Elle ne voulait pas se laisser attraper, alors j'ai dû ruser un peu.
J'éclate de rire et m'assieds à mon tour, laissant Vitty se rouler en boule sur mes genoux.
J'hésite une seconde avant de demander doucement :
- Dazai... Comment tu te sens ?
Il entoure mon visage de ses mains et déclare en me fixant :
- Je vais bien.
Je le laisse m'embrasser, tout en songeant que, finalement, je peux peut-être l'aider à s'en sortir.
Tout le long du repas, Dazai me fait manger avec ses propres couverts. Je m'y essaie à mon tour, et étonnamment je ne m'en sors pas si mal.
Le soleil est enfin revenu. La température ambiante est parfaite, une odeur de curry flotte dans l'air et mon corps garde précieusement le souvenir des mains de Dazai. Je ne me suis jamais senti aussi bien.
Je ne sais pas si on peut appeler ça le bonheur, mais pour moi c'est ce qui s'en rapproche le plus.
~~
Hey ! Voilà, c'est beau, c'est mignon, en bref j'aime bien ce chapitre ^^, le relire me met de bonne humeur. J'espère que ça vous aura fait plaisir aussi !
La surprise du jour, c'est le changement de couverture, vous l'avez peut-être remarqué. Un immense merci à Edinsky qui a passé quelques soirées à la faire, et je trouve que le résultat est juste magnifique ! J'ai remis le dessin en média de ce chapitre (~‾‾▽‾‾)~
Le compte Instagram d'Edinsky est en lien dans la description de l'histoire !
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui !
VOUS LISEZ
{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autre
FanficUn soir, après le travail, Chûya croise Dazai dans un bar. Il a à peine le temps de le reconnaître qu'il ressent une piqûre dans le bras, et son pouvoir, bloqué par celui de Dazai, lui est inutile. Il s'évanouit sans rien pouvoir faire. De son côté...