Chapitre 14

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Musique: war of heart- ruelle

— Même être tranquille est impossible avec cet abruti. Me dis-je à moi-même sur un ton exaspéré.

Je regarde la lune se refléter sur le lac. Elle éclaire légèrement la montagne juste en face. La bouteille et mon verre de vin rouge m'accompagnent pendant cette longue nuit où le marchand de sable est introuvable. Si cette pétasse hurle moins comme un oiseau que l'on égorge, cela serait légèrement plus simple. Même admirer paisiblement la vue n'est plus possible dans cette gigantesque maison.

Sérieux, il va me souler encore longtemps ce connard ? A croire que c'est son passe-temps préféré. Il adore me faire souffrir. Il doit réveiller toute la maison avec sa pintade qui crie.

Tiens, c'est calme tout à coup. Plus de bruit, on entend même le chant du hibou. Il aurait enfin fini ? Ou alors il arrête pour mieux parvenir à ces fins diaboliques dans les heures qui suivent.

Pendant ce court instant de silence, je l'apprécie, tombant presque amoureuse de la paix qui se trouve enfin en moi. Le silence m'a toujours été bénéfique. Il permet de réellement se retrouver seule, avec soi-même. Il aide le questionnement en libérant le stresse qui s'impose à nous-mêmes. Le silence lui ne te parle pas, il te laisse son ami qui l'accompagne de partout: la solitude. A eux deux, ils sont la paire de meilleur ami parfaite lorsque l'on vit dans un monde aussi bruyant que le nôtre.

Surtout quand on le partage avec Alexander.

Les escaliers en bois qui mènent à la cuisine depuis l'extérieur craquent lentement, comme si la personne ne voulait pas être repérée. Si je n'étais pas déjà présente dans la cuisine, cette personne aurait réussi. Elle s'approche de plus en plus et a ma plus grande déception, c'est lui. Après tout, il est toujours présent pour gâcher les bons moments. Je me retourne pour lui faire face.

Je crois voir de la fierté dans son regard et son sourire malicieux apparaît sur son visage.

— Oh c'est toi ! Lui dis-je d'un air faussement surprise.

Il a enfin fini avec une de ces nanas qu'il a récupérée en boîte de nuit ? Je l'espère, on l'espère tous. Pourtant un détail m'échappe, n'est-il pas censé finir sa nuit avec elle ? Pourquoi il vient me faire chier ? Il le fait déjà assez comme ça lorsqu'il est loin de moi.

— Oui. Je suis toujours là Vic. Tu dors pas ?

Ça ne se voit pas?

Sa voix froide résonne dans la cuisine. Elle laisse toujours une mauvaise ambiance. Je déteste son sourire à la con qui ne se décroche jamais de ses lèvres. Je déteste le charme qu'il produit chez toutes les femmes qu'il croise.

— Tu en as d'autres des questions stupides comme celle-ci?

Il tente de s'approcher en avançant vers moi. Mon corps se colle un peu plus au meuble de la cuisine.

Recule-toi, tu es trop prêt.

Recule-toi, ne t'approche pas.

S'il te plaît, je ne peux pas.

Je le vois tendre le bras sur le côté et embarquer ma bouteille de vin que je venais d'ouvrir. Confuse et heureuse, je le laisse reculer. Je n'aime pas être aussi près de lui. Je m'en veux encore de lui avoir balancé cette phrase atroce au bal. Le savoir aussi près de moi me fait encore de la peine. Je m'en veux réellement. Je sais aussi que sa colère est bien présente. Il attend juste le meilleur moment pour frapper à son tour.

Il récupère deux verres de vin et se dirige vers la porte. C'est fou même maintenant, sa démarche est imposante, sa confiance en lui prend toute la place dans cette minuscule pièce que l'on partage. Ses pas ralentissent, je ne suis pas sûr que cela soit bon signe.

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant