Chapitre 24

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Musique: Us - James Bay

— Les photographes nous prennent en photo à chaque fois que l'on fait un mouvement. Tu crois qu'un jour on aura un peu de répits ? Lui demandais-je d'un ton épuisé après avoir passé la journée à les éviter, à surveiller mon comportement.

Je m'allonge contre lui dans le lit en posant ma tête sur son épaule. La vue de sa chambre est magnifique. Le lit est placé juste en face de la grande fenêtre. Allongé ou assis, on peut contempler les étoiles se plongeant dans un autre monde. J'ai cette impression de faire une pause, d'être enfin apaisé.

— On en aura jamais, tu en as conscience ?

Nous vivons cela depuis notre naissance. Lorsque l'on vit quelque chose continuellement, on devrait s'habituer. Nous devrions être habitués à toutes ces caméras, ces questions et ces intrusions dans notre vie privée. Pourtant, chaque question, chaque photo me gène, me dérange. Parfois, selon les périodes, je me sens étouffer. Je voudrais tout perdre pour retrouver une paix intérieure.

A force de se faire suivre à chaque coin de rue, on devient sur nos gardes. On vient à jouer un rôle même dans la sphère privée, lorsque les caméras ont disparu. Pendant un long moment, j'ai cette impression de devenir parano, d'être constamment surveillé, même lorsque je suis aux toilettes, seule. J'ai toujours cette peur d'être filmé et qu'une seule erreur vient ruiner ma vie, ma réputation, mon travail. Je vis, je respire, je suis humaine et j'ai le droit à l'erreur. Les personnes autour de nous ne sont pas d'accord avec cette idée. L'erreur que j'ai pu faire à l'âge de 13 ans m'est toujours reprochée à l'âge de 24 ans. L'humain ne retient que le négatif et l'utilise pour mieux te détruire.

Les humains se détruisent entre eux juste par satisfaction.

Si je laisse percevoir des sentiments, des signes de faiblesse alors je ne deviendrais rien d'autre qu'un simple morceau de viande que l'on donne à des lions en cage. Ils n'attendent que ça. Je veux être encore celle qui dirige ma vie, je veux encore vivre sans perdre la tête. Mais pour ça, il faut faire des concessions, laisser tomber certains rêves et désirs comme ressentir de vrais sentiments puissants.

Ces sentiments si prenants qu'il te transporte dans un tourbillon incontrôlable, qui t'aide à sortir la tête de l'eau lorsque tu es sur le point de noyer ta propre mélancolie.

Je ne rêve que de ça, ressentir ses sentiments. Les rêves ne sont pas toujours réalisables même lorsque l'argent n'est pas un problème pour toi.

Un long silence apaisant prend place laissant un peu de repos à mon esprit. La fatigue prend possession de moi. Mon élan est brutalement coupé lorsqu'Alexander prend la parole.

— Tu crois en l'amour ?

L'amour.

Existe-t- il ?

Peut-être.

C'est une très bonne question, assez en tout cas pour faire partir de plus belle mes pensées oppressantes.

- Je ne sais pas trop. C'est un sujet délicat. Je n'ai jamais vu le véritable amour. Je n'ai vu que les dégâts de l'importance de l'image dans notre famille. Je ne sais même pas si le véritable amour existe et si c'est le cas, et qu'il perdure assez dans le temps pour ne pas tout briser ce qu'il l'entoure.

Mes parents n'ont jamais réussi à faire vivre leur amour sur plusieurs années. J'ai toujours entendu leur colère, leurs cris, leur désaccord. Je ne me rappelle pas les avoir réellement vus amoureux. Je ne vois que leurs faux sourires et leurs hypocrisies. Comment savoir ce qu'est l'amour quand le seul schéma que l'on connaît est catastrophique ? L'image qu'ils donnent au paparazzi n'est pas véritable, elle est du maquillage, un habit que l'on porte régulièrement. L'image détruit l'amour. L'image détruit tout, toute forme de vie réelle, toutes formes de sentiments.

Un seul pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant