J'ai passé la nuit et toute la journée du lendemain à me demander ce qui m'avait pris. Je crois que je voulais voir sa réaction.
Chûya a un peu râlé les premiers jours, mais la fin de la semaine approche et on dort toujours l'un contre l'autre.
Je me suis quand même demandé si je n'avais essayé de nous laisser une chance. D'arrêter de repousser nos sentiments, de faire comme s'ils n'existaient pas.
Je n'ai toujours pas trouvé de réponse. Je me sens comme dans un rêve dont la fin serait proche.
En attendant, les jours passent et aucun d'entre nous n'a encore essayé de tuer l'autre. Aussi étonnant que cela puisse paraître, j'ai l'impression que notre relation s'arrange peu à peu. À coups subtils d'évènements insignifiants. Un geste, une parole, peu importe puisqu'un rien nous fait évoluer. On trouve peu à peu des solutions pour apprendre à nous connaître, au-delà de nos faiblesses et de notre façon de nous battre.Chaque instant que je passe avec lui est comme suspendu. J'ai l'impression qu'on marche tous les deux sur un fil en hauteur, comme des funambules qui risqueraient de tomber dans le vide.
L'anniversaire de Chûya tombe un samedi. C'est aujourd'hui. Je ne lui ai jamais rien offert. Malgré moi, l'angoisse me tord le ventre et je dois faire encore plus d'efforts que d'habitude pour ne rien laisser paraître. Je me lève aux aurores et me dirige vers l'appartement d'Atsushi.
C'est Kiôka qui m'ouvre la porte. Elle me salue en s'inclinant puis me fait signe d'entrer. Je trouve Atsushi, en pyjama, en train de nourrir le chaton que je lui ai confié il y a quelques jours. Je suppose que quelqu'un capable de se transformer en tigre a forcément un don avec les chats. Ou alors c'est juste parce qu'il adore tout ce qui est mignon.
Je rentre chez moi avec le chaton dans dans ma veste. Je n'ai pas eu envie de lui acheter une cage de transport.En chemin, je croise un chat calicot que je connais bien. Je le salue avec respect et il hoche la tête en retour.
Une fois arrivé à destination, j'entre directement dans la chambre de Chûya, le réveillant par la même occasion.
- Salut, marmonne-t-il en se relevant avec précaution pour ménager ses côtes.
Je lui tends le chaton :
- Joyeux anniversaire.
Il me regarde avec des yeux étonnés avant d'attraper la boule de poils.
- C'est pour moi ?
- Non, pour le dernier empereur chinois.
Chûya examine le chaton avec curiosité.
- Tu l'as trouvé dans un refuge ?
- Oui. Il est orphelin.
- Et roux, évidemment. J'ai déjà eu des commentaires sur la couleur de mes cheveux, mais je crois que tu viens de battre un record.
Le chaton s'installe sur ses genoux en ronronnant. Chûya me remercie en riant.
- Je peux savoir pourquoi tu as choisi un chat ?
J'ai déjà réfléchi à ma réponse.
- Je t'aurais bien offert un chien mais je ne les supporte pas, et un chat est plus autonome. Et puis, ça ne me gêne pas si il reste ici le temps que tu sois rétabli. Celui-ci est jeune mais pas nouveau-né non plus, donc il ne demandera pas trop de soins.
Il hoche la tête et reporte son attention sur le chaton, qui pousse sa main avec les pattes pour réclamer son attention.
- Il a un nom ? demande-t-il soudain.
- C'est à toi d'en choisir un pour elle.
- Vitalie.
- D'où est-ce ça vient ?
- Je ne sais plus. De la biographie d'un auteur, je crois. Ce nom m'a marqué et je l'aimais bien.
On passe le reste de la journée à nous occuper de Vitalie. Yosano se joint à nous pour le repas, que j'ai préféré commander pour ne pas prendre de risque.
Deux d'entre nous ayant droit à l'alcool, on ouvre des bouteilles que j'avais entassées dans un coin, tout en les gardant hors de portée de Chûya.
Le soir, Chûya attend que je vienne me coucher. Une fois face à face, il murmure :- Merci, Dazai. Je crois que je n'avais jamais eu un anniversaire comme celui-là.
Je ne le dis pas, mais ses paroles réchauffent un peu le froid en moi. Comme un rayon de soleil au milieu des nuages.
~~
Hey !
Pour info, Vitalie Rimbaud (1825 - 1907) était la mère du poète Arthur Rimbaud.
Je tenais à placer un chat dans mon histoire, j'adore les chats, ils sont merveilleux, magnifiques, et... Bref.
On arrive au 20e chapitre ! J'espère que je ne m'en sors pas trop mal !
Voilà, prenez soin de vous !
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{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autre
FanfictionUn soir, après le travail, Chûya croise Dazai dans un bar. Il a à peine le temps de le reconnaître qu'il ressent une piqûre dans le bras, et son pouvoir, bloqué par celui de Dazai, lui est inutile. Il s'évanouit sans rien pouvoir faire. De son côté...