Chapitre 7 - Dazai

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Je n'ai pas dormi de la nuit, comme d'habitude. Je me lève vers cinq heures et, ne sachant pas comment occuper mon temps, je décide de rendre visite à Odasaku.

Il y a plusieurs cimetières à Yokohama, mais celui-ci est de loin mon préféré. Situé un peu en retrait, près de la mer, il dégage une tristesse dans laquelle je me reconnais.

La tombe de mon ami, éclairée par un rayon de lune, est placée dans un coin de verdure, sous un cerisier, à l'écart des autres. En été, quelques fleurs du cerisier se posent sur la pierre, mêlant rose doux et gris solennel. Vie et mort. On est encore au début du mois d'avril, alors aucune fleur ne vient encore égayer cet endroit. Le cerisier a perdu toutes ses feuilles et l'herbe a viré au jaunâtre.

Je m'installe dos à la pierre qui porte son nom. S.Oda. J'ai regardé tellement de fois les deux dates inscrites à la suite que je n'ose plus y jeter un regard. Comme si je pouvais oublier le jour de sa mort, comme si me rendre aveugle suffisait.

Je pose ma tête contre sa tombe et regarde les branches au-dessus de moi se balancer doucement au rythme du vent. Je ferme les yeux. Dans quelques heures, au lever du soleil, je me rendrai à l'Agence. Je mettrai joyeusement ma vie en danger pour une cause qui ne me concerne même pas. Pour laquelle je ne devrais pas me sentir concerné. Malgré tout, je peux presque sentir la douleur de Chûya.
Et si je découvrais qu'il était... Non. Je dois lui faire encore confiance. Je ne dois pas soucier de lui.

Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'imaginer sa tombe à côté de celle d'Odasaku.

Je voudrais qu'il y ait la mienne aussi.

Je ne me suis jamais senti aussi seul.

{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant