Chapitre 16 - Dazai

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Avertissement : suicide

Le lendemain, j'accueille Yosano pour sa première visite. Elle m'explique joyeusement comment m'occuper du blessé.

- Tu feras attention, termine-t-elle, les produits ont sûrement ralenti ses réflexes. Évite le lancer de couteaux pour l'instant.

Je remarque que Chûya se retient de poser une question à sa manière de tortiller une mèche de ses cheveux.

- Il y a un problème ? je questionne malicieusement. Tu voulais te déshabiller en entier ?

Yosano éclate de rire et Chuya lève les yeux au ciel.

- Quand est-ce mon pouvoir reviendra ? finit-il par demander.

- Aucune idée, répond Yosano en haussant les épaules. Ça doit te déranger, en tant qu'ancien Roi des Brebis qui ne comptait que là-dessus. Tu as été un sujet d'étude, aussi, non? J'aurais aimé avoir accès aux résultats. Un pouvoir aussi dangereux, c'est inespéré pour la science!

Comment peut-elle savoir tout ça ? Je change de sujet avant que la discussion ne dégénère. Chûya est comme un feu qui s'attise à chaque mot de travers. Je connais par cœur ses explosions de colère, puisque j'en ai déclenché un nombre impressionnant, mais aujourd'hui je préfère qu'il ne se blesse pas à nouveau pour une raison aussi inutile.

- Tu dois avoir du travail, Yosano. Je vais te raccompagner.

- Pas tout de suite. Je veux essayer quelque chose. Tu n'as pas reçu d'injection de la secte ?

Je devine où elle veut en venir. L'adrénaline coule déjà dans mes veines.

- Suis-moi. Tu as ton matériel ?

Je la guide dans ma propre chambre tandis qu'elle extirpe de son sac sa hache préférée, une arme impressionnante et luisante de propreté - pour le moment.

Je m'allonge sur mon lit et ferme les yeux. Yosano murmure doucement :

- Je fais ça uniquement parce que je n'ai pas eu l'occasion d'utiliser mon pouvoir depuis un moment. Je suis contre les tentatives de suicide.

- Fais-ça vite et sans douleur, s'il te plaît.

Les séances de Yosano sont redoutées par tous les détectives, parce que pour utiliser son pouvoir, elle doit amener son patient à la limite de la mort.
Pour moi, c'est un loisir comme un autre. Sentir la vie me quitter me permet justement de la ressentir.

Pourtant, cette fois-ci, le suicide me ramène à mon passé. Je suis une personne horrible. Je ne mérite pas de vivre. Alors comment est-ce que je peux ressentir ça ? Comme un fourmillement qui monte en moi, qui essaie de me convaincre que quelqu'un m'attend. Je ne le mérite pas. J'ai envie de hurler pour qu'on me laisse tranquille. Je ne veux pas de ça. Je n'y ai pas le droit.
Cela ne change rien au désir qui monte en moi depuis hier.
Pour la première fois de toute ma misérable existence, j'ai envie de vivre, ne serai-ce que pour ressentir ça encore un peu.

{Soukoku} Seul un diamant peut en polir un autreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant