Chûya finit par m'interdire d'aller plus loin. Il tremble de froid et semble désorienté.
- Tu as vu un fantôme ? je demande, faussement inquiet.
Il détourne le regard sans répondre, et me pousse sur le côté pour le laisser se relever. Je l'aide à se rhabiller, puis je le guide vers la sortie du cimetière, non sans jeter un dernier regard à la tombe de Selma.
Chûya insiste pour s'arrêter dans un bar. Il affirme que que son pouvoir ne reviendra jamais sans un peu d'aide. Je crois surtout qu'il n'en peut plus d'être interdit d'alcool, et comme sa guérison complète approche, je le laisse faire et en profite pour boire un ou deux verres.
~
Un peu plus tard, on rentre à pied en tenant à peine debout. Chûya raconte les pires anecdotes qui lui viennent à l'esprit, puis me demande brusquement si je suis célibataire. À ma réponse négative, il se met à pleurer et s'accroche à moi pour ne pas tomber.
Heureusement, je ne suis pas suffisamment soûl pour être totalement inconscient. Simplement, mes jambes ont dû mal à me porter, et je parviens à rire aux blagues de Chûya.Depuis la veille au soir, cette impression d'être pleinement vivant ne m'a pas quitté. Pour le moment, je connais la suite des évènements et je commence à penser qu'être avec Chûya n'était peut-être pas une si mauvaise idée. J'aurais voulu couper tout lien avec la Mafia, mais jamais Chûya n'envisagerait de rejoindre l'Agence. Sa loyauté est à toute épreuve. Je me rends compte que je me sens presque fier de lui, de tout ce qu'il a accompli. Il est resté pleinement lui-même, malgré les meurtres, la violence, la corruption, il ne s'est jamais laissé ébranler.
Moi non plus. J'ai effacé tous mes sentiments. J'ai vécu parce qu'on me le demandait et parce que je ne parvenais pas à mettre fin à mes jours. À la mort d'Odasaku, j'ai respecté ses dernières volontés en trahissant la Mafia et en venant en aide aux autres. Je ne dirais pas que cela m'a rendu heureux, mais peut-être un peu moins malheureux.
J'ai souvent eu l'impression que le fait de prendre des vies m'interdisait d'être humain.
Et pourtant...
Pourtant, en portant Chûya jusqu'à son lit et en m'installant près de lui, je ne vois pas ce que je fais de mal. Pourquoi n'aurais-je pas le droit à ça ? Parce que toutes ces personnes en ont été privées par ma faute ? Qu'est-ce que ça peut bien faire ?Je veux juste rester à ses côtés.
Peut m'importe si c'est injuste pour les autres.
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{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autre
FanficUn soir, après le travail, Chûya croise Dazai dans un bar. Il a à peine le temps de le reconnaître qu'il ressent une piqûre dans le bras, et son pouvoir, bloqué par celui de Dazai, lui est inutile. Il s'évanouit sans rien pouvoir faire. De son côté...